Alors que la psychiatrie est considérée comme « le parent pauvre » de la santé, les personnes en situation de précarité rencontrent, de fait, plus de difficultés d’accès aux soins. Selon la Fondation Abbé Pierre, 330 000 personnes seraient sans domicile fixe en France ; et selon une étude parisienne (étude Samenta) ; 30% d’entre elles souffriraient de troubles psychiques, explique ainsi la Haute autorité de santé (HAS). C'est pour répondre à cet enjeu que celle-ci publie ses recommandations de bonnes pratiques à destination des professionnels de santé. Il s’agit ainsi de « veiller à ce que les personnes en situation de grande précarité et présentant des troubles psychiques aient accès à un parcours de santé, d'insertion sociale et de vie citoyenne ».
« Les personnes concernées qui cumulent ces difficultés (vulnérabilités sociales et psychiques, problèmes somatiques, situations administratives complexes), rencontrent de multiples obstacles pour accéder aux soins et aux dispositifs sociaux et sont souvent stigmatisées », rappelle-t-elle. Pour combler les lacunes, la HAS insiste sur la nécessité de s’assurer du respect et de l’effectivité de l’ensemble des droits des personnes précaires (humains et sociaux), et de lutter contre les discriminations.
4 recommandations et 8 fiches outils
Elle préconise ainsi de :
- Repérer les vulnérabilités psychosociales et d’anticiper les difficultés, en intervenant par exemple pour éviter la perte d’un logement, identifiant notamment loyers impayés ou troubles du voisinage comme certains des signaux d’alerte à ne pas négliger.
- Combiner l’accès à un "chez-soi" (logement ou solution d’hébergement digne) et à un accompagnement clinique et social adapté. « L'accompagnement se met en place au moyen de contacts réguliers avec des professionnels et des acteurs pluridisciplinaires travaillant en coordination : secteur psychiatrique, services sociaux, professionnels de soins primaires, acteurs du logement, pairs-aidants », donne-t-elle en exemple.
- Développer la démarche de "l’aller-vers" en prenant le temps nécessaire à la rencontre. « C’est une posture professionnelle d’ouverture et d’accueil inconditionnel de la personne « là où elle en est » ». En psychiatrie, la HAS invite les services à nouer des partenariats avec les acteurs sociaux pour proposer des consultations psychiatriques avancées. En soins primaires, "l'aller-vers" peut se traduire par une adaptation des organisations des équipes (plages horaires pour des consultations sans rendez-vous, médiateurs en santé...), déroule-t-elle.
- S’inscrire dans une approche transdisciplinaire et coordonnée. Elle encourage ainsi les pouvoirs publics à soutenir « la mise en place de réponses globales et coordonnées en évaluant les besoins (sociaux et de santé) des personnes en situation de grande précarité ».
« La mise en œuvre effective de l'ensemble de ces recommandations suppose également que les professionnels disposent de moyens et d'un soutien à la hauteur des besoins de terrain, dans un contexte marqué par des tensions particulières sur les métiers du travail social et du soin », souligne-t-elle. Elle assortit par ailleurs ses recommandations de 8 fiches outils, dont 5 précisant les actions des différents intervenants : équipes de psychiatrie, équipes de soins primaires, services d’urgences et d’hospitalisation, équipes sociales, et administrations. Les 3 autres développent des situations particulières, soit hospitalisation en psychiatrie, prévention et interventions précoces, et recours aux pairs-aidants.
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