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Jeûne du Ramadan : parution de recommandations pour la prise en charge des patients diabétiques

Publié le 04/10/2005

D'après les résultats de l'étude Epidiar (Epidemiology of Diabetes and Ramadan), menée auprès de 12.243 patients de 13 pays musulmans, environ 43% des patients diabétiques de type 1 et 79% des patients diabétiques de type 2 jeûnent pendant le mois du Ramadan, le neuvième mois du calendrier musulman. Au niveau mondial, cela représente 40 à 50 millions de diabétiques à jeun (ni nourriture, ni boisson, ni médicaments oraux, ni cigarettes) entre l'aube et le coucher du soleil, pendant un mois lunaire.

Le Coran exempte les malades du devoir de jeûne, surtout si le fait de jeûner peut avoir des conséquences néfastes sur la santé de l'individu, rappellent le Dr Monira Al-Arouj, du ministère de la Santé du Koweït et ses collaborateurs, qui ont constitué un comité d'experts formés d'endocrinologues et de diabétologues de pays musulmans et non musulmans.

Les patients diabétiques -et plus particulièrement les diabétiques de type 1 mal équilibrés, à haut risque de complications si la réponse à leurs besoins nutritifs est altérée- font partie de cette catégorie de patients visés par "cette exemption [qui"> représente plus qu'une simple permission de non-jeûne", insistent les auteurs.

"Cependant beaucoup de patients insistent pour jeûner durant le Ramadan, c'est pourquoi il est important que les professionnels de santé soient au courant des risques potentiels associés", poursuivent-ils. Refusant d'indiquer ou de contre-indiquer le jeûne -dans la mesure où il s'agit d'une question religieuse à laquelle les patients doivent répondre seuls-, les auteurs estiment cependant que patients et médecins doivent être informés des risques et des possibilités de prise en charge.

ATTENTION AUX HYPO- ET HYPER-GLYCÉMIES

Selon l'étude Epidiar, les diabétiques de type 1 et 2 ont ainsi respectivement 4,7 et 7,5 fois plus de risques d'hypoglycémie, et 3 et 5 fois plus de risque d'hyperglycémie sévère (nécessitant une hospitalisation) au cours du Ramadan.

Il existe également un risque plus élevé d'acidocétose chez les diabétiques (principalement de type 1) qui jeûnent pendant le Ramadan, surtout s'ils étaient hyperglycémiques avant le début de la période de jeûne. Ce risque est d'autant plus élevé que de nombreux patients diminuent leurs doses d'insuline en estimant que pendant le mois du Ramadan, leur prise alimentaire est réduite.

Autre risque auquel sont exposés les diabétiques pendant le Ramadan : la déshydratation. Celle-ci conduit à une hypovolémie et à une augmentation de la viscosité sanguine et donc à un risque d'hypotension orthostatique et de thrombose, en particulier chez les personnes âgées.

RECOMMANDATIONS SUR LA PRISE EN CHARGE

D'après les auteurs, le praticien doit dans un premier temps classer le patient selon son risque de complications et préparer le jeûne un ou deux mois à l'avance, par une éducation et un traitement adéquats, afin de stabiliser au mieux le diabète avant le Ramadan.

Les experts insistent sur la nécessité d'individualiser les soins et convaincre les patients de surveiller fréquemment leur glycémie (surtout en cas d'insulinothérapie) et de se nourrir de façon équilibrée, en évitant les nourritures grasses et sucrées.

Des sucres complexes sont conseillés pendant le dernier repas pris avant le lever du soleil tandis que des sucres simples sont plus appropriés pour le repas du soir. Dans tous les cas, il est conseillé d'augmenter les quantités d'eau ingérées avant et après le jeûne.

Quant à l'exercice physique, les auteurs estiment qu'un niveau normal doit être maintenu mais tout excès est à éviter, en particulier avant le coucher du soleil. Les prières Tarawih doivent être considérées comme faisant partie de l'exercice physique de la journée.

Enfin, "tous les patients devraient comprendre qu'ils doivent toujours et immédiatement rompre le jeûne en cas d'hypoglycémie, si leur glycémie passe sous les 0,7 g/l dans les premières heures de jeûne ou si leur glycémie excède les 3 g/l", soulignent les auteurs.

Pour le traitement à l'insuline, différentes options sont possibles, combinant des insulines d'action rapide, intermédiaire ou ultra-lente. Quant au traitement du diabète de type 2 par des antidiabétiques oraux, les auteurs recommandent d'utiliser avec précaution la classe des sulfonylurées pendant la période de jeûne, à cause de leur risque intrinsèque d'hypoglycémie.

Enfin, pour les femmes enceintes diabétiques ou atteintes d'un diabète gestationnel, les auteurs soulignent que le jeûne présente un haut risque pour la mère et l'enfant. Dans les cas où la mère choisirait néanmoins de jeûner, ils recommandent une prise en charge dans des services spécialisés, en insistant sur le besoin de préparer la période de jeûne et de surveiller la glycémie et le traitement au fur et à mesure de la progression du Ramadan./arg

(Diabetes Care, septembre 2005, vol. 28, n° 9, p. 2.305-2.311)


Source : infirmiers.com