SANTÉ PUBLIQUE

Seuls 42% des personnes souffrant d'addiction ont un jour consulté un professionnel de santé

Publié le 18/12/2024

Le déni et le tabou qui existent autour des questions d'addiction compliquent la prise en charge des personnes qui en souffrent, et ce malgré des progrès réalisés sur ce front, constate une enquête de l'association Addict’aide.

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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Les personnes souffrant d’addictions rencontrent encore trop de difficultés pour accéder aux soins et aux mesures de luttes contre la dépendance, conclut l’association Addict’aide dans les résultats de son enquête menée* à l’occasion de son dixième anniversaire. En cause : le déni des personnes qui en sont atteintes et le tabou qui pèse encore sur ces questions.

« L’addiction est perçue comme une maladie par trois quarts des Français et des professionnels de santé (85 % chez ceux qui pratiquent depuis moins de 10 ans) », et est associée à la souffrance par la majorité des répondants (68% au sein du grand public et 88% chez les praticiens). La souffrance psychologique (dont l’isolement, le sentiment de ne pas être compris, le manque d’estime de soi…) apparait d’ailleurs comme la première difficulté rencontrée par les personnes qui souffrent d’addiction, à hauteur de 43%. Pour une grande majorité des Français (93%), elle peut toucher n’importe qui, même si « certains sont plus exposés que d’autres (selon 91% des Français) », note l’association. Une souffrance et une maladie qu’il est difficile d’éradiquer, jugent aussi bien les praticiens que le grand public. Tabac, alcool et drogue sont spontanément associés aux addictions et, pour beaucoup, la nocivité d’un produit est proportionnelle à son potentiel addictif. Le tabac arrive d’ailleurs en tête comme l’addiction la plus répandue, à hauteur de 57%, devant l’alcool (23%).

Une problématique encore trop invisibilisée

Parallèlement, pour plus de la moitié des répondants, « les addictions sont mieux prises en charge que par le passé », observe l’association. Pour autant, la prise en charge est jugée insuffisante par une grande majorité, qui pointe le manque de prise en compte par l’État de cette problématique. S’y ajoute la difficulté pour ces personnes souffrant d’addiction d’admettre l’existence d’un tel problème, puis les obstacles pour trouver les bonnes structures ou les bons interlocuteurs médicaux. « La majorité des Français et des praticiens estiment difficile de parler d’un problème d’addiction à son entourage, particulièrement entre parents et enfants. » À l’arrivée, moins de la moitié des personnes déclarant avoir souffert d’une situation d’addiction déclarent avoir consulté un professionnel de santé : 42% ; 34% ont été suivi par un professionnel de santé et potentiellement reçu un traitement.

Pour améliorer la prise en charge, deux leviers principaux sont identifiés : augmenter le nombre de praticiens et de structures spécialisées, et simplifier l’accès au dépistage et aux traitements. « Il faut miser d’abord sur la prévention, et mettre en place une vraie politique publique pour toutes les addictions », commente le professeur Amine Benyamina, psychiatre addictologue et président d’Addict’aide, qui salue toutefois les progrès menés sur le front de la lutte contre le tabagisme grâce aux campagnes de sensibilisation.

Consulter les résultats de l'enquête

*Cette enquête a été réalisée en ligne du 29 octobre au 8 novembre, sur un échantillon de 3 010 personnes représentatif des Français de 16 ans et plus, et 213 professionnels de santé, dont 104 médecins généralistes, 54 addictologues et 55 psychiatres et psychologues.

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com