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Philippe Douste-Blazy annonce un moratoire sur la fermeture de lits en psychiatrie

Publié le 20/12/2004

Une infirmière et une aide-soignante ont été retrouvées samedi matin dans le pavillon de psycho-gériatrie du centre hospitalier, l'une égorgée et l'autre décapitée dans une mise en scène particulièrement macabre.

Après une réunion de plus de deux heures à laquelle ont participé près de trente représentants de différentes organisations dont la Fédération hospitalière de France (FHF), la Fédération française de psychiatrie, la confédération des hôpitaux généraux (CHG), l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), la Coordination des médecins hospitaliers, le SAMU de France, l'AMUHF, plusieurs psychiatres dont le Dr Philippe Cléry-Melin, et des représentants du ministère de l'Intérieur, le ministre a annoncé différentes mesures lors d'un point-presse.

Outre le moratoire sur la fermeture de lits en psychiatrie, Philippe Douste-Blazy a demandé que "les services des urgences et certains services de psychiatrie, qui en feraient la demande soient reliés directement aux commissariats".

Cela nécessite également "un dispositif d'alerte posé pour certains professionnels", a-t-il ajouté.

Il a également annoncé un "probable" avancement de calendrier du plan santé mentale pour le 15 février voire "même avant".

Le ministre va diligenter une mission de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) au centre hospitalier spécialisé de Pau sur les problèmes liés au manque d'effectifs et les difficultés budgétaires, et les raisons pour lesquelles les difficultés de l'hôpital n'ont pu être prises en considération jusqu'à présent.

Il a annoncé durant la réunion l'annulation du gel des crédits du CH, rapporte David Causse, représentant de la FHF.

Les droits des soignants, évoqués durant la réunion, pour ce qui relève tout aussi bien de leur sécurité, que d'une meilleure reconnaissance de leur rôle, ont trouvé un écho auprès du ministre.

"Il faut donner plus de reconnaissance à ces hommes et à ces femmes qui traitent les plus fragiles d'entre nous, car ce sont des gestes invisibles, compassionnels, d'affection", a estimé Philippe Douste-Blazy.

"Il faut pour le moment réfléchir", a-t-il ajouté.

UNE MINUTE DE SILENCE À 12 H DANS LES ETABLISSEMENTS

Le ministre a également annoncé que la légion d'honneur serait donnée à chaque victime et que la demande serait faite au Président de la République d'attribuer à leurs enfants le statut de "pupille de la nation".

En outre, une minute de silence sera observée lundi à 12h dans tous les hôpitaux publics et privés.

Le ministre et les autres participants ont rappelé qu'il ne fallait surtout pas stigmatiser les patients en psychiatrie et faire un "amalgame" entre dangerosité et psychiatrie.

"Ne faisons pas de bond en arrière avec ce qui s'est passé, avec 1,5 million de patients [qui consultent un psychiatre">, ne stigmatisons pas tous ceux qui sont soignés", a soutenu le ministre.

"Ces mesures symboliques sont importantes car elles donnent l'impression que ces deux femmes sont mortes à la pointe du combat. Un infirmier avait été égorgé au centre hospitalier du Vinatier (Bron, Rhône-Alpes) en avril 2001 et personne ne s'était déplacé", a commenté à APM Santé David Causse.

Philippe Douste-Blazy a également pris acte de la dégradation budgétaire de la psychiatrie et qu'il y avait un vrai problème en terme de démographie et de formation, a rapporté David Causse.

LES ORGANISATIONS RÉAGISSENT PLUTÔT POSITIVEMENT

"On va canaliser les énergies pour essayer de faire progresser les problèmes liés à la sécurité dans les hôpitaux", a réagi Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AHMUF) à l'issue de la conférence de presse.

Un dispositif téléphonique d'accès direct à la police, avec un numéro préférentiel, a été installé dans son service en 2000. Il estime qu'entre deux à trois appels sont passés tous les mois au commissariat, "mais quand on appelle, ils savent que c'est très grave", souhaitant une généralisation de ce système.

Le Pr Jean-Charles Pascal, président de la Fédération française de psychiatrie, a estimé que "les agressions pendant les gardes de nuit ne sont pas des cas isolés en psychiatrie ou dans les urgences".

"Nous sommes contre la fermeture de lits, elle nous amène à faire sortir des patients beaucoup trop tôt. Il y a des moments du soin où les lits représentent une nécessité absolue", a-t-il par ailleurs spécifié.

Le Dr Eric Malapert, président du syndicat des psychiatres d'exercice public (SPEP) déclare se "méfier des effets d'annonce" car certaines régions sont suffisamment dotées en lits. Il faudrait que ce moratoire se décline en fonction des régions.

"L'idée est d'ajuster les lits en fonction des besoins de la population et de la région" a confié à APM Santé le Dr Philippe Cléry-Melin, l'un des auteurs du plan santé mentale, rapportant qu'au cours de la réunion, les avis avaient été divergents sur la fermeture de lits selon les besoins des régions.

Il s'agit de mieux coordonner le médico-social et le sanitaire, a-t-il également soutenu.

Saluant les mesures symboliques, mais en attente de mesures "concrètes", Rachel Bocher présidente de l'INPH, estime que la difficulté actuelle est de faire face à la crise démographique et surtout à la crise des vocations./ml/ajr


Source : infirmiers.com