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Les services de réanimation ne sont pas aux normes

Publié le 18/01/2008

La SRLF a souhaité pour cette 36ème édition de son congrès, qui a ouvert ses portes mercredi et se tient jusqu'à vendredi au Cnit Paris-La défense, "améliorer sa communication" et amener à une prise de conscience des problèmes de cette spécialité récente, a indiqué le Pr Fourrier.

L'organisation et le fonctionnement des services de réanimation sont régis par les décrets parus en avril 2002, qui définissent trois niveaux d'activité: la réanimation, les soins intensifs et la surveillance continue, a-t-il rappelé.

La réanimation proprement dite concerne les patients présentant plusieurs défaillances viscérales aiguës, mettant en jeu directement le pronostic vital et impliquant la mise en oeuvre de techniques de suppléance vitale.

Cette activité est spécifiquement prise en charge dans des unités de réanimation soumises à autorisations délivrées au niveau régional, selon des conditions bien définies dans les décrets en question (notamment deux infirmières pour cinq patients, deux aides-soignantes pour huit patients, avec une permanence médicale 24h/24 par des praticiens spécialistes formés...).

Ces conditions ont été fixées afin de garantir un niveau de sécurité maximum pour les patients pris en charge en réanimation.

Ces décrets devaient être appliqués totalement depuis le 7 avril 2007, a souligné le Pr Fourrier.

"Or aujourd'hui, environ la moitié des services français ne sont pas en situation réglementaire!", a déploré le Pr Fourrier.

"Ce n'est pas acceptable", a-t-il déclaré lors de la conférence de presse, fustigeant la désinvolture du ministère pour faire appliquer ces décrets. Alerté de la situation par la SRLF, le ministère aurait répondu que ce n'était pas grave et qu'il ne "viendrait pas contrôler" les services de réanimation pour vérifier s'ils étaient aux normes, a rapporté le Pr Fourrier.

Illustrant ces problèmes avec sa propre expérience, au CHU de Lille, il a indiqué que pour être conforme aux décrets, son service "devrai[t"> fermer quatre lits, passant de 16 à 12 lits."

"Mais que fais-je alors avec les patients qui restent à la porte? Ethiquement, je ne peux pas faire ça. Alors le service reste ouvert à 16 lits. Mais je voudrais mettre les patients en sécurité maximale! Il nous arrive de transférer des malades à Gand ou à Anvers [en Belgique, ndlr">. On fait avec, mais ce n'est pas bien. C'est un vrai dilemme".

Ces problèmes viennent selon lui du fait que le financement est national mais l'organisation se fait au niveau régional. "La régionalisation a un peu cassé le système", a-t-il estimé, et les financements n'arrivent pas toujours où il faut.

DES INEGALITES ENTRE LES REGIONS

Environ 1.500 praticiens exercent la réanimation en France, à 90% à l'hôpital public, a rappelé le Pr Fourrier. Les CH comptent environ 300 services de réanimation, totalisant environ 4.000 lits représentant 4 à 5% des lits de court séjour, d'après les chiffres d'une enquête de la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos) en 2006 rapportés par le président de la SRLF.

La taille moyenne des services de réanimation en CH est de 10 lits, et 400 à 800 patients passent en moyenne dans une unité, chaque année. La mortalité s'élève à 16% en moyenne (de 12% à 30%).

Les CHU abritent également 80 services de réanimation, soit 1.700 lits, représentant 5% des lits de court séjour, avec 12 à 40 lits par unité (15 en moyenne). 60% sont dédiés à la réanimation médicale. Ces unités voient passer entre 400 et 2.000 patients par an, dont le taux de mortalité atteint en moyenne 23% (de 19% à 30%).

Les 5.707 lits de réanimation adulte comptabilisés au total en 2006 sont cependant mal répartis, a souligné le Pr Fourrier. "L'accessibilité des Français à des soins de réanimation de qualité n'est pas égale", a-t-il regretté.

Ainsi, d'après la carte des autorisations de lits de réanimation, l'Alsace et la Lorraine sont les mieux loties avec plus de 15 lits pour 100.000 adultes, tout le Sud-est, l'Ile-de-France, l'Aquitaine et la Basse-Normandie en comptent entre 11 et 15 pour 100.000, mais les Pays-de-la-Loire et la Bourgogne en ont moins de sept pour 100.000.

Pour la réanimation pédiatrique et néonatale, qui dispose seulement de 1.064 lits sur tout le territoire, les inégalités sont aussi frappantes, la Picardie étant la plus mal lotie avec moins de cinq lits pour 100.000 enfants de moins de 15 ans.

"Dans le Nord-Pas-de-Calais, nous n'avons que 16 lits [de réanimation pédiatrique">, tous à Lille, pour à peu près 5 millions d'habitants. Certains habitants sont à plus de 120 km du CHU", a noté le Pr Fourrier.

"Il faudrait que notre pays fasse appliquer ses lois" et "il faut une prise de conscience de la population", a-t-il insisté.

L'application de la réglementation et les mises aux normes ainsi que l'obtention du financement des activités de réanimation sont les défis que la spécialité s'est posés à court terme, a conclu le Pr Fourrier.

A moyen terme, les défis seront l'appropriation des nouvelles technologies, pour parvenir à une "réanimation moins invasive", qui constitue le thème du congrès de la SRLF cette année, ainsi que les questions de démographie médicale et paramédicale, et celle du vieillissement de la population et de la fin de vie.

La SRLF compte 1.300 membres.


Source : infirmiers.com