Les récentes pénuries de paracétamol ou d’antibiotiques auront servi de leçon. En déplacement en Ardèche, mardi 13 juin, Emmanuel Macron a annoncé un plan pour relocaliser la production d’une cinquantaine de médicaments essentiels, « pour lesquels notre dépendance aux importations extra-européennes est avérée ». La France dépend en effet à hauteur de 60 à 80% des importations, notamment de la Chine, pour la production de médicaments dit "matures" (antibiotiques, produits d'anesthésie...). Et selon une étude BVA réalisée pour France Assos Santé et citée par l'Elysée, 37% des Français ont été confrontés à des pénuries en pharmacie.
25 de ces médicaments identifiés « verront leur production relocalisée ou augmentée significativement […] dans les semaines à venir », a précisé le chef de l’État. Huit nouveaux projets de relocalisation seront soutenus par l’État, pour un investissement total de plus de 160 millions d’euros, provenant du public et du privé. Des antibiotiques, des anticancéreux et des anesthésiques sont notamment concernés. Le laboratoire britannique GSK, à titre d’exemple, prévoit d’investir 22 millions d’euros pour augmenter ses capacités de production d’amoxicilline, un antibiotique régulièrement en rupture de stock, en Mayenne. Pour les autres médicaments, un guichet sera lancé « dans les tout prochains jours » afin de soutenir les futurs projets de relocalisation. Une « première enveloppe de 50 millions d’euros » leur sera dédiée.
A terme, 450 médicaments sont jugés prioritaires
À noter que ces 50 médicaments identifiés font partie d’une liste plus large de 450 produits jugés prioritaires sur lesquels il est nécessaire de « sécuriser nos chaînes sont en relocalisant totalement, soit en diversifiant et en continuant d’innover », a poursuivi Emmanuel Macron. Par la suite, François Braun, le ministre de la Santé, en a dévoilé la liste dans un entretien avec Le Parisien. Celui-ci a indiqué que, concernant trois molécules stratégiques d’urgence et de réanimation, « les industriels devront avoir quatre mois de stock. » Pour autant, « on va avoir encore des pénuries, des risques de rupture de stocks. Cela va encore être compliqué l'hiver prochain », a prévenu François Braun ce mercredi 14 juin au micro de RTL, au lendemain de ces annonces.
Un soutien financier, mais pas sans contrôle
Attention aux effets d'annonce, a depuis réagi le Sénat, qui rappelle dans un communiqué annonçant la mise en place d'une commission d'enquête sur le sujet que « le soutien financier de l’État ne peut pas se faire sans contrepartie ». En ligne de mire : les laboratoires, tels que Sanofi, qui tendent à supprimer des emplois.« Si les objectifs sanitaires sont prioritaires, l’engagement de moyens financiers nouveaux, qui s’ajoutent aux dispositifs de soutien déjà existants comme le crédit d’impôt recherche, ne peut se faire sans aucun contrôle », a-t-il poursuivi. François Braun, le ministre de la Santé, devrait être entendu jeudi 15 par la commission.
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