Après deux années de pause dues à la crise sanitaire, la Haute autorité de santé (HAS) publie les résultats* de son enquête sur les indicateurs de qualité des soins dans les établissements de santé.
Des patients satisfaits de la prise en charge
Point positif, note en premier lieu la HAS, la perception globale des patients de la qualité des soins reste très satisfaisante. 8 patients sur 10 estiment ainsi que leur prise en charge au sein des secteurs MCO (de plus de 48 heures) et SSR est « bonne » ou « excellente ». Un chiffre qui grimpe à 9 sur 10 en ambulatoire. Elle observe ainsi « une constance » voire « une amélioration » de la satisfaction des patients et de leur expérience au sein du système de santé. En MCO, notamment, le niveau de satisfaction sur la prise en charge paramédicale atteint 81,4%. Même satisfecit au niveau de l’évaluation et de la prise en charge de la douleur. En MCO, indique-t-elle, « plus de 9 établissements sur 10 atteignent désormais un niveau satisfaisant ». Et côté SSR, « 84% [qui ont eu des douleurs] sont très satisfaits de la façon dont elles ont été prises en charge. »
De façon générale, et malgré l’engagement de chacun, certains résultats n’augmentent pas suffisamment.
Un recul préoccupant de la qualité de la HAD
Pour autant, alerte la HAS, « de façon générale, et malgré l’engagement de chacun, certains résultats n’augmentent pas suffisamment, et pour certains se tassent depuis leur dernière mesure, effectuée pour la plupart d’entre eux il y a plus de deux ans. » En HAD, à titre d’exemple, plusieurs indicateurs de coordination de la prise en charge sont en recul par rapport à 2018 : traçabilité d’au moins une réunion pluriprofessionnelle par séjour (-5 points) ou de la participation d’un médecin coordonnateur à cette réunion (-1,5 point). La traçabilité des risques d’escarres, elle, perd 2,6 points par rapport à 2019, pour une moyenne nationale de 80% sur les 277 établissements inclus dans son calcul. L’évaluation de la douleur dans les SSR, même si elle reste à un niveau élevé et si 84% des établissements présentent un niveau satisfaisant, recule de son côté de 1,2 point.
Et puis, il y a ces indicateurs qui, s’ils présentent des moyennes hautes, ne répondent toutefois pas aux objectifs fixés. Comme dans le cas de la prévention des infections associées aux soins, enjeu majeur de santé publique. « Seuls 19 % des établissements atteignent un niveau satisfaisant pour l’indicateur "bonnes pratiques de précautions complémentaires contact" dans le secteur MCO, résultat principalement lié à un manque d’information des patients concernés », regrette ainsi la HAS. Et si la note liée à la transmission des lettres de liaison s’améliore, elle reste très en-deçà de ce qui est attendu. Ainsi, seuls 31% des établissements atteignent un niveau satisfaisant, toujours dans ce secteur du soin. En HAD, « près de 2 patients sur 10 ne bénéficient pas » à l’admission de l’évaluation du risque d’escarres, pourtant indispensable puisque leur prévention améliore la qualité de vie des patients, fragiles par ailleurs.
La psychiatrie, l’éternel parent pauvre
Mais c’est bien évidemment du côté de la psychiatrie que les données sont les moins satisfaisantes. Si aucun point de comparaison n’est disponible, force est de constater que les indicateurs demeurent loin des objectifs de qualité fixés. Seuls 16% des établissements remplissent ainsi les critères évaluant la qualité de la lettre de liaison, avec un score moyen de 44/100. « La lettre est remise au patient dans 55% des cas et la justification de l’absence de remise est tracée dans 7% des cas », constate, entre autres, la HAS. Elle pointe également une évaluation et une prise en charge de la douleur somatique insuffisantes. Moins de 20% des établissements ont atteint ou dépassé l’objectif de performance fixé à 80% pour l’évaluation cardio-vasculaire et métabolique chez les patients adultes, à titre d’exemple. Et ce pourcentage est à peine meilleur (27%) dans le repérage et l’aide à l’arrêt des addictions (tabac, cannabis et alcool).
Les résultats de cette campagne d’évaluation ont été publiés sur QualiScope, le service de la HAS d’information de référence sur le niveau de qualité des établissements de santé lancé en 2022. Ce moteur de recherche est à disposition de tout citoyen et de tout professionnel et permet de trouver un établissement en fonction de ses activités, sa localisation ou encore de son niveau de certification. Il s’appuie sur un panorama interactif et des outils de cartographie et de datavisualisation. Les données qui y sont publiées sont développées, mesurées et mises à jour par la HAS elle-même, et ont pour but de faciliter l’orientation au moment d’une hospitalisation. Les professionnels de santé, eux, peuvent plus spécifiquement situer les résultats de leur structure par rapport aux autres. 3 500 sites hospitaliers y sont référencés.
La crainte d’une possible dégradation de la qualité des soins
Ces résultats poussent l’autorité sanitaire à témoigner d’une certaine inquiétude. S’ils traduisent bien une volonté constante des professionnels de santé d’améliorer les prises en charges, il existe toutefois « des signaux faibles » de possible dégradation de la qualité et de sécurité des soins. Ils doivent être « pris en considération et surveillés », juge-t-elle, appelant les établissements à engager sur chaque secteur des actions d’amélioration. Un défi alors que le système de santé dans son ensemble est confronté à un ensemble de difficultés, dont une pénurie de personnel, et qui tendent certainement à aggraver ce sentiment de détérioration. Ce n’est pas la première fois que la HAS fait part de sa préoccupation sur le sujet. En mars 2022, rappelle-t-elle, elle s’alarmait déjà dans une lettre ouverte de la capacité du secteur à proposer des soins de qualité dans l’ensemble du territoire du fait des tensions qui pèsent sur lui. Elle y soulignait de plus les « éléments nécessaires [à son] maintien et à [son] amélioration ». « Les professionnels multiplient en effet depuis plusieurs mois les alertes sur leur incapacité à délivrer des soins de qualité, ce qui constitue pourtant le sens premier de leur métier et un levier majeur de leur accomplissement », ajoute-t-elle aujourd'hui.
Elle espère que ces nouveaux éléments permettront aux pouvoirs publics de bénéficier d’un suivi de la qualité des soins, de repérer les signaux d’alerte et d’y répondre. « La HAS souhaite engager une réflexion avec ses partenaires institutionnels, sur de nouveaux outils de mesure permettant notamment d’évaluer le niveau de l’accès aux soins sur le territoire et d’accompagner la prise de décision des décideurs publics », conclut-elle.
*Publiés à la fois sous forme de rapports nationaux et sur QualiScope.
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