Entre syndicats des infirmiers spécialisés et Fédération des étudiants, l’heure est aux désaccords de fond. Cette fois, le Syndicat national des infirmiers anesthésistes (SNIA) n’est pas le seul à monter au créneau. Le Syndicat national des infirmiers de bloc opératoire (SNIBO) et celui des infirmières puéricultrices (SNPDE) s’érigent conjointement avec lui contre une proposition de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI).
Cette proposition reflète une volonté récurrente et préoccupante de niveler les exigences des enseignements vers le bas, au détriment de la qualité et de l’expertise des spécialisations infirmières
Au départ, il y a ce document qu’elle a établi dans le cadre des réflexions sur la refonte du métier et de la formation, qui présente parmi une cinquantaine d’autres pistes la possibilité de constituer une première année de master commune à l’ensemble des spécialités infirmières. Soit une proposition qui « génèrerait une baisse globale du niveau de compétence professionnelle », taclait déjà le SNIA en novembre 2023. A l'époque, la FNESI avait défendu l'importance pour l'ensemble des acteurs de dialoguer, arguant de l'existence d'enseignements communs à toutes les spécialités infirmières. Depuis, elle n’a pas changé de braquet, sa nouvelle présidente, Ilona Denis, ayant affirmé que cette revendication était toujours d’actualité.
Une proposition qui ne répond pas aux exigences du terrain
« Cette proposition reflète une volonté récurrente et préoccupante de niveler les exigences des enseignements vers le bas, au détriment de la qualité et de l’expertise des spécialisations infirmières », répondent donc les trois syndicats dans un communiqué commun. Critiquant « une maquette simpliste », « déconnectée du terrain », ils rappellent que les formations en masters infirmiers ne sont pas « uniformisables ». Et ce pour une bonne raison : chaque spécialité se doit d’acquérir des compétences pointues dans son domaine spécifique d’intervention. « Une homogénéisation à outrance aurait pour conséquence une dilution des savoir-faire cliniques, compromettant ainsi la qualité des soins et l’expertise des professionnels formés », préviennent-ils. L’universitarisation de la formation infirmière, même dans un contexte de remaniement du référentiel, ne doit pas être la porte ouverte à une simplification des parcours.
Plus largement, les trois syndicats s’interrogent sur la légitimité de la FNESI à se positionner sur les formations en spécialité, qui échappent normalement à son champ de compétences, et l’invitent à se concentrer sur celle du métier socle. « Nous, syndicats des spécialités infirmières, restons fermement attachés à la défense de formations exigeantes, distinctes et adaptées aux besoins des patients et des équipes de soins, et nous veillerons à ce qu’elles demeurent à la hauteur des attentes de nos professions », concluent-ils d’une même voix.
RÉVISER OU APPRENDRE
Les bonnes pratiques d’identitovigilance
FORMATION PROFESSIONNELLE
Santé sexuelle : « Les soignants ont encore du mal à aborder la question»
ENQUÊTE
77% des étudiants en soins infirmiers ont envisagé d’abandonner leurs études
SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
3 concours ouverts pour des formations paramédicales au sein du Service de santé des armées