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Un rapport décrit la "crise" de la chirurgie française

Publié le 14/02/2003

Dans un document d'une cinquantaine de pages, le Pr Jacques Domergue, député UMP de l'Hérault, chirurgien au CHU de Montpellier, et le Pr Henri Guidicelli du service de chirurgie vasculaire du CHU de Grenoble appellent les pouvoirs publics à réagir en urgence pour remédier à cette situation qualifiée d'"explosive". "Par qui serons-nous opérés demain et comment ?", s'interrogent notamment les deux auteurs de ce rapport, à l'issue de plusieurs dizaines d'auditions d'experts et chirurgiens.

La crise est notamment profonde dans le secteur privé. "Dans une famille médicale, l'image du père chirurgien n'est plus le modèle à atteindre mais le chemin à éviter", écrivent-ils, constatant une détérioration croissante de l'image de ce professionnel. De "nanti", il est devenu un simple praticien soumis à une "foule de contraintes".

Dans la pratique, les auteurs estiment que les revenus ne sont pas proportionnés à la pénibilité des tâches, incitant les chirurgiens à recourir au secteur à honoraires libres ou à multiplier les actes pour parvenir à un salaire moyen de 93.309 euros net en 2000. La rémunération de base des chirurgiens privés (par la lettre-clé Kc) n'a pas évolué depuis 8 ans, les charges ont augmenté (en dernière date, les primes d'assurance) et au total le pouvoir d'achat a diminué au cours des dernières années. A cela est venue s'ajouter la "judiciarisation de la profession, le praticien passant insidieusement d'une "obligation de moyen" à une "obligation de résultat".

"La pénibilité de ce métier est devenue incompatible avec la qualité de vie", ajoutent les auteurs mesurant le poids de la solitude professionnelle, de la pression psychologique, des adaptations aux évolutions technologiques et de la crise des cliniques.

DES PROBLÈMES DIFFÉRENTS DANS LE PUBLIC

Dans le secteur public, les chirurgiens vivent des problèmes différents. Les praticiens travaillent avec le sentiment "d'un incessant manque de moyens" dans une organisation "de plus en plus dépassée" cependant que la société a profondément changé.

Les conditions de rémunération des praticiens hospitaliers sont "satisfaisantes", est-il reconnu, mais la carrière reste "peu attractive" en raison de l'unicité du statut et de l'absence de reconnaissance du travail, "alors que se développe la culture du non-travail". La rigidité des carrières entraînerait une "lassitude", rapportent les auteurs. D'autant plus, estiment-ils, qu'on assiste à des conflits de plus en plus aigus entre pouvoirs médicaux et administratifs en raison des contraintes de tous ordres.

"Certains chefs de service sont de plus en plus nombreux à vouloir abandonner leurs fonctions", est-il craint alors que se creuse un écart entre CHU et hôpitaux de proximité.

Quant à l'urgence médicale, elle se heurte à différentes difficultés dont une spécialisation de plus en plus grande des praticiens. Ainsi, 70% des urgences sont assurées par des chirurgiens contractuels.

A ce rythme, les difficultés démographiques vont apparaître dès 2005 même si aujourd'hui on ne manque pas encore de chirurgiens. Les études de démographie font plutôt apparaître une mauvaise répartition des effectifs sur le territoire. Certaines régions (Ile-de-France, Paca) ont une densité médicale double de celle des régions sous-médicalisées (Centre, Picardie).

L'interrogation la plus grande est pour la chirurgie générale, le nombre d'étudiants se destinant à ce métier étant passé de 64 à 15 par an. Le nombre de chirurgiens en formation est, proportionnellement à la population, dix fois plus élevé en Grèce et 5 fois plus en Allemagne. Heureusement, les changements technologiques conduisent à un glissement des tâches notamment en cardiologie (comme avec la pose de stents par les cardiologues)./yg

* la chirurgie française en 2003, ministère de la Santé, 54 pages


Source : infirmiers.com