Les hôpitaux s'adaptent à l'épidémie de grippe. Le CHU de Nantes (Loire-Atlantique) a ainsi annoncé le 6 janvier déclencher le niveau 2 du plan blanc (soit un ensemble de mesures exceptionnelles mises en oeuvre pour faire face à un afflux de patients, comme la déprogrammation de certaines opérations, la ré-affectation ou le rappel de personnels en congés). Cette fois, l'hôpital doit «faire face à une activité très élevée aux urgences adultes en raison de l'épidémie de grippe qui sévit sur l'ensemble du territoire et s'est intensifiée ces derniers jours». A Nantes, le service des urgences comptabilisait à 10 heures plus de 120 patients le jour même d'après la CGT, citée par Hospimedia. Des personnes âgées de plus de 80 ans «attendent plus de 92 heures avant de pouvoir être transférées dans un service conventionnel pour être hospitalisées, faute de lits disponibles», s'indigne le syndicat dans un communiqué. La situation met aussi en souffrance les personnels. Dans une lettre ouverte à la direction, le syndicat FO dénonce des temps d'attente atteignant désormais 20 à 30 heures et un «contexte de tensions inhumaines où plusieurs patients âgés attendent désespérément un lit».
Même scénario dans le Maine-et-Loire, où le CH de Cholet a lui aussi déclenché le même jour le niveau 2 du plan blanc face à la saturation des urgences liées à la grippe, avec des déprogrammations ciblées et progressives, l'ouverture de lits supplémentaires et un renfort de personnel si nécessaire dans les prochains jours.
Une vingtaine d'hôpitaux ont ainsi activé le plan blanc
Si le ministère de la Santé n'est pas en mesure de donner une estimation du nombre d'hôpitaux en «plan blanc», au moins une vingtaine d'établissements hospitaliers en France les ont déclenchés face à l'afflux de malades dans leurs services d'urgence, selon un décompte de l'AFP à partir d'informations publiées en ligne par les établissements ou l'administration. Selon plusieurs sources, ce décompte est probablement sous-estimé. «Rien que dans les Pays-de-la-Loire, on a 6 plans blancs», indique par exemple Dominique Savary, le chef des Urgences d'Angers. «On a le sentiment que c'est plus fort qu'habituellement», commente de son côté Agnès Ricard-Hibon, porte-parole du syndicat Samu-Urgences de France (SUDF), qui va lancer une enquête pour quantifier le phénomène.
«Le problème majoritaire, c'est le manque de lits d'hospitalisation, comme toujours», poursuit-elle, appelant à «anticiper» ces «crises hivernales prévisibles», notamment en «réservant un nombre de lits dans les services pour l'activité des urgences», solution «connue» qui tarde à se mettre en place, regrette-t-elle. Dans les Samu et services d'accès aux soins (SAS) qui répondent aux appels au «15», «l'activité est en hausse de 10 à 15%», et dans «beaucoup d'endroits», le temps moyen de décrochage des appels dépasse la minute, déplore Jean-François Cibien, urgentiste à Agen et vice-président de SUDF.
Le nouveau ministre de la Santé Yannick Neuder, interrogé à Rennes en marge d'un déplacement, a reconnu que cette multiplication de plans blancs «traduit bien l'état de tension dans lequel se retrouve notre système de santé». «Une de mes priorités sera de favoriser tout ce qui peut produire du soin sur le territoire», pour «éviter le recours systématique aux urgences».
"Epuisés au point de ne pas arriver à se lever"
L'épidémie de grippe apparaît dynamique, mais son ampleur exacte reste à déterminer. «A voir les chiffres, ce n'est pas monstrueux, mais on est dans une taille d'épidémie qui sera probablement dans la fourchette haute cette saison», indique le virologue Bruno Lina, membre du Covars (comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires). «Chez les adultes jeunes, le virus H1N1, ça tape, avec des formes cliniques assez marquées», notamment des gens qui «sont parfois 48h ou 72h au lit, avec l'impression d'être épuisés au point de ne pas arriver à se lever», ajoute-t-il. Il observe qu'après les enfants et les moins de 50 ans, les personnes âgées, plus à risque d'hospitalisation, sont de plus en plus touchées.
Pour Marie-Anne Rameix-Welti, responsable du Centre national de référence des infections respiratoires (Institut Pasteur), l'intensité de l'épidémie est «comparable aux années précédentes», mais «on ne sait pas encore si l'on a atteint le pic. Il faut voir ce qui se passe dans les deux semaines à venir». Bonne nouvelle tout de même, «cette année, il n'y a pas de superposition avec d'autres virus comme le VRS (principal virus à l'origine de la bronchiolite), qui a baissé, et le Covid, qui est bas», ajoute-t- elle.
En France, l'intégralité de la métropole a basculé dans une situation épidémique de grippe dans le sillage de Noël, avec le passage du seuil de 173 cas pour 100 000 habitants. C'est un peu plus tôt que les années précédentes. Pour la dernière semaine de 2024, les syndromes grippaux ont représenté 18,2% des actes de SOS médecins, 4,9% des passages aux urgences et 4,2% des hospitalisations après passage aux urgences, selon Santé publique France.
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