Pénurie en personnel soignant qualifié

Cette enquête a été réalisée avec le fonds d'assurance formation de la branche, Unifaf, auprès de 16.500 établissements et services adhérents, dont la Fédération des établissements hospitaliers et d'assistance privés à but non lucratif (Fehap), la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer (FNCLCC), la Croix-Rouge française, la Fédération de référence des associations gestionnaires d'établissements et services pour personnes handicapées (Fegapei) et le Syndicat national au service des associations du secteur social et médico-social (Snasea).

Elle dresse un état des lieux de la situation de l'emploi dans la branche (structures des emplois, pyramide des âges, poids des secteurs) et pointe également les phénomènes de mobilité, les difficultés de recrutement et les besoins de qualification des établissements. Elle détaille ensuite l'impact "aujourd'hui et demain" des spécificités des huit secteurs de la branche, notamment les secteurs sanitaire, des personnes âgées et du handicap.

Dans le secteur des personnes âgées, les infirmiers (7%) et les aides-soignants (26%) représentent un peu plus du tiers des 63.300 emplois en 2007, par rapport à un peu plus d'un quart en 2000.

L'observatoire souligne que ce secteur est le moins attractif de la branche en raison de la moindre valorisation du travail pour les personnels de soins, des difficultés liées au public accueilli, de la pénibilité des conditions d'emploi, des moyens limités et du faible taux d'encadrement (6% par rapport à 15% pour la branche).

Il dresse un "portrait sombre" de l'emploi dans ces établissements en observant qu'il est "particulièrement difficile" de recruter du personnel qualifié, "essentiellement pour les postes d'infirmiers et d'aides-soignants". Le nombre d'établissements éprouvant des difficultés de recrutement est 38% plus élevé que ce qui est observé dans l'ensemble de la branche. "De ce fait, une partie des postes d'aides-soignants sont occupés par des personnes qui n'en ont pas la qualification", ajoute l'observatoire.

Il insiste sur le "besoin de qualification très important et difficile à satisfaire compte tenu du taux de démission également élevé" (supérieur de 42% à la moyenne de la branche).

"On vieillit peu dans le secteur (...) la part des 55 ans et plus, sans être négligeable (11%), est conforme à la moyenne nationale" et touche plus particulièrement les médecins et les directeurs.

L'observatoire observe par ailleurs que le nombre d'aides médico-psychologiques en établissement d'hébergement pour personnes âgées (EHPA) est encore très faible avec 4% des effectifs.

Après avoir insisté sur l'"explosion" des besoins, l'évolution des prises en charge et la croissance attendue des effectifs des EHPA, il souligne l'importance de qualifier du personnel pour les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) qui accueillent désormais des personnes "sur des durées plus courtes, en fin de vie". Il souligne aussi la difficulté de renforcer la fonction de coordination des soins, "tant au travers du personnel infirmier qu'au travers du médecin coordinateur dont l'expertise reconnue en gériatrie ou en gérontologie est de plus en plus appréciée".

L'enquête conclut toutefois que, "tant que la filière gériatrique ne sera pas requalifiée et que les conditions de travail ne s'amélioreront pas, la pénurie des personnels de soins qualifiés ne devrait pas s'atténuer".

LA BRANCHE REPRESENTE ENVIRON 12% DU SECTEUR SANITAIRE

Au niveau de la branche, les effectifs ont augmenté de 51% depuis 2000 pour atteindre 560.600 emplois (dont 74% occupés par des femmes et 88% de CDI), ce qui s'explique notamment par la croissance des emplois d'environ 3% par an mais surtout par l'arrivée de nouveaux adhérents. La branche rassemble une très grande partie du secteur du handicap, les trois quarts du social, moins de 20% du secteur des personnes âgées et entre 11% et 13% du secteur sanitaire, soit une part équivalente au secteur privé lucratif.

Plus des trois quarts des effectifs sont concentrés dans des structures de moins de 200 personnes. L'enquête montre que 12% des emplois de la branche se trouvent dans les établissements hospitaliers de court séjour, 8% dans les instituts médico-éducatifs (IME) et les instituts médico-pédagogiques (IMP) et 8% dans les maisons de retraite.

Le domaine "médical et soins" compte 196.500 emplois (35%) dont 4% dans le médical, 24% dans les soins (dont 46.500 aides-soignants et 43.300 infirmiers) et 7% dans le paramédical.

L'enquête indique que près de 14% des emplois de la branche sont occupés par des salariés de plus de 55 ans, ce qui est supérieur à la moyenne nationale, avec un vieillissement "très sensible" des professions médicales, un tiers des médecins se trouvant dans cette tranche d'âge.

"Deux établissements sur cinq estiment avoir de sérieuses difficultés de recrutement mais les résultats varient beaucoup selon la taille de l'établissement et ses exigences en termes de qualification", précise l'observatoire.

Dans le secteur sanitaire, un établissement sur deux (deux sur trois dans le moyen et long séjour contre seulement un sur quatre en psychiatrie) déclare avoir des difficultés de recrutement susceptibles de modifier son organisation.

Au moment du lancement de cette enquête en février, l'observatoire avait indiqué que son enjeu était d'éclairer les partenaires sociaux, qui "auront à négocier un nouvel accord de branche sur la formation professionnelle, dès l'automne prochain", de doter la branche "d'un outil de diagnostic et de prospective" et de soutenir les "dynamiques régionales" .

(Enquête emploi 2007 de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale privée à but non lucratif, l'Observatoire prospectif des métiers et des qualifications et Unifaf, 20 décembre, 135 pages)