Alors que la loi Rist, qui leur ouvre notamment l’accès direct et la primo-prescription, a été votée en mai 2023, les infirmiers en pratique avancée en sont encore à défendre les évolutions attendues de leur profession portées par ses textes. Des textes législatifs, souligne l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (UNIPA) dans un communiqué, qui « contrairement à ce qui a été avancé font partie intégrante des affaires courantes », même s’ils n’ont toujours pas été promulgués. Et, surtout, qui « ont été construits en concertation avec les représentants des organisations médicales ».
En ligne de mire ici, les déclarations de François Arnault, président du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), dans le dernier bulletin de l’Ordre, qui ne passent pas auprès des IPA. Il y remet notamment en question le contenu des décrets et arrêtés d’application de la loi Rist qui, selon lui, ne respecteraient pas l’esprit de la loi et tenteraient « d’attribuer aux autres professions des compétences non prévues par les textes législatifs ». « Ces décrets ne peuvent figurer dans les affaires courantes d’un gouvernement qui a présenté sa démission au président de la République », clame-t-il. L’argument avancé : le transfert de missions thérapeutiques sans diagnostic médical préalable à des professionnels de santé n’ayant pas reçu de formation spécifique représenterait un risque pour les patients.
Il est crucial de clarifier que les compétences des IPA, notamment en oncologie, néphrologie et santé mentale, ne visent pas à remplacer les diagnostics médicaux
Il faut abandonner des réflexes "corporatistes"
« Il est crucial de clarifier que les compétences des IPA, notamment en oncologie, néphrologie et santé mentale, ne visent pas à remplacer les diagnostics médicaux », répond l’UNIPA. Au contraire, elles doivent permettre d’améliorer la prise en charge de certains patients, dans des situations spécifiques, telles que « la gestion des effets secondaires de la chimiothérapie ». La sécurité des soins et l’accès à des traitements adaptés demeurent au cœur des évolutions de la profession, poursuit-elle, appelant les médecins à cesser « d’attiser les peurs ». Les IPA ont pour mission d’intervenir en complémentarité avec eux, notamment dans un souci de réduire les inégalités d’accès aux soins, et non pas de les remplacer, un discours que rabâchent les organisations d’IPA depuis les premières discussions – et les levées de boucliers de la part des médecins qui ont suivi – sur la loi Rist. « Le Conseil national de l’Ordre des médecins doit abandonner des positions corporatistes d’un autre temps et participer constructivement à l’évolution » du système de santé », en prenant en compte l’évolution des besoins de la population, tranche-t-elle.
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