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Le travail de nuit augmente le risque de cancer du sein

Publié le 15/12/2010

Une étude française confirme l'augmentation du risque de cancer du sein chez les personnes travaillant des nuits complètes, surtout si elles sont fréquentes et sur une durée supérieure à 3 ans.

Présentée le 14 décembre 2010 au colloque cancer et travail organisé par l'Association pour la recherche sur le cancer (ARC) et l'Institut national du cancer (Inca), les premiers résultats de l'étude CECILE, française, confirme que le risque de cancer du sein est accru chez les femmes qui travaillent des nuits complètes.

Il s'agit d'une étude cas-témoins sur les facteurs de risques professionnels des cancers du sein en Ille-et-Vilaine et en Côte-d'Or. Elle est menée auprès de 1.234 femmes qui ont eu un diagnostic de cancer posé entre 2005 et 2007 et un groupe témoin de 1.317 femmes appariées pour l'âge.

Cette cohorte constitue une base de données unique en France sur ce thème, avec des renseignements très détaillés sur l'historique professionnel des femmes (avec les horaires pour chaque emploi), et possède peu d'équivalents dans le monde. Les résultats ont été présentés par Pascal Guénel, directeur de recherche Inserm (UMR 1018) à Villejuif (Val-de-Marne) au Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP).

Un risque accru de 30 % pour les infirmières

Ils montrent que les femmes ayant travaillé à un moment quelconque pendant leur carrière au cours de nuits complètes (de 23 heures à 5 heures) ont un risque augmenté de 40% par rapport à celles qui n'avaient jamais travaillé de nuit. Le risque augmente avec la durée du travail de nuit, notamment si cette activité a duré plus de trois ans et aussi selon la fréquence du nombre de nuits travaillées par semaine (plus de trois nuits par semaine).

"Plus les femmes changent de rythme dans la semaine, plus le risque augmente", a indiqué à l'APM Pascal Guénel.

L'étude montre aussi que les infirmières et les ouvrières de l'industrie textile ou les tailleuses et couturières présentent un risque accru de cancer du sein par rapport à la population générale, de l'ordre de 30%. Ces résultats confirment avec une grande précision, des observations déjà rapportées dans la littérature notamment auprès de populations d'infirmières (note de la rédaction d'Infirmiers.com : d'après l'enquête Emploi 2008 de l'Insee, une infirmière sur trois travaille de nuit).

Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classé récemment le travail de nuit comme cancérigène probable, mais la notion est très discutée. "Nos données renforcent l'idée d'un effet délétère du travail de nuit sur le risque de cancer du sein", a commenté le chercheur.

Des hypothèses ont été avancées. Elles font intervenir les perturbations du cycle nuit/jour qui induisent des perturbations hormonales. Il a été montré que le travail de nuit à la lumière supprime le pic de production de mélatonine et cela modifie le taux d'estrogènes produits. Dans l'étude présentée, un lien plus fort a été observé pour les cancers du sein ayant des récepteurs positifs aux estrogènes, a précisé Pascal Guénel.


Le colloque Cancer et travail a été organisé pour restituer une partie des résultats de recherches menées avec le soutien de deux appels à projets communs lancés par l'Inca et l'ARC en 2006 et 2007 sur le thème cancer et travail, l'un portant sur l'exploration des répercussions de la maladie et de ses traitements sur les situations d'emploi et de travail des personnes atteintes de cancer et le second visant à mieux connaître les facteurs de risques professionnels des cancers et les conditions de leur reconnaissance sociale comme maladie d'origine professionnelle.

Il a aussi permis de confronter les points de vue de différents experts concernés sur la genèse des cancers professionnels, le travail avec ou après un cancer et les contributions du travail aux inégalités sociales face à un cancer.

Parmi les travaux présentés, on retient que l'analyse de l'exposition professionnelle à des solvants pétroliers de type benzène ou à des solvants chlorés n'a pas montré d'association. "Mais nous devons améliorer nos méthodes d'estimation des expositions", a commenté Pascal Guénel.

Par ailleurs, Pierre Lebailly du Centre François Baclesse de Caen, qui coordonne l'étude de cohorte Agrican sur le cancer chez les agriculteurs, a présenté une sous-mortalité par cancers liés au tabagisme dans les populations agricoles en raison d'un tabagisme moins important. En revanche, il est observé un léger excès pour les mélanomes cutanés, de même que pour les cancers du sein chez les hommes.
L'analyse des données se poursuit.


Source : infirmiers.com