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GRANDS DOSSIERS

Maladies transmissibles et infections

Publié le 05/03/2009

1. Introduction

Le sapeur pompier est en contact fréquent avec des malades qui peuvent présenter des infections. Pour ne pas craindre injustement cette promiscuité mais éviter de prendre des risques inutiles, il faut connaître les maladies dangereuses et savoir prendre les moyens de prévention adaptés.
A l'inverse, les actions de prompt secours ne doivent pas être à l'origine d'une transmission de microbes de malade à malade ou de sauveteur à malade. Ce qui nécessite de connaître les règles élémentaires d'hygiène et d'asepsie.
Les maladies transmissibles susceptibles d'être rencontrées à l'occasion du service sont relativement peu nombreuses mais méritent d'être connues :

  • maladies transmises par le sang et les liquides biologiques: SIDA, hépatites virales B et C
  • maladies contagieuses infectieuses : méningite cérébro-spinale, tuberculose, leptospirose, hépatite A
  • maladies liées à des parasites: pédiculose, gale.

2. Le S.I.D.A.

2.1 La maladie

Le syndrome d'immuno-déficience acquise est une maladie causée par un virus, appelé VIH (virus de l'immuno-déficience humaine) ou, en anglais, HIV. Le virus s'attaque au système immunitaire qui est chargé de défendre l'homme contre toutes sortes d'agressions, en particulier contre les microbes. Il se multiplie dans certains globules blancs, qui font partie de ce système, en perturbant leur fonctionnement.
On parle d'infection à VIH lorsque le virus s'est installé dans ces cellules, mais elle peut prendre plusieurs formes :

  • le virus peut « dormir », sans provoquer de maladie, pendant plus d'une dizaine d'années; mais la personne infectée possède des anticorps contre le virus ( on dit qu'elle est séropositive pour le VIH) et elle peut transmettre l'infection ;
  • il peut devenir actif, et affaiblir le système immunitaire qui laisse alors s'installer des maladies plus ou moins graves (cancer, mais surtout infections) : c'est le SIDA.

Dans l'état actuel des connaissances, lorsque la maladie est déclarée, elle est toujours mortelle.

2.2 Modes de transmission

Le virus est fragile et ne peut pas survivre dans l'environnement en dehors de l'organisme. Il ne se transmet ni par l'air, ni par contact cutané, ni par l'alimentation. Il se transmet d'une personne infectée à une autre :

  • lors de rapports sexuels, homo et hétérosexuels, si ces rapports ne sont pas protégés par l'utilisation correcte de préservatifs (une fois peut suffire, mais multiplier les partenaires sans se protéger, c'est multiplier le risque).
  • par le partage de seringues et aiguilles chez les toxicomanes utilisant des drogues par voie intraveineuse
  • par la piqûre accidentelle, le contact d'une plaie, d'une muqueuse (bouche, reil) avec des produits biologiques contaminés, du sang infecté
  • par voie « foeto-maternelle », transmission du virus par une femme enceinte infectée à son bébé pendant la grossesse ou, plus rarement, lors de l'accouchement et de l'allaitement.
  • lors de transfusion, de greffes d'organes, d'insémination artificielle. ..( ces modes de transmission sont devenus exceptionnels en France).

Le risque de contamination au contact d'une personne infectée, qu'elle soit malade ou simplement « porteur sain », est exceptionnel.

2.3 Prévention dans le cadre du prompt secours

En intervention, il faut systématiquement utiliser des gants pour prendre en charge une victime qui saigne pour éviter le contact direct avec le sang. Les objets dangereux doivent être écartés avec précaution et conservés dans des « containers » qui éviteront les piqûres accidentelles. Après utilisation, le matériel doit être immédiatement rincé et désinfecté dès que possible.
En cas de blessure accidentelle, il faut désinfecter immédiatement la plaie et signaler au plus tôt l'accident au service médical; en fonction du risque (nature du contact, type de victime...), le médecin prescrira un simple dépistage (renouvelé au Je mois et avant la fin du 6e mois) ou un traitement précoce spécifique.

