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Une jeune fille installée sur des matelas à la Fondation Lenval à Nice, faute de lits

Publié le 30/03/2009

Les parents ont alerté la presse mercredi dernier pour dénoncer les conditions d'hébergement de leur fille, hospitalisée depuis fin janvier pour des problèmes d'anorexie en psychiatrie juvénile, qui aurait passé un mois sur un matelas posé à même le sol, faute de lits disponibles.

"Pendant trois semaines, nous n'avons pas été en mesure de lui proposer des conditions d'hébergement adéquates" car "elle était en surnombre dans le service", confirme à l'APM le directeur de la Fondation Lenval, Bernard Lecat.

Le directeur tempère toutefois en précisant qu'en aucun cas ces conditions d'accueil n'ont été "sordides", d'autant plus que la patiente était hospitalisée "dans un service neuf, très propre". "Nous lui avons installé deux matelas superposés", relate-t-il.

"Pourquoi cette affaire a pris ces proportions, je n'en sais rien", s'interroge Bernard Lecat, qui fait remarquer que la jeune fille est toujours hospitalisée au sein de l'établissement, depuis maintenant deux mois.

La Fondation Lenval, qui dispose de 13 lits d'hospitalisation complète en psychiatrie juvénile, assure l'essentiel des capacités d'accueil temps plein du département des Alpes-Maritimes.

Même si la création de secteurs de psychiatrie a été relativement tardive, la situation du département est comparable aux autres en matière d'hospitalisation complète pour les adolescents. "Dans certains départements, il n'y a pas de lits du tout en hospitalisation complète", souligne le directeur de la fondation.

L'établissement constate qu'il est confronté régulièrement à des problèmes de capacité de prise en charge des adolescents.

"On n'a pas le sentiment que la fréquence des demandes d'hospitalisation soit en cause", explique Bernard Lecat. Le principal changement tient à la nature des pathologies avec de plus en plus d'adolescents victimes "de crises très fortes, avec des comportements parfois très violents. Ils arrivent souvent en situation d'urgence [à la fondation">, ce qui nous met sous pression".

L'établissement juge nécessaire de tirer les conséquences de cette situation en termes d'organisation interne et prévoit l'ouverture d'une petite unité de 7 lits, courant 2009, pour prendre en charge les adolescents en période de crise et disposer ainsi d'une capacité de réponse immédiate.

"Mais cette réponse demeurera très partielle par rapport à un problème général beaucoup plus préoccupant" qui ne relève pas de la capacité d'accueil mais d'une prise en charge en amont de l'hôpital, en milieu ouvert, estime Bernard Lecat. "L'hospitalisation à temps plein doit être le dernier recours".

Cette évolution est déjà engagée dans le département, notamment avec la création d'une maison des adolescents il y a deux ans à Nice et la création, en septembre, d'un réseau "santé des adolescents" qui devrait bénéficier d'un financement de 53.000 euros par an

INSUFFISANTE PRISE EN CHARGE DES ADOLESCENTES ANOREXIQUES

La Fédération hospitalière de France (FHF) consacre sa dernière lettre à la "place des adolescents à l'hôpital", en publiant le point de vue de plusieurs psychiatres impliqués dans la prise en charge de ce public.

Dans cette lettre, le Dr Jacques Piant, chef du service de psychiatrie infanto-juvénile de l'hôpital de Gonesse (Val-d'Oise), juge que la situation "est absurde" entre, d'un côté, "les services de pédiatrie des hôpitaux généraux [qui"> accueillent les enfants jusqu'à l'âge de 15 ans et trois mois et de nombreux services de psychiatrie 'adulte' [qui"> refusent, pour des raisons de sécurité, les adolescents entre 16 et 18 ans, car ils ne sont pas majeurs".

Le Pr Maurice Corcos, joint par l'APM, constate toutefois qu'en matière de psychiatrie infanto-juvénile, "la France n'est pas mal placée du tout" si on la compare aux autres pays européens et que "80% environ des adolescents déclarent se sentir bien".

La création des maisons des adolescents va dans le bon sens, ajoute le chef du département de psychiatrie de l'adolescent et du jeune adulte à l'Institut mutualiste Montsouris (IMM) à Paris.

En revanche, le psychiatre déplore les délais d'attente beaucoup trop longs pour obtenir un rendez-vous chez un psychiatre, y compris pour des situations d'urgence, qui peuvent atteindre six mois. "On se retrouve avec des listes d'attente pour des situations d'urgence, ce qui est paradoxal".

A l'IMM, "nous sommes complets 24 heures sur 24, nous fonctionnons à flux tendu", constate-t-il.

Le médecin s'inquiète également de l'insuffisante capacité de prise en charge des adolescentes anorexiques dans les services de psychiatrie infanto-juvénile.

Dans la mesure où il s'agit d'une "prise en charge très lourde (...), il faut des structures spécialisées, avec des médecines qui vont avec" et en particulier des services de réanimation indispensables au moment d'engager un processus de renutrition.

"Il y a des anorexiques qui sont en danger physique, faute de places", estime-t-il, soulignant que leur prise en charge "fait peur" à beaucoup de services de psychiatrie.

Le chef de département à l'IMM déplore également un manque de lits pour la prise en charge des adolescents victimes de troubles alcooliques et un manque cruel d'unités de post-cure.

Au-delà de la création de nouvelles unités pour adolescents, il juge nécessaire de former les équipes médicales.

"Ce n'est pas que les adolescents vont plus mal mais qu'ils sont plus nombreux (...) en raison de l'augmentation séculaire de leur nombre", constate le Pr Maurice Corcos.

En revanche, "ceux qui vont mal, vont spectaculairement plus mal", développant des pathologies beaucoup plus externalisées, démonstratives", ajoute-t-il.


Source : infirmiers.com