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COURS IFSI

Le développement psychique : de l'importance des stades de l'enfance

Publié le 10/10/2023

Les trois premiers stades (oral, anal, phallique) de l'enfance marquent le développement psychique de l'enfant. Ils sont dits prégénitaux, car situés avant la réunification des différentes pulsions partielles, sous le primat de la zone génitale, contrairement aux trois suivants (complexe d’Oedipe, latence, adolescence) qui eux sont dits génitaux...

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Les différents stades de l'enfance ne correspondent pas à une réalité biologique ; à l’instar de la notion d’ère géologique utilisée dans l’étude terrestre, ce concept est un outil artificiel évaluant, en l’occurrence, l’évolution d’un fonctionnement psychique marqué par des prévalences particulières.

Le stade oral (première année)

Sous l’angle de la relation à l’objet

Durant les trois premières années de sa vie, l'enfant passe par trois principaux stades de développement psychique.

L’objet n’est pas perçu. L’enfant vit dans une autarcie mégalomaniaque (Moi-idéal) où l’omnipotence est maximale. Il ne différencie pas le soi du non-soi, le dedans du dehors. Le contact physique avec la mère est vital ; le rapport à l’autre, l’altérité, se forge. Les échanges se font par les mimiques, la voix, le toucher. Il faut savoir que la moitié des nourrissons venant au monde dans un contexte de déni de grossesse ne survit pas à ce non-désir maternel, les pulsions de mort prenant le dessus. L’angoisse d’abandon peut être un ressenti majeur.

La cohérence de l’entourage commence à être ressentie par l’enfant ; des messages contradictoires (attitudes, réactions…) peuvent former une injonction paradoxale déstabilisante à la longue. Certains auteurs mettent en relation cette communication incohérente (je t’aime, je ne t’aime pas… exprimés à la suite) dans la genèse de certains troubles de l’adulte.

La différenciation, l’ambivalence, émergent peu à peu. L’enfant réalise que la tension naît en lui et que la satisfaction vient du dehors, ce qui suscite sa colère. L’objet naît dans la haine (Freud), par la projection du mauvais à l’extérieur et la frustration, due à l’absence de l’objet anaclitique (couché sur). Par cette projection, apparaissent des angoisses d’engloutissement, puis de dévoration.

Dans le cadre du développement psycho-sexuel

La source pulsionnelle est constituée par la zone bucco-labiale, le carrefour aéro-digestif, les organes de phonation, les cinq sens (le toucher, avec la peau, jouant un rôle de premier plan). L’objet pulsionnel est le sein, ou son substitut.

La relation  mère-enfant  utilise la fonction alimentaire comme médiateur. Rapidement, la satisfaction libidinale va s’éloigner de cette fonction d’autoconservation par étayage.

Le but pulsionnel est lié au plaisir auto-érotique (par la succion) et au désir d’incorporation orale, l’enfant assimilant l’objet porté en bouche. Avoir et Etre se confondent. Nous retrouverons traces de cette attitude avec les notions d’introjection et d’identification, décrites ultérieurement. Le stade oral est divisé en deux périodes :

  • Le stade oral primitif (jusqu’à six mois), l’absorption étant passive.
  • Le stade oral tardif (six-douze mois) ou stade sadique oral lié à des pulsions cannibaliques.

Le stade anal  (deuxième année)

Relation à l’objet

 

Nous sommes au stade de l’ambivalence maximale ; le boudin fécal procure deux plaisirs différents car il peut être conservé ou expulsé. Ce nouveau médiateur relationnel initie à la possession, à une certaine toute-puissance (l’adulte attendant le bon vouloir de l’enfant). La double nature du rectum enracine la bisexualité de l’individu ; excitable (par dilatation ou pénétration) ou servant d’organe excrétoire.

La recherche de sensations agréables par le biais d’expériences douloureuses (plaisir d’être fessé, par un mécanisme de déplacement) l’introduit dans la dimension sadique. Cette relation de type anal permet la mise en place de l’axe sado-masochique.

L’enfant consolide également ses repères concernant le soi et le non-soi, l’intérieur et l’extérieur. Son rapport à l’altérité prend une nouvelle dimension ; il accède à une certaine maîtrise symbolique,  en comprenant que l’absence de sa mère ne signifie pas sa non-existence.

Développement psycho-sexuel

La source pulsionnelle est la muqueuse recto-anale. L’objet pulsionnel comprend le boudin fécal, mais également l’entourage et la mère en particulier. Le but pulsionnel englobe le plaisir auto-érotique de type anal, lié à la défécation, ainsi que l’enjeu relationnel attaché à cette fonction qui devient une monnaie d’échange avec le monde extérieur.

Le stade anal est divisé en deux périodes :

  • La phase sadique anale expulsive (12 à 18 mois) marqué d’une dimension sadique (expulsion d’objets détruits).
  • La phase masochique anale rétentive (18 à 24 mois) où le plaisir est lié à la rétention du boudin fécal.

Le stade phallique (troisième année)

Relation à l’objet

Le pénis n’est pas identifié en tant qu’organe génital ; il est perçu comme un phallus, symbole de puissance. Nous sommes à un stade toujours narcissique, pas encore objectal, très attaché à la possession.

L’enfant ressent des angoisses de mutilation, lié à son sexe, à ne pas confondre avec les angoisses de castration (symbolique) qui se développeront par la suite. Dans son imaginaire, l’adulte est puissant ou faible en fonction de la présence ou de l’absence supposée de pénis.

Développement psycho-sexuel

Ce  stade  inaugure  l’unification  des  pulsions  partielles  sous  le  primat  des organes génitaux. L’érotisme urétral, à l’instar du plaisir anal, se manifeste par l’expulsion (la miction) et la rétention. Le plaisir d’uriner revêt deux aspects ; actif en tant que pénétration symbolique et passif lorsque l’enfant abandonne tout contrôle, se laisse aller. Cette maîtrise de la fonction urinaire renforce le narcissisme qui peut, cependant, verser dans la honte en cas d’échec de celle-ci, la réaction parentale étant aussi l’enjeu de cet apprentissage.

La masturbation infantile, déterminée au début par la miction, se secondarise par étayage sur ce mécanisme, pour s’en dissocier ensuite. L’enfant développe une curiosité sexuelle, mais tout en soupçonnant la réalité d’une différence des sexes, il vit une sorte de déni de cette différence ; le garçon pense que tout le monde possède un pénis, tandis que la fille imagine la poussée ultérieure de son clitoris (ce qui peut entraîner chez elle certains comportements phalliques ; rudesse, mise en danger, allures de garçon…).

Le fantasme sur la sexualité des parents prend différents aspects. Les théories sur la fécondation, la naissance, s’appuient sur son vécu libidinal (rôle de la miction, grossesse suite à un baiser, naissance par le nombril, etc…). L’enfant s’identifie à un des adultes, projette son agressivité sur le coït parental perçu comme un acte sadique. Il peut ressentir aussi un sentiment d’abandon, car exclu de cette relation imaginée. La curiosité le pousse à une forme de voyeurisme auditif ; cette attitude correspondant à une pulsion partielle peut, si elle est mal intégrée, être en lien avec l’apparition ultérieure d’un phénomène d’exhibitionnisme.

La suite du cours sera publiée prochainement.

Didier MORISOT


Source : infirmiers.com