2.4 A savoir

  • La réutilisation sans précaution de matériels piquants professionnels (coiffure, acupuncture, tatouage, percement d'oreille...) est dangereuse. L'idéal est l'utilisation la plus large possible de matériel à usage unique; si ce n'est pas le cas, il faut s'assurer que le matériel réutilisable a été stérilisé;
  • Les modes de stérilisation habituels du matériel médical et chirurgical sont efficaces mais les protocoles doivent être strictement respectés; le virus est très sensible aux méthodes classiques de désinfection: chaleur, alcool à 70°, eau de Javel, Bétadine.
  • Le V.I.H. a été isolé en faible quantité dans de nombreux liquides biologiques (salive, sueur, larmes, urines...) mais en trop faible quantité pour qu'ils représentent un risque de contamination dans la vie quotidienne.

3. Les hépatites transmissibles

3.1 La maladie

L 'hépatite est une maladie du foie qui peut avoir plusieurs origines, en particulier toxique (alcool) et infectieuse (virus). En dehors du virus de l'hépatite A, qui se transmet par l'alimentation, deux virus d'hépatites transmissibles sont actuellement identifiés: les virus des hépatites B et C (V.H.B et V.H.C).
L'infection passe souvent inaperçue mais l'hépatite peut se manifester par des troubles digestifs comme des vomissements, un dégoût des aliments; elle est souvent associée à une fatigue importante et une coloration jaune des yeux ou de la peau qu'on appelle ictère ( « jaunisse » ).
La maladie guérit dans la plupart des cas et le virus peut être définitivement détruit par le système immunitaire. Mais certaines infections sont très graves peuvent aussi mettre la vie en péril en quelques jours. La maladie peut aussi devenir chronique ou être responsable de complications comme le cancer, la cirrhose du foie.
Mais l'infection par les virus B et C peut aussi rester latente: le virus reste « en sommeil », sans causer de maladie aux personnes infectées qui restent susceptibles de transmettre la maladie, d'où leur appellation de « porteurs sains ». La séropositivité pour le V.H.B ou le V.H.C (séropositivité) montre   que l'on a été en contact avec celui-ci mais n'implique pas obligatoirement que l'on est malade ou contagieux.

3.2 Modes de transmission

Les virus se transmettent d'une personne infectée à une autre selon les mêmes modalités que le virus du SIDA; mais en plus, la présence de ces virus dans la salive rend possible une contamination par cette voie lorsqu'il existe une plaie ou une lésion cutanée, en cas de morsure par exemple.

3.3 Prévention dans le cadre du prompt secours

Les règles de prévention prises pour la prévention du SIDA sont efficaces sur la transmission des virus des hépatites transmissibles.
Il existe un vaccin très efficace contre l'hépatite B qui est obligatoire aujourd'hui chez les sapeurs- pompiers.

3.4 A savoir

Dans le cas des hépatites C, pour des raisons encore mal précisées, les contacts répétés avec des sujets infectés dans les conditions de la vie familiale ou scolaire réalisent également des situations susceptibles de transmettre la maladie.

4. L'hépatite virale A

4.1 La maladie

L 'hépatite A reste avant tout une maladie bénigne. Elle n'est grave que dans de très rares formes fulminantes et elle ne passe pas à la chronicité. Elle peut passer inaperçue ou se manifester comme toute hépatite par un ictère: c'est la banale jaunisse. Il n'existe pas de traitement spécifique contre cette maladie mais elle guérit le plus souvent sans séquelle après repos et régime alimentaire.

4.2 Modes de transmission

Le V .H.A se trouve essentiellement dans la salive et les sécrétions digestives. Particulièrement résistant, la dissémination à partir des malades se fait essentiellement par les selles et l' alimentation souillée (maladie « des mains sales » ).

4.3 Prévention

La prévention de la maladie passe par des règles individuelles et collectives d'hygiène, ce qui explique que le risque infectieux soit très limité en France.
Il existe depuis peu un vaccin efficace, bien toléré, que l' on réserve aux sujets à risque comme les voyageurs se rendant outre-mer ou les personnels amenés à travailler dans les égouts

5. La tuberculose

5.1 La maladie

C'est une maladie essentiellement pulmonaire (70% des cas), due à un microbe appelé bacille de Koch (BK). Mais elle peut toucher d'autres organes comme l'appareil génito-urinaire et les os. Elle est favorisée par les mauvaises conditions de vie, d'hygiène et les troubles de l'immunité (S.I.D.A.).

