L’infirmier participe aux soins préparatoires à ces déplacements et souvent aux déplacements eux-mêmes. Afin de permettre au patient d'évoluer en toute sécurité, il convient d’organiser et d’adapter le transport.
En effet, déplacer un patient placé sous système de ventilation mécanique présente un certain nombre de risques (des complications surviennent dans 30% de ces transports). Avant d’envisager un déplacement, l’équipe jauge généralement son rapport bénéfice/risque. L’examen est-il indispensable ? La prise en charge en sera-t-elle modifiée ? Si cette décision incombe à l’équipe médicale, l’équipe paramédicale peut aussi souligner l’état instable d’un patient.
Il existe une série de facteurs prédictifs de risques lors de ce type de transport : nombre d'abords veineux, présence de catécholamines, pressions expiratoires positives (PEP) élevées, hypertensions Intra Crâniennes.
Préparation du matériel
Le matériel nécessaire à la prise en charge du patient doit être à jour des révisions périodiques et testé au préalable. Un grand nombre de complications sont en effet liées au matériel dans le cadre des transports intra-hospitaliers des patients ventilés. Il s'agit donc ici d'un point particulièrement important, même s'il peut sembler rébarbatif pour nombre de soignants. Doring et Coll ont noté la survenue de 23 problèmes de matériel sur 35 transports, alors que Damm et Coll ont relevé 23 problèmes de ventilateur sur 123 transports.
Le matériel nécessaire pour le transport sera :
- Un Ballon Auto-remplisseur à Valve Unidirectionnelle (BAVU) avec ligne d’oxygène. La taille de la ligne d’oxygène doit être égale à la longueur du lit du patient. L’insufflateur doit être pourvu d’un masque, même si le patient est intubé. Il sera placé au niveau de la tête et immédiatement disponible bras tendu ;
- Un obus d’oxygène dont l’autonomie doit être égale au moins à quatre fois la durée du trajet de transfert. L’autonomie se calcule par rapport à un usage à 15L/min. Rappelons que le calcul d’autonomie d’une bouteille d’O² s’effectue de manière suivante : ((Pression X Volume) – 10%) / débit. Ex : avec une bouteille pleine de 5 litres on dispose ainsi d’une heure. Si le trajet vers le site d’examen est estimé à 5 minutes, il faudra prévoir à minima 20 minutes d’0² à 15L. Soit 60b dans une bouteille de 5L. Il faut également s’assurer de la présence d’un apport d’oxygène à la destination du transport
- Un ventilateur portatif vérifié avec autonomie de pleine charge (batterie testée), si le patient est porteur d'un drain thoracique, des valves de Heimlich (valves unidirectionnelles) seront utilisées
- Un moniteur multiparamétrique et matériel afférent (câbles, brassard de PNI, ligne de pression sanglante, sonde de Sp02), un monitorage de l’EtC02 est fortement recommandé pour réaliser ces transferts. Il permet une surveillance continue de l’efficacité de la ventilation, ainsi que de la perfusion pulmonaire
- Des pousses seringues à pleine charge
- La présence d'un Défibrillateur Semi Automatique ou d'un Défibrillateur incorporé au moniteur est à discuter en fonction du contexte (durée, distance).
Avant le transport
- Il faut vérifier et noter l’ensemble des paramètres vitaux avant le début du transfert ainsi que la position de la sonde d'intubation (repère de distance), la pression du ballonnet (entre 25 et 30 CmH20), les paramètres ventilatoires (pressions, volumes, fréquence, PEP, Fi02).
- Le filtre antibactérien doit être changé si nécessaire (saturation, limites d’utilisation) et une aspiration peut être réalisée au besoin. Afin de palier l’espace mort, les raccords et longueurs de tuyaux doivent être minimisés.
- Le passage de l’air doit être vérifié, à l'aide du stéthoscope, dans les quatre champs pulmonaires et noté (voir cours sur le stéthoscope ). La ligne de ventilation doit être visible depuis le respirateur jusqu’à la sonde d’intubation et doit être considérée comme une ligne de vie à surveiller de façon continue.
