« Les difficultés actuelles que rencontrent nos concitoyens pour accéder aux soins témoignent de l’importance d’une réflexion prospective sur le nombre de professionnel de santé à même de répondre aux besoins de la population dans les années à venir », témoignait Agnès Firmin-Le Bodo, alors ministre chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé. C’est dans ce contexte qu’elle a chargé le Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie (HCAAM) de produire les données, organisations et moyens nécessaires pour améliorer la prospective des ressources humaines en santé. Celle-ci, précise le rapport, n’a de sens que si elle s’inscrit dans une stratégie plus large pour le système de santé, qui en définit les objectifs et les services à rendre aux usagers.
Le HCCAM soumet ainsi 13 propositions pour initier cette démarche, qui s’appuient notamment sur la prise en compte de ressources humaines qui dépassent le cadre du soin (proches aidants, médiateurs en santé, assistants sociaux…) et sur une « démarche intégrée de planification » incluant évolutions démographiques, impact de la prévention ou encore nouvelles formes organisationnelles (comme celles rendues possibles par l’Article 51).
Prioriser les professions en première ligne
Le document recommande ainsi de prioriser les professions qui interviennent en première ligne dans le champ sanitaire, en fonction de leurs effectifs, durée d’étude et tensions existantes sur leurs effectifs. Médecins, infirmiers, mais aussi sages-femmes et chirurgiens-dentistes sont notamment concernés. « La planification en ressources humaines doit faire l’objet d’une programmation à long terme, d’au minimum 12 ans pour les infirmières (horizon 2035) et 18 ans pour les médecins (horizon 2041) », note-t-il ainsi. Un suivi des facteurs qui affectent l’équilibre entre l’offre de soins et la demande, tel que le taux d’abandon au cours de la formation infirmière, doit également être réalisé. Autre axe indispensable : co-construire la démarche prospective avec l’ensemble des parties prenantes – professionnels de santé, universités et écoles de formation, autorités sanitaires… – avec des représentants identifiés au niveau national et local, et tant dans le public que dans le privé. Le HCAAM conseille par ailleurs de compléter l’approche macroscopique de la démarche par des approches plus spécifiques, liées par exemple à des pathologies particulières (cancer, santé mentale), à des populations (femmes enceintes) ou encore à des secteurs de soins (soins de proximité).
La prospective des ressources humaines en santé doit s’articuler selon certaines étapes, poursuit-il : constitution d’une instance de pilotage, mise à jour des répertoires des professionnels en exercice, réalisation d’un modèle de projection qui met en adéquation offre et demande pour chaque profession retenue…
Deux structures pour piloter la démarche
Cette démarche de prospective s’appuiera sur deux structures déjà identifiées : la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), chargée de piloter la collecte de données, et l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS), chargé de piloter la prospective elle-même. « La prospective ne vise pas une illusoire prévision exacte de l’avenir. Mais sa nature quantitative permet un suivi régulier des évolutions, des écarts par rapport à ce qui était envisagé, et des leviers à activer pour rétablir l’équilibre entre offre et demande de soins », prévient le HCAAM.
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