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Vives réactions suite au reportage sur la maltraitance

Publié le 24/10/2008

Un reportage, tourné en caméra caché et diffusé mercredi sur France 2 dans l'émission "Les Infiltrés", avait montré des scènes de maltraitance passive, notamment le non-respect des règles d'hygiène et de sécurité, l'absence de soins et de la maltraitance verbale.

Lors du débat qui a suivi le reportage, Valérie Létard avait interrogé le journaliste en vain pour connaître le nom de l'établissement afin de déposer une plainte auprès du procureur de la République.

Le cabinet de la secrétaire d'Etat a précisé à l'APM jeudi que les services de la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) avaient identifié ce matin la maison de retraite, qui se situe à Saint-Jean-Les-Deux-Jumeaux en Seine-et-Marne.

Valérie Létard a décidé de s'y rendre immédiatement pour visiter l'établissement, faire un état des lieux, rencontrer le personnel et les autorités sur place, a précisé le cabinet.

La secrétaire d'Etat avait présenté la semaine passée une série de mesures pour lutter contre la maltraitance en établissement, notamment l'augmentation du nombre de contrôles inopinés. Elle avait aussi précisé qu'elle souhaitait réaffirmer l'autorité de l'Etat, ajoutant qu'à chaque fois qu'elle serait confrontée à des cas de maltraitance, elle saisirait le procureur de la République et ouvrirait une enquête à la fois judiciaire et administrative.

Lors de cette conférence de presse, elle avait indiqué qu'à la suite de la diffusion d'une émission de télévision début octobre sur France 3, le directeur départemental des affaires sanitaires et sociales (Ddass) de l'Essonne avait saisi le procureur de la République au sujet de l'établissement où des faits de maltraitance graves ont été observés.

SERIE DE REACTIONS APRES LA DIFFUSION DU REPORTAGE

Plusieurs organisations du secteur médico-social ont réagi vivement à la diffusion de cette émission et aux mesures mises en oeuvre par le gouvernement pour lutter contre la maltraitance.

Le Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa) rappelle, mardi dans un communiqué, qu'il prône "l'application de sanctions sévères et exemplaires à l'encontre des responsables d'actes de maltraitance avérée", mais regrette que ces pratiques de maltraitance soient présentées comme "une généralité", remettant en cause le taux de 70% de maisons de retraite maltraitantes évoqué lors de l'émission.

Il souligne les "efforts entrepris depuis plus de dix ans par les professionnels" pour que les ratios d'encadrement soient "améliorés", que le personnel "soit formé et soutenu psychologiquement", que les pratiques de soins soient "encadrées et normalisées" afin de "minimiser les risques de comportements inacceptables".

Dans un communiqué jeudi, la Fédération des établissements hospitaliers d'aide à la personne privés non lucratifs (Fehap) estime aussi que les chiffres présentés lors de l'émission sont faux, déplorant ainsi l'amalgame fait entre les établissements présentant une maltraitance institutionnalisée et l'ensemble des établissements d'hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad).

Elle dénonce l'incohérence entre les effets d'annonce du gouvernement sur les plans successifs et les dispositifs de contrôle, la thésaurisation des fonds propres de la Caisse nationale de solidarité de l'autonomie (CNSA) et la stigmatisation des établissements. La fédération demande notamment la mise en oeuvre du plan solidarité grand âge, qui inscrit une hausse du personnel et des moyens pour la formation continue des professionnels.

Le Syncass-CFDT considère aussi, dans un communiqué publié jeudi, qu'il ne faut pas confondre les causes et les conséquences. S'il faut éradiquer la maltraitance, la multiplication des contrôles, inopinés ou non, ne doit tenir lieu de politique, estime le syndicat, pour qui les priorités sont notamment "le rattrapage budgétaire des établissements sous dotés", en termes d'effectifs et de qualifications.

Il demande que "les annonces de moyens pour la bientraitance se traduisent dans les faits, après état des lieux, pour les établissements" et que la mise en oeuvre de ses moyens soient "concertée et évaluée".

Pour le CH-FO, les mesures présentées par Valérie Létard pour lutter contre la maltraitance ne vont pas dans le bon sens. "La réponse de l'Etat qui se contente de multiplier les contrôles (...) et de la mise en place [d'un numéro d'appel"> est beaucoup plus aisée que de tenir des engagements d'augmentation de moyens et d'amélioration de ratio d'encadrement dans les structures", écrit l'organisation dans un communiqué publié lundi.

L'AD-PA ET LA FNAPAEF DEMANDENT UNE REUNION D'URGENCE

Pour l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et la Fédération nationale des associations de personnes âgées et de leurs familles (Fnapaef), l'émission diffusée mercredi peut permettre "d'attirer l'attention sur une question négligée" et de mieux accompagner les personnes âgées "si les différents acteurs réagissent efficacement".

Les deux organisations demandent, dans un communiqué publié jeudi, une réunion d'urgence sur le sujet, la transparence, des moyens et la mise en place d'une politique ambitieuse de formation de l'ensemble des professionnels en lien avec les créations d'emplois.

La Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées (Fnaqpa) dénonce les "actes inadmissibles de maltraitance constatés dans le reportage", en rappelant la "responsabilité partagée de l'Etat et du conseil général sur le manque cruel de moyens de cet établissement comme de la majorité des établissements en France".

Elle demande au gouvernement de mettre ses actes en cohérence avec son discours dans ses arbitrages budgétaires et aux députés et sénateurs de supprimer dans le PLFSS pour 2009 toutes les mesures qui visent à diminuer les moyens et la qualité dans les établissements.

France Alzheimer insiste également, dans un communiqué publié mardi, sur l'importance de la formation et du ratio de personnel pour faire reculer la maltraitance.

Interrogé jeudi par APM, le nouveau président de la conférence nationale des directeurs d'établissements d'Ehpad (CNDEHPAD), Gérard Miaut, a estimé qu'il ne fallait pas regarder "par le trou de la serrure" ce problème, mais plutôt "faire une grande enquête sur les taux d'encadrement et les temps disponibles pour faire manger ou faire une toilette". Il a indiqué que la CNDEHPAD était prête à faire cette enquête.

Il a considéré que la question du manque de moyens et de personnels était importante, mais que la formation avait aussi un impact. "Ce ne sont pas toujours les établissements qui ont le moins de moyens qui sont les plus maltraitants", a-t-il commenté. Il a aussi déploré le manque de personnel qualifié et estimé qu'il fallait améliorer le processus de validation des acquis de l'expérience.


Source : infirmiers.com