Les soignants soumis à de longs horaires de travail présentent « des demandes psychologiques plus élevées, un épuisement plus fréquent, un nombre plus élevé de cigarettes fumées quotidiennement et une plus grande consommation de café ». C’est la conclusion que le troisième volet de l’étude Amadeus (voir encadré), lancée en printemps 2021, dresse dans son article publié le 3 août dernier dans la revue BMC. Infirmiers et aides-soignants sont particulièrement touchés.
Des risques de burn-out et de dépression plus élevés
« Des heures excessives de travail peuvent provoquer du stress, des troubles du sommeil, augmentant le risque de fatigue chronique et de maladies, dont des infections », rappellent les auteurs de l’étude. Et les risques sont d’autant plus grand que la profession infirmière se caractérise à la fois par des exigences et une charge de travail élevées. « Les infirmiers et les aides-soignants ont souvent des horaires de travail longs et irréguliers, qui peuvent avoir un impact négatif sur leur santé mentale et physique », poursuivent-ils. Ainsi, les soignants qui travaillent en 10 et 12 heures présentent des risques de dépression et de burn-out plus élevés que leurs collègues qui exercent en 7 heures. Les longs horaires de travail sont fréquents au sein des spécialités médicales et en soins intensifs, précisent-ils par ailleurs, les horaires en 7 heures étant plus répandus dans le secteur de la psychiatrie. Ainsi, dans les unités en soins intensifs de deux hôpitaux, plus de la moitié des infirmiers travaillant en 12 heures ont rapporté souffrir d’une fatigue chronique légère ou modérée, cite l’étude en exemple.
Est associée à ces risques une consommation élevée de tabac et de café, qui peut être considérée comme une « stratégie d’adaptation » pour ces professionnels pour supporter leur charge mentale, mais aussi pour « augmenter leur vigilance, leur concentration, et réduire leur stress ». A noter que n’étaient pas pris en compte d’autres facteurs tels que le secteur d’emploi, le type d’établissement, l’âge ou encore les responsabilités familiales.
L'organisation en 12 heures en question
Face à ces constats, les auteurs soulignent notamment l’intérêt de développer des programmes de prévention pour informer sur les risques à long terme qu’entraîne ce type de comportement, « en particulier en ce qui concerne la santé mentale » et qui sont moins connus que ceux liés aux maladies cardiovasculaires et aux cancers. Ils appellent également à promouvoir des pauses donnant de véritables opportunités de repos pour aider les soignants à mieux gérer le stress lié à leur activité professionnelle, sans recourir au tabac et au café. « Plusieurs chercheurs ont suggéré de remettre en question le travail en 12 heures », ajoutent-ils, se référant à une étude de mars 2022 sur la corrélation entre environnement de travail et santé mentale des infirmiers.
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