Ils sont en tout 50 000 professionnels de santé à avoir répondu à la grande concertation nationale relative à leur santé. Lancée en mars dernier par Agnès Firmin-Le Bodo, la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, elle entend remplir un objectif : collecter des données sur le sujet afin d’établir ensuite une feuille de route pour préserver la santé des soignants. Les premiers résultats ont été annoncés mardi 23 mai, à l’occasion du Salon SantExpo par la ministre, accompagnée du chirurgien neuro-orthopédique Philippe Denormandie, l’une des trois personnalités missionnées avec le Dr Marine Crest-Guilluy et l’infirmier Alexis Bataille-Hembert pour piloter la mission, et d’Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France. Si ces résultats doivent encore faire l’objet d’une analyse, « ils nous obligent », a réagi Agnès Firmin-Le Bodo.
Les résultats du questionnaire montrent un niveau de souffrance plus important dans le libéral que dans les établissements de santé.
Stress, fatigue quotidienne, burn-out...
Car ceux-ci sont en effet inquiétants. Seuls 10% des professionnels ayant répondu à l’enquête se disent en bonne santé, contre 63% qui estiment que leur état de santé n’est pas bon. Parmi les causes, ils citent entre autres : le stress au travail (71%), une fatigue quotidienne (64%), des troubles récurrents du sommeil (77%). Et la moitié des soignants consultés indiquent avoir un jour été en situation de burn-out. L’autre enseignement que tire la mission ministérielle de ces résultats met en lumière une disparité importante entre le ressenti des libéraux et ceux des professionnels exerçant en établissement. « Souvent, les gens disent que le surmenage est plus significatif à l’hôpital », a expliqué Philippe Denormandie. « Pourtant, les résultats du questionnaire montrent un niveau de souffrance plus important dans le libéral que dans les établissements de santé. » Un constat qui n’étonne pas Agnès Firmin-Le Bodo, qui a rappelé que les problèmes de santé des soignants sont mieux documentés dans les établissements qu’en ville, et donc plus visibles.
Un accès aux soins toujours limité
Pour ne rien arranger, les soignants se soignent mal. 14% d’entre eux indiquent ne pas avoir de médecin traitant. Quant aux services de santé au travail, un professionnel sur deux déclare ne pas avoir vu de médecin du travail depuis plus de 5 ans ; et parmi ceux qui y ont eu accès, ils ne sont que 11% à estimer que leur dernière consultation « a eu un impact positif ». De quoi remettre en lumière les tabous qui existent encore sur le sujet de la santé de ces professionnels. « La santé des soignants est un sujet peu discuté entre nous, pour différentes raisons. Les professionnels de santé ne veulent pas donner le sentiment d'être faibles », a observé Philippe Denormandie. Et en effet, selon l’enquête, seul un tiers des répondants admettent oser parler de leurs problèmes de santé à leurs collègues. Or, il s’agit d’un véritable enjeu de santé publique, a insisté le chirurgien, car « un professionnel de santé qui ne va pas bien est un professionnel de santé qui ne peut pas soigner correctement. » D’où la nécessité de changer les représentations, tout en s’assurant d’embarquer l’ensemble des professionnels de santé, avec une vigilance accrue sur les aides-soignants et les auxiliaires, particulièrement touchés par le stress mais souvent invisibilisés, a-t-il insisté.
Des solutions envisagées en plusieurs étapes
Face à ces constats, le ministère entend co-construire une feuille de route avec non seulement l’hôpital, mais aussi la ville et le médico-social. Un certain nombre de thématiques ont d’ores et déjà été identifiées comme étant prioritaires, à commencer par la sensibilisation et la formation aux problématiques spécifiques à la santé des soignants. Des programmes seront ainsi mis en place pour accompagner ces professionnels, mais aussi les représentants du personnel et le management sur « la gestion du stress, la promotion de la santé et la prévention des risques psychosociaux ». La prévention qui, de manière générale, doit d’ailleurs être améliorée, notamment en facilitant l’accès aux soins et à la médecine du travail, et plus particulièrement pour les libéraux via « des horaires de consultation adaptés à [leur] emploi du temps. » Il est par ailleurs envisagé de réaliser un focus sur la santé des étudiants : « Nous partirons d’une "génération zéro" et nous verrons comment avancer. Il sera important de construire cette génération de professionnels de santé qui prendra soin de sa propre santé », a ainsi proposé Agnès Firmin-Le Bodo. Enfin, le ministère promet de mener une réflexion plus large sur le recours à l’automédication, particulièrement présente au sein de ces professions
En attendant la publication de cette feuille de route, la ministre a indiqué que des mesures d’urgences seront mises en œuvre dès la fin du mois de juin. Les Agences régionales de santé (ARS) devront, quant à elles, établir un état des lieux des actions qui existent déjà sur le terrain et désigner chacune un référent spécifique sur le sujet.
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