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Meurtre en Isère: un geste imprévisible, affirme le médecin de l'agresseur présumé

Publié le 14/11/2008

Le geste du patient hospitalisé à Saint Egrève (Isère) qui est soupçonné d'avoir commis un meurtre mercredi était "imprévisible", a déclaré jeudi à l'APM le chef du service dans lequel était hospitalisé l'agresseur présumé, le Dr Pierre Cornier.

Selon le Dr Cornier, le patient était hospitalisé sous contrainte depuis plus de deux ans et bénéficiait de deux permissions par semaine d'environ une heure durant lesquelles il pouvait sortir de l'hôpital pour faire des courses. En dehors de ces permissions délivrées par la préfecture, ce patient pouvait circuler dans le parc de l'établissement.

C'est au cours d'une de ces sorties dans le parc de l'hôpital qu'il a fugué mercredi. Il s'est ensuite rendu à Grenoble où il a acheté un couteau et a commis l'agression sur l'étudiant de 26 ans qui a succombé à ses blessures.

Le chef de service a expliqué que ce patient est un "grand malade mental", suivi en psychiatrie depuis le début des années 1980, mais "qu'aucun élément ne permettait de prévoir le geste" commis mercredi.

"Le patient était compliant et ne présentait aucun trouble du comportement ni de signe d'aggravation de sa maladie", a déclaré le Dr Cornier qui estime que son geste n'était pas "prévisible cliniquement".

Il a précisé que le service où était hospitalisée cette personne bénéficiait mercredi d'un effectif "normal" et qu'il était "impossible d'anticiper ce drame".

Interrogé par l'APM, le président de la Commission médicale d'établissement (CME) du CH de Saint Egrève, le Dr Pierre Murry, a estimé que ce drame mettait en lumière le caractère "sinistré de la psychiatrie".

"Le drame de Pau n'a servi à rien. Nous avons des patients dangereux que nous ne pouvons pas hospitaliser en raison du manque de lits et qui se retrouvent à l'extérieur", a-t-il déclaré.

Il affirme que la politique nationale de fermeture de lits en psychiatrie a conduit à établir "des listes d'attente" de patients qui font l'objet d'une décision d'hospitalisation sous contrainte et à mettre "dans la rue des patients bien plus dangereux que le patient qui a commis l'agression mercredi qui, lui, était stabilisé".

"La psychiatrie n'est plus en capacité d'assurer la sécurité de la population", a déclaré le Dr Murry.

UNE ENQUETE INTERNE

La direction de l'hôpital de Saint Egrève a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête interne mais elle estime qu'aucun dysfonctionnement n'est mis en lumière par les premières constatations.

Le parquet de Grenoble va demander des expertises pour préciser l'état mental de l'auteur du crime et dire s'il est pénalement responsable.

Le président de la République a réuni jeudi à l'Elysée les ministres concernées par cette affaire.

Dans un communiqué de presse, le député socialiste Jean-Marie Le Guen (Paris) a invité le chef de l'Etat à "ne pas stigmatiser les malades, à ne pas instrumentaliser la médecine et à faire de la politique de santé une des priorités de santé publique de notre pays".

Il pense que le drame de Grenoble souligne de "façon caricaturale la présence de la maladie psychiatrique dans notre société et la faiblesse de notre politique de santé mentale".

Le président de la République a réuni jeudi les ministres chargées de la santé, de la justice et de l'intérieur pour "faire le point sur les circonstances exactes de ce meurtre et d'examiner toutes les mesures nécessaires pour éviter qu'un tel drame se reproduise", rappelle-t-on.

Dans un communiqué, l'Elysée indique que le président a demandé aux trois ministres de "préparer sans délai une réforme en profondeur du droit de l'hospitalisation psychiatrique destinée notamment à mieux encadrer les sorties des établissements".

La réforme devra aussi permettre d'"améliorer la surveillance des patients susceptibles de représenter un danger pour autrui dans le cadre notamment de la création d'un fichier national des hospitalisations d'office" et de "clarifier le partage des compétences administratives dans le pilotage de ces dossiers".

Au cours de cette réunion, il a également été décidé de lancer une enquête de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) qui devra rendre ses conclusions dans les 72 heures. Cette mission aura pour objectif principal de "déterminer les responsabilités de ce drame dans la perspective de sanctions éventuelles".

L'Elysée indique aussi qu'une information judiciaire a été ouverte.


Source : infirmiers.com