Dans la perspective de la refonte du métier infirmier et de la formation socle, l’Ordre national des infirmiers (ONI) a organisé une consultation auprès de plus de 35000 professionnels professionnels*. L’objectif : leur permettre de « s’exprimer sur la formation actuelle et les changements pouvant être envisagés », expose-t-il dans le communiqué accompagnant les résultats.
1 professionnel sur 2 estime ainsi que les missions qui lui sont confiées vont au-delà du contenu de l’enseignement théorique
Ceux-ci démontrent un fort sentiment chez les infirmiers d’inadéquation entre la formation et les réalités de l’exercice. 1 professionnel sur 2 estime ainsi que « les missions qui lui sont confiées vont au-delà du contenu de l’enseignement théorique délivré pendant la formation. » Cette impression est particulièrement prégnante chez les infirmiers qui sont diplômés depuis moins de 10 ans : 63% d’entre eux en témoignent.
1 jeune diplômé sur 2 juge que la formation est un "motif de désenchantement "
L’autre donnée critique concerne les étudiants. La moitié des diplômés jugent en effet que la formation est un « motif de désenchantement » et qu’elle les retient de recommander de s’engager dans leur métier. L’étude vient également confirmer une perte d’attractivité de la formation, sur laquelle alertent à la fois les représentants des étudiants et les professionnels eux-mêmes. « 41% des répondants disent avoir songé à abandonner leurs études », relève ainsi l’Ordre. Ce chiffre atteint 67% chez ceux diplômés depuis moins de 5 ans.
70% des infirmiers auraient souhaité un accompagnement plus important au cours de leurs études
Les infirmiers pointent notamment un manque d’accompagnement durant leurs études : 7 répondants sur 10 auraient souhaité un soutien plus important.
Les propositions de l'Ordre...
Diversifier les lieux de stage
Afin de mieux adapter la formation aux réalités du terrain et renouveler son attractivité, l’Ordre propose de renforcer les passerelles entre les différents cursus de formation et de les décloisonner, et de favoriser l’évolution professionnelle. Il plaide également pour une diversification des lieux de stages en fonction des projets professionnels de chaque étudiant. « Cela améliorera la connaissance des différentes structures existantes, de leur champ d’intervention et de leurs missions », fait-il valoir. Trop souvent, les premiers stages sont identifiés comme cause principale d'abandon des études infirmières.
Renforcer le système de tutorat
L'ONI souligne également l’intérêt de faire évoluer le système de tutorat. Actuellement, celui-ci ne permet pas de prendre correctement en charge les étudiants, la faute à une pénurie de personnels disponibles. Pourtant, 69% des répondants déclarent être prêts à s’investir dans le tutorat, qui est perçu comme un levier de réussite. L’Ordre évoque la possibilité de mettre en place des modules de formation dédiés, mais aussi une meilleure reconnaissance de cette activité.
Mettre en place une certification périodique
Enfin, il fait le pari du renforcement de la validation des acquis de l’expérience et des acquis professionnels tout au long de du parcours. Il met ainsi en avant le dispositif de certification périodique, qui permettra « l’amélioration des compétences et des connaissance », contribuera « au renforcement de la qualité des pratiques » et améliorera la relation entre soignants et soignés.
Remplacer le décret d'actes par un décret par missions
Plus largement, l’Ordre rappelle la nécessité de remplacer le décret d’actes, qui cadre actuellement l’exercice infirmier, par un décret par missions. « Il reflètera l’activité réelle et quotidienne des infirmiers auprès des patients », avance-t-il. Disposant d’une cartographie exhaustive des effectifs infirmiers sur le territoire, il doit aussi être intégré dans les discussions portant sur le nombre de place à ouvrir en instituts de formation en soins infirmiers. Ces chiffres, relève-t-il, doivent être « en adéquation avec les besoins de la population du bassin de vie d’implantation » des établissements qui y sont installés.
Les premiers résultats des discussions autour de la refonte du métier, qui constituent un préalable à l'ouverture des groupes de travaux sur la formation, sont normalement attendus pour le premier trimestre 2024.
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