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PRISE EN CHARGE DES FEMMES VICTIMES

Viols et femmes battues : la prise en charge du psychotrauma est insuffisante

Publié le 07/07/2023

Le Haut Conseil à l'Egalité appelle, dans un rapport, à développer sur tout le territoire les centres régionaux de psychotrauma et à les recentrer sur l'objectif d'origine de prise en charge globale des femmes victimes de violences.

En France, 96 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol chaque année et 213 000 femmes sont victimes de violences conjugales, selon le rapport remis jeudi 6 juillet à la ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Isabelle Rome. Elles risquent de développer un psychotraumatisme, comme c'est le cas pour une victime de viol sur cinq, selon une étude citée par le HCE, et «nécessitent une prise en charge rapide et adaptée». Or, les victimes mettent en moyenne 13 ans pour trouver une prise en charge adaptée, et un quart n'y accède jamais, selon le rapport.

En 2017, à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes, le président Emmanuel Macron s'était engagé à créer des unités spécialisées dans la prise en charge globale du psychotrauma dans les centres hospitaliers, avec des soins pris en charge par la Sécurité sociale. Ces centres ont pour mission d'assurer une «prise en charge globale» et gratuite des victimes: psychique et somatique, mais aussi sociale et juridique, éventuellement en mettant en lien les victimes avec des compétentes extérieures.

«Maillage territorial faible et disparate»

Dressant le bilan de ce dispositif assez récent, le HCE regrette un «maillage territorial faible et disparate» : au lieu des cent prévus au départ, 15 centres existent seulement, dont dix sont vraiment opérationnels. Couvrant des territoires très larges, ils "filtrent" les patientes, ne prenant parfois que celles du département. Des personnes avec des traumatismes complexes doivent attendre entre un et douze mois pour être prises en charge selon les régions.

Par ailleurs, souligne le rapport, «dans nombre de CRP, les équipes sont trop réduites pour répondre à la demande croissante de prise en charge. Les listes d'attente continuent de s'allonger et en conséquence le risque d'aggravation du syndrome post-traumatique pour les patientes en errance médicale». Les CRP réorientent souvent les patientes vers le secteur libéral, bien plus coûteux.

ll ne suffit pas de recueillir la parole des victimes et de punir les auteurs de violences, il faut réparer les femmes

«Pas la même chose qu'un accident de la route»

Les CRP créent des réseaux d'associations et professionnels privés pouvant prendre le relais, mais certains départements comme la Creuse ou la Charente-Maritime n'ont aucune consultation en psychotrauma. Le HCE recommande de déployer 300 centres sur le territoire, soit un pour 200 000 habitants. Il suggère d'intégrer au réseau des CRP les centres associatifs et maisons des femmes non hospitalières. Ces CRP, dotés d'un budget de 500 000 euros par an, ont trois missions: soigner, former des professionnels (soignants, personnels du médico-social, de la justice et des forces de l'ordre...) et constituer un réseau de prise en charge autour d'eux, trois missions qu'ils peinent à assurer de front. «De plus ils soignent tous les traumas, alors qu'ils devaient à l'origine se concentrer sur les femmes victimes de violences: c'est un problème majeur et très spécial, ce n'est pas la même chose qu'un accident de la route. Il faut un personnel spécialisé», explique la présidente du HCE Sylvie Pierre-Brossolette.

Les victimes de violences sexistes et sexuelles constituent entre 59% et 84% des personnes prises en charge, selon les CRP. Or les patientes qui bénéficient d'une prise en charge globale immédiate souffrent deux fois moins de syndrome post traumatique six mois après les faits.

«Les conséquences des violences sont très graves: des vies massacrées, des femmes abimées à vie, des parcours professionnels et personnels empêchés. Il ne suffit pas de recueillir la parole des victimes et de punir les auteurs de violences, il faut réparer les femmes», conclut Mme Pierre-Brossolette. 

La Rédaction Infirmiers.com avec AFP

Source : infirmiers.com