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ECOLOGIE SANTE

Ecomaternité : de quoi parle-t-on ?

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Publié le 25/09/2023

Initiée en 2015, la démarche de la maternité de l'hôpital privé de Villeneuve-d'Ascq pour devenir une écomaternité tend à aboutir : les équipes auront bientôt rempli tous les critères pour prétendre au label Très Haute Qualité Sanitaire, Sociale et Environnementale. Retour sur un projet d'établissement, porté par toute une équipe. 

nourrisson, maternité, berceau

Le savon et l'eau ont remplacé le liniment, et c'est à l'eau et au savon qu'est dorénavant réalisé le soin de cordon ombilical des nouveau-nés (contre la Biseptime auparavant), le gant de toilette a remplacé les compresses, la marque de couches utilisée contient moins de produits nocifs et des couches lavables sont proposées aux jeunes mamans qui le souhaitent grâce à un partenariat avec une petite entreprise locale : bienvenue à la maternité de l'hôpital privé de Villeneuve-d'Ascq, qui vise le label THQSE pour Très Haute Qualité Sanitaire, Sociale et Environnementale. La toute première démarche entreprise par l'établissement, en 2017, a été de remplacer la «boîte rose» distribuée par les établissements aux femmes enceintes et son lot d'échantillons par des produits locaux et éthiques afin de limiter au maximum les perturbateurs endocriniens «et d'offrir aux parents des produits de qualité», expliquent Sylvie Carette, sage-femme cadre à la maternité de l'hôpital privé de Villeneuve-d'Ascq et Nathalie Pointurier, sage-femme référente MyNea* (un programme d'accompagnement personnalisé des futures mamans proposé par cet hôpital) dans le même établissement. 

Sensibilisation et formations 

Depuis plusieurs années, l'établissement réfléchit aux produits qu'il propose, à ses protocoles mais aussi à tout ce qui pourrait être mis en oeuvre pour répondre à une logique plus durable, dans le cadre d'une démarche globale.  Plusieurs sages-femmes du service ont suivi une formation à la santé environnementale et l'ensemble du personnel est sensibilisé à la question à travers des réunions régulières, des échanges au sujet de l'évolution des pratiques et de réflexions de groupes, y compris avec d'autres établissements engagés dans la même démarche. Sylvie Carette et Nathalie Pointurier sortent tout récemment d'une formation référent RSE/RSO (proposée par Primum Non Nocere) en e-learning. L'un des ateliers du programme MyNea proposé cette fois aux patientes par une sage-femme de l’équipe ayant suivi une formation « femmes enceintes, environnement et santé » s'intéresse aussi chaque mois aux perturbateurs endocriniens (l'air ambiant, les cosmétiques et les modes de cuisson). 

Il s'agit d'une démarche globale. La réflexion va de l'écomaternité à l'état du bâtiment en passant par la consommation d'eau. 

Un potager, des oiseaux et même des poneys 

«Les choses se sont faites progressivement : l'une après l'autre, on a modifié nos pratiques au niveau de nos soins, des protocoles», explique Sylvie Carette. De nombreuses maternités travaillent déjà dans cet esprit d'éco-responsabilité. Dans le cas de l'hôpital privé de Villeneuve-d'Ascq, il s'agit d'une démarche entreprise par l'ensemble de l'établissement. «La réflexion va de l'écomaternité à l'état du bâtiment en passant par la consommation d'eau». Et tout ce qui peut être amélioré y passe. «On vient par exemple de remplacer le gel utilisé pour faire les monitorings des patientes par de l'eau, et on vient de tester l'huile de coco également pour remplacer le gel pour les échographies», détaille Sylvie Carette. Mais la démarche va au-delà : «On a aussi mis en place des fontaines dans les services (l'un des critères pour accéder au label convoité) et chaque salarié dispose de sa propre gourde». Plus original encore, l'établissement dispose à présent d'un potager, il a aussi fait appel à un ornithologue pour placer des nichoirs et encourager les oiseaux à s'installer dans le parc de l'hôpital, les équipes ont installé des ruches et des poneys broutent tranquillement au pied de la maternité. Le tout pour favoriser la biodiversité. 

