«La sécurité des soignants est un enjeu majeur. Il est inacceptable que ceux qui nous soignent soient agressés. Ça ne doit pas être un frein à la volonté de certains de s'engager», a résumé la ministre déléguée chargée des Professions de Santé, Agnès Firmin-Le Bodo. Quelque «30 000 actes de violences» annuels sont décomptés dans les établissements de santé et 1 200 l'ont été par l'Ordre des médecins en 2022, des chiffres «sous-estimés» car les professionnels signalent peu les violences, a-t-elle déploré.
Prévention, sécurisation du cadre d'exercice, accompagnement des victimes
Fruit d'un «travail collectif» avec les ministères de la Justice, de la Fonction publique et des Solidarités, ce plan comprend trois grands axes: la prévention, la sécurisation du cadre d'exercice et l'accompagnement des victimes. La ministre a assuré que «la tolérance zéro» serait «de mise» pour les agressions physiques comme verbales tandis qu'une campagne d'affichage sera organisée dès le mois de novembre.
Les sanctions pénales vont être «renforcées», avec la création d'un «délit d'outrage» contre les professionnels libéraux -qui existe déjà pour les hospitaliers- ou la possibilité nouvelle pour un directeur d'établissement de se joindre à la plainte d'un agent. L'exécutif veut aussi inciter à signaler ou à porter plainte et veut également améliorer l'accompagnement des victimes, par exemple en «systématisant» la prise de plainte dans l'établissement ou en cabinet. Les soignants seront par ailleurs formés «à la gestion de l'agression», pour être capables «en amont, de déceler et prévenir une agressivité qui monte», dans le cadre des formations continue et initiale.
Les systèmes d'alerte et de géolocalisation (de type bracelet permettant d'appeler au secours, au «prix moyen de 50 euros») sont encore méconnus des professionnels libéraux qui effectuent des visites à domicile et sont «très exposés», ou des internes qui «se déplacent seuls la nuit dans de grands établissements», a ajouté la ministre, qui veut les «faire connaître et les mettre à disposition». La sécurité se joue aussi dans «l'arrangement des bâtiments», notamment dans les services d'urgences, parfois «mal conçus pour accueillir et gérer autant de flux, et gérer l'attente», a-t-elle observé.
L'Ordre salue ce plan
L'Ordre National des Infirmiers (ONI), qui a pris ce sujet «à bras le corps depuis de nombreuses années», s'est réjouit de ce plan gouvernemental. Pour Patrick Chamboredon, Président de l’Ordre : « Ce plan de sécurité pour les personnels soignants était devenu une nécessité absolue et particulièrement pour la profession infirmière - qui est souvent le premier et seul contact avec le patient - et qui est donc la plus exposée face aux violences». En mai dernier, lors de la consultation lancée par l’ONI et à laquelle 31 281 infirmiers avaient répondu, 66% déclaraient avoir été victimes de violences dans leur exercice professionnel et 73 % déclaraient en avoir été témoins.
Pour sensibiliser l’ensemble de la profession à l’importance de déclarer les violences, l'Ordre a lancé un Observatoire de la sécurité des infirmiers. Les infirmiers peuvent trouver en ligne un formulaire de déclaration pour informer le Conseil Départemental de l’Ordre et, s’ils en ressentent le besoin, d’en demander l’assistance. Des fiches présentant les différents cas de violence que les infirmiers peuvent constater ou subir eux-mêmes sont également disponibles.
Retrouvez le plan interministériel pour la sécurité des professionnels de santé.
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