Fin décembre 2022, les 2 976 hôpitaux publics et privés disposaient très exactement de 374 290 lits d'hospitalisation complète, soit 6 713 de moins que l'année précédente (-1,8%), selon le bilan de la direction statistique des ministères sociaux (Drees). Les établissements de santé ont, dans le même temps, créé 2 591 places d'hospitalisation partielle, sans nuit passée dans l'établissement (+3,1%), pour arriver à un total de 85 015 places. Contrairement à un lit, une «place» de jour peut généralement accueillir plusieurs patients quotidiens.
Ces chiffres, constatés dans le public comme dans le privé, illustrent «une tendance observée depuis plusieurs années», qui «reflète la volonté» des pouvoirs publics de réorganiser l’offre de soins hospitaliers vers plus «d'ambulatoire», mais aussi les pénuries de personnel, qui «ne permettent pas de maintenir les lits», selon les auteurs de l'étude. Depuis fin 2013, 39 000 lits d'hospitalisation complète ont été supprimés au total (-9,4 % en neuf ans), et 17 400 places d'hospitalisation partielles ont été créées. L'effondrement capacitaire est d'ailleurs quasi-constant depuis le début des années 2000, selon les données disponibles sur le site de l'Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé).
Les soignants dénoncent régulièrement ces fermetures de lits, qui saturent les services, mettent les équipes sous pression et accentuent les tensions dans les services d'urgences.
Plusieurs lits devaient être rouverts à l'automne mais...
Le gouvernement avait promis cet automne de rouvrir «plusieurs milliers de lits d'ici la fin de l'année»2023. «Mon seul combat pour l’hôpital public, c’est la réouverture des lits, même si ce n’est pas une très bonne nouvelle pour l'Ondam» (Objectif national des dépenses de l'Assurance maladie), avait déclaré Aurélien Rousseau, alors ministre de la Santé, lors d'une audition à l'Assemblée nationale. L'action du gouvernement pour redonner «de l'attractivité» aux métiers du soin commençait selon lui à porter ses fruits.
Mais opposé au projet de loi immigration, le ministre a démissionné, laissant donc ce chantier, et plus largement tout le secteur en souffrance, à l'actuelle ministre des professions de Santé Agnès Firmin Le Bodo, qui assure l'intérim.
Au total, près de 29 800 lits ont été supprimés sur la période fin 2016-fin 2022, correspondant en majorité à la présidence d'Emmanuel Macron. Soit beaucoup plus que sous son prédécesseur François Hollande (-15 000 entre fin 2012 et fin 2017) mais nettement moins que durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy (-37 000). Les capacités ont par ailleurs diminué «plus rapidement» depuis 2020 qu'avant l'épidémie de Covid-19, note la Drees dans son étude.
La crise sanitaire peut «expliquer une baisse accrue», en raison notamment de la réaffectation temporaire de personnel en réanimation, de la déprogrammation de soins ou encore la transformation de chambres doubles en chambres simples. Pourtant le recul observé en 2022 est le «plus marqué», notent les auteurs.
L'hospitalisation à domicile (HAD) a, elle, vu ses capacités croître de 1,6%, après un «bond» de 10,5% en 2020, et 6,8% en 2021.
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