C’est lundi 22 mai en début d’après-midi qu'ont été agressées Carène Mézino, infirmière de 37 ans, et une secrétaire médicale. L’agresseur, un homme de 59 ans, présente des antécédents psychiatriques et fait depuis plusieurs années l’objet « d’une mesure de curatelle renforcée », a indiqué le procureur de la République dans un communiqué. Rapidement interpellé après avoir tenté de prendre la fuite, il « semble avoir agi sans mobile apparent, d’autant qu’il n’avait pas de rendez-vous dans ce service de médecine et santé au travail. » Une enquête a été ouverte au commissariat de Reims ; les faits, d'abord qualifiés de « tentative d'assassinat » ont depuis été requalifiés en « assassinat ».
Une violence "intolérable"
Dans un contexte d’épuisement et de mal-être général des soignants confrontés à des conditions de travail dégradées, ce décès suscite une émotion d’autant plus vive. Au sein de la classe politique, les réactions ont été immédiates. « Je viens d'apprendre avec une immense tristesse le décès de Carène », a ainsi réagi François Braun, le ministre de la Santé, sur Twitter. Dès lundi soir, après une visite au CHU de Reims, il s’est engagé à réunir « avant la fin de la semaine un comité avec toutes les parties prenantes, les syndicats, les professionnels » pour « voir ce que l’on peut faire pour garantir encore plus de sécurité pour les soignants. » Même émotion affichée par son prédécesseur, Olivier Véran, qui a déclaré mardi matin sur France Inter : « ça fait partie des drames les plus intenses qui puissent toucher notre nation. On parle de quelqu'un qui dévoue sa vie à protéger, à sauver celle des autres et qui trouve la mort de manière violente. »
La Fédération hospitalière de France (FHF), elle, a souligné que cette agression s’inscrivait « dans un contexte plus général, marqué, ces dernières années, par plusieurs faits de violence physique ou verbale dans les hôpitaux publics. » « Malheureusement, les soignants sont de plus en plus visés par des actes de violence. 37 % des professionnels de santé disent en avoir été victimes l’an dernier. Cette violence en milieu de santé, comme à Reims, est absolument intolérable », a déploré de son côté Lamine Gharbi, le président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP).
C'est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons le décès de Carène MEZINO, Infirmière Diplômée d'Etat, au cours de la nuit et ce malgré les premiers secours effectués rapidement et les nombreuses heures de prise en charge au bloc opératoire et en réanimation. pic.twitter.com/J1YY8qA4V8
— CHU de Reims (@CHUdeReims) May 23, 2023
Des agressions en baisse mais toujours prégnantes
Si les incivilités sont fréquentes dans les hôpitaux, les agressions graves sur les personnels sont en réalité plutôt rares, les plus sévères s’observant plus fréquemment dans les établissements psychiatriques. L’Observatoire National des Violences en milieu de Santé (ONVS) notait ainsi dans son rapport 2022 une tendance à la baisse des violences contre les soignants sur 2020 et 2021. Pour autant, il recensait encore 19 328 signalements en 2021. A noter qu'une proposition de loi issue des députés de la droite entend fixer des peines planchers en cas d'agression contre certaines professions, dont les soignants.
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