Les signes de la tuberculose pulmonaire sont fièvre, toux chronique pouvant ramener des crachats sanglants. Le bacille de la tuberculose est sensible à certains antibiotiques. Le traitement dure de 6 à 9 mois mais le sujet n'est plus contagieux en quelques semaines.

5.2 Modes de transmission

Le bacille se transmet avant tout par voie aérienne, de sujet à sujet, lors de la toux.
Un crachat peut être très riche en bacilles, mais ils sont rapidement tués par les ultraviolets présents
dans la lumière du jour, même sans soleil. Par contre ils restent viables très longtemps à l'abri de la lumière, sur une surface à l'ombre. Des bactéries viables sont donc présentes sur et dans les vêtements des malades tuberculeux toussant plusieurs fois par jour...

5.3 Prévention dans le cadre du prompt secours

La tuberculose fait l'objet d'une prévention systématique avec la vaccination, ou la revaccination, obligatoire par le B.C.G. des sujets négatifs au test tuberculinique, jusqu'à l'âge adulte.
Le risque du transport d'un malade tuberculeux est limité pour le secouriste à condition d'éviter les crachats directs du patient. Il faut aérer et désinfecter l'engin qui a transporté le malade

6. La méningite cérébro-spinale

6.1 La maladie

Les méninges, qui protègent le cerveau, peuvent être infectées par plusieurs sortes de microbes ou de virus. L'atteinte la plus grave, la méningite cérébro-spinale, est liée à un bacille appelé méningocoque . C'est une affection qui est encore fréquemment mortelle, dans près d'un cas sur dix, et qui peut laisser des séquelles neurologiques graves en l'absence d'un traitement précoce.
Le malade doit être hospitalisé pour traitement et isolement. En fonction du type de méningocoque et du risque de contagion, on peut proposer un traitement antibiotique préventif ou une vaccination.

6.2 Modes de transmission

Le méningocoque vit habituellement dans les voies respiratoires (nez, gorge) sans occasionner de trouble, mais il arrive qu'il devienne soudain virulent. Du fait de la fragilité du microbe dans le milieu extérieur, la transmission se fait exclusivement par voie aérienne directe, qui est favorisée par la promiscuité et la vie en collectivité.

6.3 Prévention dans le cadre du prompt secours

Le simple transport d'un malade ne justifie pas d'une prévention systématique.
Si des gestes ont été pratiqués qui font courir un risque plus important de transmission, une antibiothérapie ou une vaccination peuvent être prescrits à titre préventif.

7. La leptospirose

C'est une maladie peu fréquente, caractérisée par de la fièvre et un ictère, qui touche principalement certains professionnels comme les égoutiers, les plongeurs. Il existe un traitement efficace qui repose sur la prescription d'antibiotiques.
Le microbe est d'origine animale, avec une forte prédominance chez les rongeurs.

8. La pédiculose

La pédiculose correspond à la présence de poux ou de lentes vivants sur le corps. Elle atteint le plus souvent le cuir chevelu mais peut aussi se voir sur d'autres parties: poils pubiens, aisselles, moustaches...
Le traitement impose l'emploi de substances anti-parasitaires et la désinfection de la lingerie.
La transmission se fait par contact direct avec les zones atteintes, les vêtements ou la literie.
La prévention passe par une bonne hygiène corporelle et vestimentaire, le nettoyage et la désinfection de la cellule du véhicule qui a fait le transport...

9. La gale

C'est une maladie de la peau causée par un acarien qui creuse de petites galeries sous la peau pour y pondre ses œufs, causant rougeurs et démangeaisons. Les lésions siègent le plus fréquemment au niveau des mains et des pieds mais chez les personnes à l'hygiène précaire, la gale peut être plus diffuse.

La transmission se fait par contact cutané avec les lésions, mais aussi la literie, les vêtements. Le traitement repose sur l'emploi de produits anti-parasitaires et la désinfection de la lingerie.Dr Thomas HERVE
BSPP


Source : infirmiers.com