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Infirmières bulgares: l'opération de prise en charge en France d'enfants libyens VIH+ a été menée à son terme

Publié le 01/02/2007

Depuis 1999, la Libye accuse six soignants, cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien, d'avoir sciemment contaminé 426 enfants et 20 mères soignés à l'hôpital Al-Fateh de Benghazi, où ils sont arrivés en mars 1998.

Soutenus par l'Union européenne, la Bulgarie et les Etats-Unis, les détenus, qui ont, dans un premier temps, probablement sous la torture, formulé des aveux, clament leur innocence alors que leur condamnation à mort a été confirmée en décembre 2006 au terme d'un deuxième procès.

Cette sentence a fait fi d'examens virologiques montrant que la contamination, probablement liée à de graves problèmes d'hygiène de l'hôpital, a eu lieu avant leur arrivée en Libye.

Afin de faciliter les négociations en vue d'une libération, des pays européens, dont la France et l'Italie, se sont engagés à prendre en charge plusieurs de ces enfants dans leurs hôpitaux. Les premiers d'entre eux sont arrivés en France début 2006, rappelle-t-on.

Contacté par l'APM, le chargé de mission à la direction de la politique médicale de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) Jean-François Sauvat a indiqué que les arrivées d'enfants libyens avaient eu lieu en deux temps, et selon des modalités différentes.

Un premier groupe de 29 patients a été soigné dans des hôpitaux parisiens en février et mars 2006, sur le budget du ministère des affaires étrangères.

La seconde vague, de "fin juillet à janvier [2007">", a non seulement impliqué des hôpitaux parisiens, mais également des hôpitaux de province, indique auprès de l'APM le ministère des affaires étrangères. Il y aurait cette fois eu "environ 150" patients, répartis entre Paris, Lyon, Toulouse, Strasbourg, Montpellier et Marseille, hôpital qui, avec 44 enfants, a pris en charge le plus grand nombre de personnes.

Il ne s'est pas agi que d'enfants, note-t-on. Jean-François Sauvat précise ainsi que l'AP-HP a également reçu de jeunes adolescents, voire de jeunes adultes, dont l'une des 20 mères infectées.

Contrairement à la première opération, la seconde a été financée par le gouvernement libyen.

L'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) a reçu une avance libyenne de 250.000 euros, une somme sur laquelle elle va rendre 210.000 euros car seuls 40.000 euros auraient été dépensés, précise auprès de l'APM le secrétaire général de l'AP-HM, Christian Rossi.

Les enfants étaient pour la plupart accompagnés d'au moins un parent, dont le logement en ville a été pris en charge par l'ambassade de Libye en France.

"UN GROS EFFORT" DES EQUIPES MEDICALES

"Les équipes médicales [de l'AP-HP"> ont fait un gros effort", considère Jean-François Sauvat, car "il a fallu caser cette patientèle dans un emploi du temps déjà très surchargé". Cinq établissements parisiens ont accueilli des enfants, à savoir les hôpitaux Armand-Trousseau, Cochin, Robert-Debré, Necker-Enfants malades et Saint-Antoine.

Leur venue a été l'occasion de contrôler le traitement déjà initié, afin de l'ajuster au mieux. Toutefois, "90% des enfants avaient déjà les bonnes trithérapies, les bons antirétroviraux" lors de leur arrivée, relate Jean-François Sauvat.

Même si, globalement, "cela s'est bien passé", "tous n'étaient pas en forme" en arrivant, malgré le traitement, indique le directeur général adjoint des Hospices civils de Lyon (HCL), Alain Collombet. Une jeune fille libyenne est ainsi décédée dans le service de réanimation, d'une pathologie qu'il n'a pas précisée.

Au-delà des questions thérapeutiques, l'opération avait parmi ses objectifs principaux de répondre à "la crise de confiance des familles vis-à-vis du système libyen" et "au besoin d'avoir des gens au-dessus de tout soupçon", en l'occurrence des médecins français, commente Jean-François Sauvat.

Selon d'autres sources, il s'agissait également d'éloigner les familles pendant la période du deuxième procès (mai-décembre 2006), afin de diminuer les pressions en faveur d'une condamnation à mort, qui a malgré tout été prononcée.

UN SUIVI A LONG TERME EN LIBYE

Aucune nouvelle arrivée n'est dorénavant plus prévue sur le sol français, la prise en charge à long terme pouvant être prodiguée en Libye, pays qui "a les molécules et des médecins capables", considère Christian Rossi, qui s'y est lui-même rendu.

Le pouvoir libyen a par ailleurs fait construire à Benghazi un centre pour ces enfants, indique le ministère des affaires étrangères, qui qualifie cet établissement de "coquille vide". "Les enfants n'y vont pas (...) Une fois qu'ils sont sous traitement, ils ont une vie normale et n'ont pas besoin d'être hospitalisés".

La Libye "a cru bien faire", estime Jean-François Sauvat, qui reconnait également avoir "de mauvais retours" sur ce centre qui, selon lui, pourrait entraîner une "stigmatisation" de ces enfants, désormais soignés à part.

L'affaire des infirmières bulgares a connu de nouveaux rebondissements depuis le début de la semaine, note-t-on. Le fils de Muammar Khadafi, Saif al-Islam Khadafi, qui dirige la fondation humanitaire qui porte leur nom, a affirmé samedi au quotidien bulgare "24 Chasa" que les soignants ne seraient pas exécutés et qu'une solution, qui satisferait aussi bien les six soignants que les familles libyennes, serait trouvée au cours de l'année.

La justice bulgare, qui a un nouveau ministre depuis la semaine dernière, a annoncé sa décision de juger par contumace 11 policiers libyens, soupçonnés d'avoir extorqué des aveux par la torture, a-t-on appris mercredi.


Source : infirmiers.com