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Comment bien lire un article scientifique ? Suivez le guide…

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Publié le 10/10/2024

Un guide pratique se propose d’accompagner les infirmiers qui souhaitent se lancer dans la lecture d’articles scientifiques. Une condition sine qua non à tout projet personnel de recherche.

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Comment lire un article scientifique pour les infirmières – types d’articles scientifiques se veut un guide pour tous les infirmiers, qu’ils « aient peu de compétences en matière de recherche » tout en souhaitant « comprendre la recherche clinique », ou qu’ils aient déjà « une certaine expertise en matière de recherche. » Le but clairement affiché est de donner des clés aux professionnels et aux étudiants infirmiers pour aborder la lecture des articles scientifiques de manière critique, premier pas à franchir avant qu’ils puissent se lancer dans leurs propres recherches. Car, s'ils sont de plus en plus nombreux à suivre des études de troisième cycle et à entreprendre un master, ils sont encore peu formés à ce type de pratique.

À l’origine publié au printemps 2023 par l’European Specialist Nurses Organisation (ESNO), ce guide a bénéficié d’une traduction chapeautée par Nico Decock, cadre supérieur de santé, infirmier anesthésiste diplômé d'État (Iade) et responsable pédagogique au sein du CHU de Lille (Nord), et financée par le Conseil professionnel national des IADE.

L’article scientifique, un outil essentiel de communication et de perfectionnement de la pratique

La démarche n’est pas anodine. En effet, les publications scientifiques répondent à deux enjeux : « rendre visible le travail » qu’accomplissent les infirmiers, d’autant plus dans un contexte de spécialisation croissante de ces professionnels (avec, en tête, les infirmiers en pratique avancée), et qui pourtant n’est pas mis en valeur. « Le leadership des infirmières spécialisées est indubitablement présent dans les secteurs de la santé, mais il ne se traduit pas suffisamment dans les politiques », fait remarquer Nico Decock dans son introduction. L’autre enjeu, c’est bien sûr le partage de connaissances. Car, rappelle le guide, la lecture d’un article scientifique permet aux professionnels de santé d’approfondir leurs connaissances qui, en retour, peuvent entraîner une modification ou une amélioration des pratiques au service des patients. « La profession infirmière est en constante évolution et les infirmiers doivent se tenir au courant pour garantir des soins cliniques sûrs et efficaces », note-t-il, citant le code de déontologie des infirmiers, qui leur impose ce devoir « d’actualiser et de perfectionner [leurs] connaissances. »

L’article scientifique est donc avant tout un formidable outil de communication et de perfectionnement de la pratique : « Le but de ce guide est d’encourager le développement constant de la profession d’infirmier et la progression de carrière des infirmiers », affiche-t-il ainsi clairement.

Identifier la structure d’un article

Il existe trois types d’articles scientifiques : la revue systématique ou méta analyse (une revue de littérature de la recherche sur un sujet spécifique), des articles présentant des recherches initiales (essais contrôlés randomisés, études de cohortes ou de cas), et des séries de cas et de rapports. La structure d’un article scientifique, qui répond du reste  à une certaine norme. L’introduction expose ainsi le contexte de l’étude, donne une analyse des recherches existantes et pose les questions ou hypothèses auxquelles entend répondre l’étude en question. Vient ensuite l’exposition de la méthode, entre conception de l’étude, outils utilisés ou encore analyse des données, suivie de la présentation des résultats. L’article se termine sur une discussion/conclusion qui fait « émerger les points pertinents des résultats obtenus qui permettent de tirer des conclusions ».

Des critères bien spécifiques

Pour chaque partie, le guide précise les différents critères qu’ils doivent remplir ; une distinction est également opérée entre les articles présentant des études de méta-analyses et ceux autour d’une recherche originale.

Des indications sont en outre données pour accompagner la lecture de graphiques en fonction de leur nature (en entonnoir ou en forêt) dans le cas d’une revue systémique de la littérature. Une attention particulière est par ailleurs à porter au titre de l’article. Celui-ci est « en quelque sorte la carte de visite de la recherche et doit répondre à un certain nombre d’exigences », comme être cohérent avec le contenu, expliquer clairement le sujet de l’étude, ou encore être concis, informatif et précis. Un élément à ne pas négliger car « le titre augmente la visibilité du travail », indique-t-il.

L’importance de se questionner et de porter un regard critique sur ce qu’on lit.

Quelle posture adopter en tant que lecteur ?

Voilà pour la forme. Pour le fond, le guide donne aussi des conseils quant à la posture que doit adopter le lecteur. Il l’encourage ainsi à questionner ce qu’il lit, notamment afin de mettre en lumière les éventuels biais ou erreurs que l'article pourrait contenir : dans le cas d’une recherche originale, la randomisation a-t-elle été réalisée correctement ? Et combien de patients ont-ils choisi d’abandonner l’étude ? Les résultats répondent-ils aux questions posées dans l’introduction et sont-ils présentés de manière cohérente ? Y a-t-il suspicion de conflits d’intérêt ? Les conclusions de l’article sont-elles étayées par les données rapportées dans l’étude ? De manière plus générale, le guide encourage fortement le lecteur à poser un regard critique, face au regard nécessairement subjectif des auteurs d’une étude. L’idéal est ainsi « de tirer d'abord ses propres conclusions en lisant les résultats et de les comparer ensuite avec celles des auteurs pour vérifier leur concordance. »

Il espère surtout délivrer trois messages essentiels. Il appelle ainsi les infirmiers qui entrent dans le domaine scientifique à prendre le temps d’apprendre à lire ce type d’articles, voire à envisager d’en écrire eux-mêmes. Il recommande également de « ne pas s’engager seul sur cette voie », afin de limiter les erreurs ou les problèmes de communication de l’information. Enfin, il insiste sur la nécessité, quand on se lance dans la rédaction d’un tel article, de trouver un bon mentor :  « un mentor en qui vous avez confiance, qui est honnête avec vous et qui vous soutient même lorsque tout devient si complexe que vous vous perdez dans un spaghetti de données, de résultats, d'articles et d'autres opinions ».


Source : infirmiers.com