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EHPAD

Infirmiers de nuit en EHPAD : un dispositif qui fait ses preuves mais peu répandu

Publié le 06/06/2024

Une étude menée par l’Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale démontre le bénéfice de la présence d'infirmiers de nuit en EHPAD, même si le dispositif reste difficile à généraliser.

EHPAD, soignants, couloir

Crédit photo : S.Toubon

La généralisation des dispositifs d’infirmiers de nuit en EHPAD fait partie des objectifs de la feuille de route Grand âge et autonomie depuis 2018. L’évaluation menée d’avril à décembre 2023 par l’Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (ANAP) pour le compte de la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) a permis d’identifier les modèles de continuité infirmière de nuit existant et d’analyser leur pertinence et leur efficacité, mais aussi d’explorer ceux, alternatifs, qui mériteraient d’être renforcés du fait de leur meilleure efficacité ou pertinence.

7,7% de passages en urgences potentiellement évités

L’enquête a surtout démontré de manière globale l’intérêt d’un tel dispositif lorsque l’infirmier est présent physiquement dans les établissements, comparé à un modèle d’astreinte. La présence d’infirmiers de nuit a ainsi contribué à réduire le nombre de passages des résidents aux urgences et à améliorer la qualité de la prise en charge des personnes, notamment grâce à une détection plus précoce des situations problématiques et à la réalisation des soins techniques programmés. Le dispositif pourrait ainsi permettre « d’éviter jusqu’à 7,7% des passages de personnes âgées » aux urgences, fait valoir l’ANAP, qui insiste également sur le « rôle de réassurance pour les équipes de nuit » de l’infirmier de nuit.

La mise en place des postes de nuit suppose par ailleurs une intégration plus répandue des soins programmés (63% des projets analysés dans le cadre de l’enquête contre 25% pour ceux qui reposent sur des astreintes), notamment dans l’accompagnement de la fin de vie à l’EHPAD ou la sécurisation des retours anticipés. A l’inverse, le modèle d’astreinte se heurte à des limites : faible attractivité de l’indemnisation et des tâches à effectuer, difficulté à maintenir l’intérêt des professionnels sur la durée ou de gestion des plannings, ou encore transferts plus fréquents des patients aux urgences. D’un point de vue purement financier, enfin, le coût du dispositif est estimé à 12 millions d’euros, soit l’équivalent de 100 000 passages aux urgences de personnes de plus de 75 ans.

La mesure en chiffres
- 360 projets lancés
- 20 millions d’euros dépensés sur les 44 millions budgétés
- 62 000 sollicitations d’infirmiers sur 1 777 EHPAD

Un dispositif difficile à généraliser

Pour autant, note l’ANAP, seuls 33% des 7 700 EHPAD bénéficient de cet appui des infirmiers de nuit. Et généraliser le dispositif ne serait « ni réaliste, ni raisonnable considérant le niveau de recours », qui s’établit à 1 à 2 sollicitations de l’infirmier par nuit. Car celui-ci est confronté à plusieurs freins : tensions fortes sur les effectifs et difficultés à recruter des infirmiers, « lourdeur de l’ingénierie de projet pour les établissements » ou encore complexité du montage financier. Aussi, afin de soutenir la dynamique d’accompagnement de nuit, l’ANAP propose-t-elle plusieurs outils et recommandations, à commencer par le renforcement de l’hospitalisation à domicile (HAD) pour assurer la continuité infirmière de nuit en EHPAD. Elle évalue ainsi le renfort à apporter à l’HAD à hauteur d’un équivalent temps plein (ETP) infirmier pour 7 à 10 EHPAD. Côté outil, elle met à disposition des Agences régionales de santé (ARS) et des gestionnaires un tableau d’aide à la décision pour comparer les 9 modèles existants de dispositifs infirmiers, une calculatrice pour que les établissements puissent dimensionner leur projet infirmier de nuit, un outil de design de poste pour « faciliter le recrutement des professionnels », et une liste de 10 indicateurs de suivi pour évaluer la mise en place du dispositif.

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com