Gaëlle Biou est infirmière puéricultrice, mais c'est en tant que membre de l'association Pompiers Solidaires* qu'elle s'est rendue à la frontière polonaise pour évaluer les besoins des femmes ukrainiennes réfugiées et de leurs enfants. Sur place, dans un grand centre commercial réaménagé, 5000 personnes se partageaient 5 toilettes et n'avaient pas accès à des douches. Avec son équipe, Gaëlle Biou a donc travaillé à un projet de déploiement d'une structure sanitaire pour permettre aux femmes de se laver, de laver leurs enfants, en sécurité.
C'est à Przemyśl, en Pologne, où arrivent les trains en provenance de Lviv, que s'est rendue Gaëlle Biou. Là, affluent chaque jour des dizaines de milliers de réfugiés fuyant la guerre et les bombardements, surtout des femmes et des enfants. Dans le grand centre commercial de la ville, reconverti en centre d'accueil d'urgence, 5000 personnes se partageaient jusque-là 5 toilettes et n'avaient pas accès à des douches. Des pompiers français, membres de l'association Pompiers Solidaires, ont donc décidé de monter un projet de base sanitaire pour permettre aux réfugiés de se laver. On a chiffré : cette base d'hygiène pour 3 mois, ça représente 60 000 euros. Forcément, on peut comprendre qu'une petite commune n'ait pas la capacité d'assumer un tel dispositif
, explique Gaëlle Biou qui a participé à l'opération. L'association a donc noué des partenariats financiers avec des régions françaises pour compléter les dons des particuliers et mettre en place cette base d'hygiène.
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Grande promiscuité
Les familles qui sont réfugiées ici trouvent un endroit pour se poser, avec une grande promiscuité, les lits de camp sont touche-à-touche
, raconte Gaëlle Biou. Ce sont des femmes qui ont voyagé avec leurs petits et souvent avec la génération au-dessus, elles emmènent leur maman, leur papa, dans une grande précarité. Ça fait trois, quatre jours pour certains qu'ils ne se sont pas lavés (on a vu des familles venir de l'Est de l'Ukraine !), qu'ils n'ont pas pu changer de vêtements
. Monter cette base d'hygiène était donc un besoin urgent.
Les premiers réfugiés à quitter leur pays sont ceux qui ont la garantie d'un point de chute au-delà de la frontière
, explique Gaëlle Biou, habituée aux interventions en zones de catastrophes, puis viennent les gens qui ne savent pas où aller
. Gaëlle Biou et son équipe n'ont pas rencontré de blessés de guerre au moment de leur voyage à la frontière, début mars, mais ils ont constaté des problématiques souvent liées au voyage
, et puis du stress (beaucoup de maux de ventre chez les enfants)
, confie l'infirmière puéricultrice. Depuis, l'objectif de la mission a été rempli puisque la base sanitaire a vu le jour. L'association poursuit sa veille sur place, à la fois pour réadapter les besoins du dimensionnement
mais aussi pour observer d'éventuels autres besoins et répondre au mieux à cette évolution
.
Le nombre de réfugiés s'approche de la barre des 4 millions
Il y a toujours ce sentiment qu'on arrive dans une situation catastrophique et on trouve des gens calmes
, souligne Gaëlle Biou, qui évoque la fatigue du voyage, bien sûr, mais aussi une grande sidération
. La Pologne accueille à elle seule bien plus de la moitié de tous les réfugiés partis d'Ukraine depuis le début de l'invasion russe. Depuis le 24 février, 2 314 623 d'entre eux sont entrés en Pologne, selon le décompte du HCR arrêté au 28 mars.
Depuis le 22 mars, le flux (total) de réfugiés s'est nettement ralenti, aux alentours de 40 000 passages quotidiens, mais le nombre de personnes qui ont fui l'Ukraine se rapproche de la barre symbolique des 4 millions qui, au rythme actuel, pourrait être franchie dans les tout prochains jours, selon le décompte de l'ONU publié mardi.
* en partenariat avec l'ONG Action Santé Femmes.
Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin
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