Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

INFOS ET ACTUALITES

Effets indésirables des médicaments : comment prévenir le risque chez les personnes âgées ?

Publié le 27/11/2005

Toute prise d'un médicament s'accompagne d'un risque d'effet indésirable. Cependant les personnes âgées, souvent atteintes de plusieurs pathologies, consomment plus de médicaments que le reste de la population et sont plus exposées aux effets indésirables des médicaments (EIM). "Les EIM seraient ainsi deux fois plus fréquents après 65 ans", indiquent dans leur publication, le professeur Jean Doucet, du service de médecine gériatrique du CHU de Rouen et Patrice Queneau, professeur de thérapeutique au CHU de Saint-Etienne et membre de l'Académie de médecine.

"Le nombre de décès liés aux EIM dans la population générale serait 2 à 3 fois plus élevé que celui des décès liés aux accidents de la route, soit environ 30.000 personnes dont 20.000 personnes âgées de plus de 65 ans", a précisé à APM Santé Patrice Queneau. Néanmoins, ces chiffres se révèlent difficiles à évaluer car peu de données sont disponibles à ce sujet.

Les effets indésirables des médicaments (EIM) seraient responsables de 5 à 10% des hospitalisations des personnes âgées de plus de 65 ans, et de 10 à 20% des hospitalisations des plus de 85 ans. Leur importance risque d'augmenter avec le vieillissement de la population. "Or, beaucoup de ces accidents, environ deux-tiers, seraient évitables", a déclaré Patrice Queneau.

Les EIM se caractérisent par des symptômes très variés et difficilement repérables. "Les chutes, les troubles cognitifs, les troubles de vigilance ou de la mémoire chez une personne âgée peuvent résulter d'un malaise dû à un EIM", soulignent les spécialistes. Les médicaments en cause sont principalement les médicaments cardio-vasculaires, les psychotropes, les anticoagulants et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

"Toutefois la iatrogénèse médicamenteuse chez les personnes âgées peut être prévenue, au moins partiellement", expliquent les auteurs de l'article. Les modifications des comportements du malade, du médecin mais aussi la conduite d'études cliniques d'évaluation des médicaments chez les personnes âgées permettraient d'éviter une partie importante des EIM. "Les 83 essais thérapeutiques sur les AINS réalisés jusqu'en 1995, concernant 9.600 malades n'avaient inclus que 2,3% de plus de 65 ans et aucun de plus de 80 ans", rappellent les auteurs de l'article.

DÉPRESCRIRE LES TRAITEMENTS INJUSTIFIÉS

Les erreurs d'observance des traitements -prise régulière et conformément à la prescription- touchent 60% des personnes âgées et 45% d'entre elles ne connaissent pas l'utilité de leur médicament.

"La prise en charge de la personne âgée impose de hiérarchiser ses maladies en privilégiant le traitement de celles qui comportent un risque vital et celles qui altèrent sa qualité de vie. La dépression, l'anxiété, l'insomnie et l'agitation entraînent souvent des prescriptions de psychotropes injustifiées par leur durée ou leurs associations", indiquent Patrice Queneau et Jean Doucet.

"Ce qui est important pour les médecins est de prescrire uniquement les médicaments nécessaires, de ne pas hésiter à déprescrire un traitement s'il ne s'avère plus utile, de veiller au risque d'interactions médicamenteuses et de réaliser un suivi très attentif", ont conclu les auteurs.

Le mouvement Santé en action, qui regroupe les organisations professionnelles libérales et industrielles de la santé, a lancé sa 2ème campagne nationale de prévention de la iatrogénèse médicamenteuse chez les personnes âgées, à l'occasion d'une conférence de presse jeudi à Paris.

Les représentants de ce mouvement ont présenté un module de formation médicale continue (FMC) à destination des professionnels de la santé (médecins, infirmiers, pharmaciens, kinésithérapeutes) sur le thème de la prévention des effets indésirables des médicaments chez les personnes âgées. Santé en action envisage de former environ 2.000 médecins d'ici juin 2006 au cours de 200 réunions de formation sur tout le territoire.

Ils ont également présenté le lancement d'une campagne d'information du grand public diffusée sur France Inter, Du 17 au 30 novembre, grâce à quatre messages de sensibilisation au bon usage du médicament./sc


Source : infirmiers.com