La prochaine étape ? L'installation de fontaines à eau dans le service de maternité afin de retirer les bouteilles d'eau auprès des patientes. «Elles auront des carafes qu'elles pourront remplir auprès des fontaines du service», se réjouit Sylvie Carette. L'établissement s'est aussi attaqué au bio-nettoyage des chambres : exit les produits chimiques, remplacés par de l'eau et un bandeau microfibre (action mécanique et non plus chimique). 

Médaille d'or ? 

Les deux sages-femmes l'assurent : elles n'ont rencontré aucun frein de la part de la direction qui a, au contraire, tout de suite compris l'intérêt de la démarche. Côté patientes, celle-ci a également été très bien accueillie, appuyée par le programme gouvernemental des 1 000 premiers jours. «Les futures mamans sont une population sensible à cette démarche-là pour leurs enfants», souligne Nathalie Pointurier. L'hôpital est suivi depuis un an par l'agence «Primum non nocere» («d'abord, ne pas nuire»), spécialisée en développement durable et santé, qui l'aide à évoluer vers ce label. «Il nous reste quelques actions à mettre en place pour répondre à tous les critères et on souhaiterait faire notre demande en octobre-novembre prochain. C'est un gros travail», précisent les deux sages-femmes. «Chaque action nous rapporte des points, mais il faut le temps de mettre les choses en place et également de prouver les avancées, et donc, notamment, écrire les protocoles pour les formaliser», détaille Nathalie Pointurier, «car notre but c'est aussi d'obtenir la médaille d'or», sourit-elle. 

* Un programme d'accompagnement personnalisé de la grossesse, proposé par les maternités du groupe Ramsay, avec à la clé des conférences et ateliers gratuits proposés par les membres de l’équipe soignante ou des professionnels d’une activité spécifique (sport, chant prénatal, sophrologie, paternité), ainsi que des e-letters d’informations mensuelles envoyées par la maternité et adaptée au mois de grossesse de chaque maman. 

Construire une écomaternité, c'est :
 

Lutter contre les perturbateurs endocriniens :
·         Zéro cosmétiques mère/bébé
·         Suppression des boites Rose promoteur de cosmétiques générant des déchets
·         Nettoyage sans chimie « bio nettoyage » et stockage raisonné des produits chimiques
·         Amélioration de la qualité de l’air intérieur (QAI) et lutte contre le tabagisme 
 
Promouvoir l’éco-conception des soins 
·         Proposition d’alternatives aux médicaments dans la prise en charge de la douleur : postures, balnéothérapie, hypnose
·         Information du public futurs et jeunes parents à la santé environnementale
·         Promotion de l’allaitement maternel
·         Révision des protocoles pédiatriques : désinfection oculaire et soin du cordon, peau à peau en salle de naissance, lutte contre les écrans avant trois ans, lutte contre les ondes électro-magnétiques
 
·         Avoir une politique d’achats responsables
·         Gérer le tri et la valorisation des déchets : nourettes, couches, déchets alimentaires ; Petits déjeuners servis en salle de convivialité en individuel
·         Etendre les procédures d’hygiène en matière de bio nettoyage à tout l’établissement
·         Cartographier les besoins en pharmacie
Le label THQSE , développé par l'agence Primum Non Nocere, est multisectoriel : cela signifie que chaque secteur d’activité peut y prétendre en répondant à 100 questions qui constituent un référentiel. S’ajoutent ensuite des demandes liées plus précisément à la santé et aux maternités. Lorsque la structure a répondu à toutes les demandes grâce à des actions et à des procédures pour obtenir la labellisation, un audit à blanc est organisé. Avant l’audit final qui est opéré par un organisme indépendant (SOCOTEC). Une évaluation de conformité avec les auditeurs de SOCOTEC Certification France est réalisée afin de passer en revue l'ensemble du référentiel et d'évaluer les différents critères et de donner une note. La validité du label dure trois ans. 
 

 


Source : infirmiers.com