Un plan de cinq ans contre le cancer

"Si l'on n'agit pas, le nombre de cancers pourrait doubler au cours des vingt années qui viennent sous l'effet du vieillissement de la population et du développement de facteurs de risque comme le tabagisme passif", a-t-il affirmé.

Le président de la République a souligné que les cancers du poumon, du sein, du colon, de la prostate ainsi que le mélanome (cancer de la peau) représentent déjà la moitié des nouveaux cas et sont en progression rapide.

"Le cancer du poumon tue quatre fois plus que les accidents de la route. Les cancers du sein, qui provoquent en France le décès d'au moins une femme par heure, ont vu leur nombre multiplié par deux en vingt ans. Les cas de mélanome connaissent une croissance très rapide, avec une multiplication par trois durant la même période", a-t-il précisé.

Or, se référant à des experts, des dizaines de milliers de cancers peuvent déjà être évités chaque année grâce à des gestes simples de prévention : ne pas fumer, ne pas abuser de l'alcool, ne pas exposer sans protection les enfants au soleil, veiller à une alimentation équilibrée, a-t-il rappelé, lundi, devant près de 300 personnes réunies à l'Elysée pour la circonstance.

Une de ses priorités est la "guerre au tabac" en dissuadant les jeunes de commencer à fumer, en appliquant strictement la loi Evin (interdiction de fumer dans les lieux publics), en augmentant les prix du tabac, en interdisant la vente du tabac aux mois de 16 ans, en diffusant des substituts nicotinés.

Au chapitre du dépistage, l'objectif fixé est de généraliser le dépistage du cancer du sein alors que de nombreux départements se sont déjà lancés dans cette action, de donner "un élan décisif au dépistage organisé du cancer du colon", d'améliorer l'accès -surtout parmi les populations défavorisées- au dépistage du cancer du col de l'utérus.

Pour dépister, il faut être équipé. Le délai d'accès aux appareils d'imagerie médicale sera raccourci en dotant d'ici 5 ans la France d'au moins un pet-scan par million d'habitants (ces appareils permettent notamment de dépister les métastases) et en augmentant de 20% le nombre de scanners et d'IRM.

AMÉLIORER LA QUALITÉ DES SOINS

En ce qui concerne l'amélioration de la qualité des soins, Jacques Chirac a donné les premières orientations d'un certain nombre de mesures. L'une des priorités est de rendre plus humaine l'annonce du diagnostic. "Celle-ci n'est pas toujours réalisée avec la psychologie nécessaire ni dans des conditions d'intimité satisfaisantes. Faute de temps, d'espace, de formation. Faute d'humanité parfois", a-t-il déclaré. La formation psychologique des praticiens sera donc renforcée.

La qualité des soins devrait être améliorée avec un effort de coordination des professionnels de santé. "Chaque malade doit bénéficier d'un programme personnalisé de soins établi en commun, par exemple par un cancérologue, un radiothérapeute et un spécialiste de l'organe où la tumeur s'est développée", a-t-il précisé. La mise en place de réseau de soins inclura les médecins généralistes.

Pour les traitements plus lourds, des pôles de référence seront identifiés au niveau régional, impliquant une collaboration entre hôpitaux universitaires et centres régionaux de lutte contre le cancer. En outre, un égal accès aux médicaments sera garanti par l'harmonisation de leur financement entre secteur public et privé.

Quand la guérison n'est pas au bout du traitement, "le droit le plus élémentaire du malade de ne pas souffrir" sera pris en compte avec le développement des soins palliatifs.

Combattre le cancer, c'est aussi accompagner les malades et leur famille. Pour améliorer la vie quotidienne des malades, le gouvernement se donne l'objectif de combattre les discriminations au travail et les discriminations dans l'accès aux prêts et aux assurances. "Le retour à l'emploi doit être favorisé", a-t-il déclaré. Et pour permettre aux parents d'être pleinement aux côtés de leur enfant malade, l'allocation de présence parentale sera améliorée.

RECHERCHE : DES CANCÉROPOLES RÉGIONAUX

Au chapitre de la recherche, l'ambition est d'éviter la dispersion en constituant des cancéropoles régionaux qui associent les compétences des grands instituts et des centres hospitalo-universitaires.

Le premier effort sera le développement des registres du cancer alors que certains cancers comme les lymphomes progressent sans que nous sachions pourquoi. Le deuxième axe de recherche sera la génétique qui permet de mieux comprendre comment se développent les tumeurs et qui est "une promesse" de traitements nouveaux. Le troisième axe est une nouvelle impulsion à la recherche clinique qui permet notamment de tester les molécules.

Toutes ces actions seront mises en oeuvre sous l'impulsion et le pilotage d'un Institut national du cancer.

"Cet institut aura pour mission d'animer les politiques de d'information et de prévention, d'élaborer et de diffuser les normes de qualité des soins. L'institut aura également pour mission de veiller à la nécessaire harmonisation de notre effort de recherche, en proposant et en finançant des actions de recherches interdisciplinaires", a indiqué Jacques Chirac.

Cet institut associera à son fonctionnement des chercheurs, des médecins et des représentants des associations. Et elle devrait avoir une grande soeur : une agence européenne du cancer que Jacques Chirac entend bien impulser.

Jacques Chirac mobilisera les moyens (un demi-milliards d'euros) à la hauteur de l'enjeu. Il a rappelé qu'"au cours des dix dernières années, [le cancer"> a fait autant de victimes [en France"> que le conflit le plus meurtrier de notre histoire, la Première guerre mondiale, soit un million et demi de personnes".

Il a évoqué la "souffrance des patients et de leurs proches", et le fait que cette maladie reste taboue car "on continue d'éviter d'appeler le cancer par son nom"./yg

Retrouvez toutes les infos sur le site du ministère de la santé : http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/cancer/index2.htm