RISQUES PROFESSIONNELS

Accidents avec exposition au sang : un risque majeur pour les soignants

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Publié le 14/10/2024

Les accidents d’exposition au sang (AES) représentent un risque majeur pour les professionnels de santé. Les infirmiers en sont les premières victimes et les AES sont les accidents du travail les plus fréquents dans les hôpitaux. Dans tous les cas, une prise en charge médicale rapide s’impose.

Les accidents d'exposition au sang

Crédit photo : Pixabay

Un accident d’exposition au sang ou AES se définit comme tout contact avec du sang ou un liquide biologique contenant du sang et comportant soit une effraction cutanée (piqûre ou coupure), soit une projection sur une muqueuse (œil, bouche) ou une peau lésée.
Lors de ce contact, il existe un risque de transmission d’agents pathogènes véhiculés par le sang ou les liquides biologiques tels que bactéries, virus, parasites et champignons. 
Parmi les catégories professionnelles concernées par les AES, c’est le personnel paramédical qui est le plus impacté (59,5 %) et les AES sont les accidents du travail les plus fréquents dans les hôpitaux. En tout état de cause, les premières victimes des AES sont les infirmiers Selon la dernière enquête réalisée par l'Ordre national infirmier, 62 % d’entre eux ont été victimes d’AES au cours de leur carrière et les infirmiers libéraux sont les plus touchés. Ils sont 35% à être victimes de ces accidents au cours de leur exercice contre 27% des infirmiers salariés.

Les professionnels concernés par les AES

Les professionnels concernés par les accidents d'exposition au sang
Source : GERES.Surveillance des accidents exposant au sang (AES) en France. Dec 2023.

Un problème de santé au travail

Les AES représentent un problème de santé au travail, car la contamination potentielle suite à ce type d’accident peut avoir un impact physique et psychologique important sur les soignants concernés). Par ailleurs, les AES sont en partie liés aux conditions de travail et notamment pour le personnel soignant libéral qui se trouve confronté à l’environnement au domicile du patient, qui n’est pas toujours propice à la bonne administration des soins, et à l’emploi d’un matériel, pas toujours suffisamment sécurisé.

Les risques infectieux liés aux AES

Plus de 50 agents pathogènes différents sont directement transmissibles par le sang.
Il s’agit essentiellement du VIH, du VHC et du VHB, mais de nouveaux pathogènes ont été observés, bien que beaucoup plus rarement : notamment Plasmodium falciparum, virus Ebola, virus de la dengue ou encore Chikungunya. 

Facteurs de risque de transmission d’agents infectieux
-Aiguille creuse contenant du sang
-Blessure profonde
-Charge virale élevée du patient source ou patient source en phase terminale de sida
-Prophylaxie par AZT
-Quantité de sang en contact, sang visible sur le matériel
-Absence de protection (porter des gants n’empêche pas de se piquer, mais réduit le risque de séroconversion par un phénomène d’essuyage au moment de la piqûre)

Types d’exposition au sang

Les piqûres sont à l’origine de la majorité des AES (figure 2) et il s’agit, dans 78,5 % des cas, d’accidents percutanés (APC).

Types d'exposition au sang
Source : GERES.Surveillance des accidents exposant au sang (AES) en France. Dec 2023.

Les causes des AES

Les causes impliquées dans la survenue d’AES sont de plusieurs ordres : erreurs humaines, manque de formation et de sensibilisation, équipements de protection individuelle (EPI) insuffisants ou inadaptés. Elles sont donc, pour beaucoup, évitables.

Erreurs humaines :

-    Manipulation d’instruments souillés (posés sur un plateau, une table ; objets traînant ; passage de la main à la main lors d’instrumentation).
-    Manipulation d’une aiguille, en recapuchonnant, désadaptant et/ou en piquant/retirant une aiguille d’un bouchon.
-    Manipulation d’une lame.
-    Manipulation de collecteur à objets piquants tranchants : matériel saillant du collecteur trop plein, collecteur mal fermé, collecteur percé, désolidarisation couvercle-base du collecteur.

Manque de formation et de sensibilisation 

Les AES souffrent aujourd’hui d’un déficit majeur de visibilité publique chez les professionnels de santé, qui n’en perçoivent souvent plus le risque. Il est donc essentiel de communiquer, informer et sensibiliser à tous les niveaux à la question des AES, tant avant (mesures préventives) qu’après leur survenue (conduite à tenir). 

Équipements de protection individuelle insuffisants ou inadaptés

Protéger la santé des soignants, c’est aussi leur donner les moyens de se former et d’utiliser des dispositifs médicaux sécurisés. L’utilisation de matériel de protection et des technologies existantes adéquat réduit, a priori, l’incidence des AES et doit donc être encouragée, tout comme les bonnes pratiques. De même, l’homogénéisation des dispositifs d’élimination des déchets à risque est nécessaire, afin de faciliter le travail des professionnels après leur intervention.

Que faire en cas d’AES ?

Immédiatement après l’exposition : réaliser les premiers soins d’urgence  

- Piqûre, coupure ou contact direct sur une peau lésée :
 Ne pas faire saigner.
 Nettoyer immédiatement la zone cutanée lésée à l’eau et au savon.
 Rincer abondamment.
 Désinfecter pendant au moins 5 minutes avec du Dakin, de la polyvidone iodée ou, à défaut, de l’eau de javel.

- Projection sur une muqueuse : rincer abondamment au sérum physiologique ou à l’eau, pendant au moins 5 minutes.

Dans l’heure : prendre un avis médical  

Pour évaluer le risque infectieux (notamment VIH, VHB et VHC) en fonction du type d’exposition, du statut sérologique de la personne source préalablement identifiée et de l’immunité de la personne exposée.
Pour initier, si besoin, un traitement prophylactique le plus tôt possible (traitement post-
exposition au VIH , immunoglobulines anti-VHB +/- vaccination), au mieux dans les
4 heures.

Dans les 24 heures : contacter le médecin du travail

Pour un salarié : informer son employeur et faire établir un certificat médical initial d'AT.
Pour un titulaire : déclarer l’accident de travail auprès de son assurance professionnelle.
Suivre les recommandations médicales pour le suivi clinique et biologique.
(Source : INRS. Conduite à tenir en cas d’accident avec exposition au sang) 

L'accompagnement psychologique des soignants touchés

Dans le suivi post-AES, il est important d’interroger le soignant sur l’impact psychologique qu’a eu cet accident, notamment sur son degré d’inquiétude, de stress et/ou d’anxiété. Il faut rassurer le soignant dans un premier temps, le revoir régulièrement s’il semble affecté psychologiquement et ne pas hésiter à le diriger vers des consultations spécialisées (psychologue ou psychiatre) pour l’aider à mieux gérer la situation et dans l’objectif d’éviter d’éventuelles séquelles psychologiques.


Source : infirmiers.com