- L’ensemble des perfusions doit être réduit au strict minimum : la longueur des lignes, mais aussi le nombre de pousse-seringues doit être adapté en fonction de la durée et du type du transport.
- Des régulateurs de débit mécaniques (type Dialaflow®) peuvent remplacer temporairement des pompes utilisées sur certaines voies d’abord.
- L’état de remplissage des seringues doit être suffisant pour ne pas nécessiter de remplacement avant la fin de l’examen.
- Une voie d'urgence peut être préservée (une des lumières de la voie centrale ou une voie veineuse périphérique fermée en pression positive).
- Tous les dispositifs de recueil doivent être vidés et les quantités seront notées sur la feuille de surveillance.
- Attention à ne pas laisser pendre ou dépasser du matériel à l’extérieur du lit. Si le matelas du lit est équipé d’un compresseur, il faudra activer le mode transport avant le débranchement.
- Les alarmes du moniteur multiparamétrique et du ventilateur de transport devront être réglées en fonction de l'état clinique du patient. Si le patient bénéficie d’un mode de ventilation spontanée avec sonde d’intubation, vérifier également l’alarme d’apnée.
Il faut également s'assurer que le patient est attendu à sa destination en appelant le service concerné. Le personnel nécessaire au transport doit être disponible (médecin, brancardier, infirmier, aide soignant…). Généralement il faut au moins deux personnes pour assurer le transport en fonction de l'état du patient et l'un des accompagnants doit connaître le chemin à emprunter. Idéalement, le moniteur multiparamétrique doit être tourné vers le soignant se trouvant à la tête du patient. Si un transfert sur un brancard ou autre est nécessaire, il faut prévoir le matériel de translation pour les manutentions.
Pendant le transport
Les paramètres vitaux sont surveillés toutes les 5 minutes et le tracé électrocardiographique en continu, ce qui permettra de déceler rapidement des troubles du rythmes et des complications hémodynamiques. Dans la mesure du possible le transport du patient intubé/ventilé s’effectue « pieds en premier ». De cette manière, le soignant se trouvant à la tête peut vérifier l’état clinique et paraclinique afin d'intervenir rapidement. Si la ventilation manuelle est utilisée (à l'aide d'un BAVU), il faut respecter attentivement une fréquence minute cohérente car une hyperventilation peut entraîner des alcaloses par baisse de la PaC02. Le soignant positionné à la tête, pousse et celui se trouvant aux pieds ne fait que diriger (il ne tire pas). La hauteur de passage aux seuils de porte (perfusions, bras de lit) doit être connue afin de ne pas se retrouver bloqués.
Les événements les plus fréquents liés au transport.
Ils sont d'ordre ventilatoires et généralement de deux types :
- pressions élevées et dans ce cas, il faut chercher les causes d’une obstruction (coude sur les lignes du respirateur, patient encombré) ou un changement de son état de conscience (réveil). Dans le premier cas, l’aspiration préalable au transport aura été préventive, dans le second la présence de substances adaptées (hypnotiques) permet au médecin de pallier rapidement au problème ;
- pressions basses, situation révélant généralement une fuite sur le circuit patient : raccord désadapté, ballonnet de sonde d’intubation sous gonflé, dysfonctionnement du ventilateur, extubation accidentelle.
Arrivée à destination
Une fois le transport effectué, le patient est accueilli par le service qui réalise l'examen. Il s'agit d'un temps de transmissions inter équipes qui permet la prise de renseignement : confirmation de la durée de l’acte, heure de retour présumé, coordonnées du service.
Conclusion
Quel que soit le contexte, un transport intra-hospitalier d’un patient intubé/ventilé, représente un risque important et nécessite une préparation rigoureuse. De fait, les compétences du personnel soignant et la mise en place d’une conduite à tenir spécifique seront les garants d’une prise en charge sécuritaire.
Bibliographie
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Fiche technique - Pose de perfusion sur les chambres implantables
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