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Insuffisance cardiaque : l'éducation thérapeutique, un service indispensable pour soignants et soignés

Publié le 10/01/2006

L'éducation thérapeutique des insuffisants cardiaques représente un enjeu de taille pour les soignants et les soignés face au mauvais pronostic de la maladie qui se développe et risque d'aboutir à une véritable épidémie dans nos sociétés occidentales, a souligné mardi le Pr Jean-Noël Trochu (Institut du Thorax, Nantes), lors d'une conférence de presse organisée à Paris en préambule des XVIèmes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie*.

"L'insuffisance cardiaque représente un problème majeur de santé publique qui touche environ 2% de l'ensemble de la population dans nos pays, soit 14 millions d'européens. De fait, chaque individu a un risque sur 5 de développer la maladie durant sa vie et la prévalence de cette affection (nombre total de cas par an, ndlr) augmente rapidement avec l'âge. Compte tenu du vieillissement de la population, le nombre de personnes atteintes ne cesse d'augmenter", rappelle le spécialiste.

Or, ajoute-t-il, l'insuffisance cardiaque reste de mauvais pronostic : après une première hospitalisation, plus de 40% des malades décèdent dans l'année qui suit et environ 25% sont réhospitalisés durant ce délai.

"Dans plus de 50% des cas, explique le Pr Trochu à APM Santé, les causes les plus fréquentes de décompensation brutale de l'insuffisance cardiaque pourraient être prévenues car elles sont en rapport avec une mauvaise compliance vis-à-vis des traitements médicaux et/ou de la diététique. En outre, dans plus de 30% des cas, les symptômes sont reconnus depuis plus de 24 heures sans qu'aucune mesure thérapeutique ne soit engagée avant l'hospitalisation".

Toutefois, plusieurs études ont d'ores et déjà démontré que la prise en charge multidisciplinaire des insuffisants cardiaques, basée sur l’éducation thérapeutique et la coordination des soins, au cours desquels le médecin généraliste et l'infirmière libérale jouent un rôle capital, permet d'améliorer la qualité de vie des patients, de réduire les hospitalisations et réhospitalisations, avec un effet sensiblement équivalent à celui des IEC (inhibiteurs de l'enzyme de conversion, médicaments antihypertenseurs également prescrits dans l'insuffisance cardiaque, ndlr) sur la mortalité dans cette population de patients âgés.

ACQUÉRIR CERTAINES CAPACITÉS À MIEUX VIVRE AVEC LA MALADIE

De l'avis du Pr Trochu interrogé par APM Santé, l'objectif de l'éducation thérapeutique est de permettre au patient d'acquérir et de conserver des compétences les aidant à mieux vivre leur maladie. "Ceci exige un processus permanent, intégré dans une continuité des soins, et centré sur le malade. Il s'agit également de favoriser l'auto-prise en charge de l'insuffisance cardiaque par le patient et/ou son entourage".

Le fait de mieux comprendre la maladie offre la possibilité d'une meilleure adhésion du patient aux traitements et à la diététique qui lui sont imposés, estime le cardiologue. "Reste pour l'équipe éducative à préciser les conditions de vie du patient et d'analyser les représentations que lui et ses proches ont sur la maladie et sa prise en charge", informe-t-il.

LE PROJET ÉDUCATIF : DES OBJECTIFS SIMPLES DE CHANGEMENT

Le projet éducatif qui doit être personnalisé est élaboré avec le malade et comporte des objectifs simples de changements, estime le Pr Trochu tout en citant un certain nombre de mesures simples : surveillance régulière du poids, reconnaissance des symptômes et des signes d'alarme, gestion du régime appauvri en sel, activité physique régulière en suivant préférentiellement des séances de groupe, autoévaluation de la dyspnée, connaissance du traitement et gestion des situations inhabituelles, moment où il devient nécessaire d'appeler le médecin.

"L'éducation des insuffisants cardiaques doit être considérée à la fois comme une optimisation de la prise en charge des malades dans leur milieu de vie en favorisant également leur auto-prise en charge et comme un service rendu aux professionnels de santé qui prennent soin de ces patients. Une telle démarche s'inscrit dans la durée et doit impliquer une plus forte participation des paramédicaux", conclut le spécialiste./ajr

* du 18 au 21 janvier au Palais des Congrès de Paris


Source : infirmiers.com