C'est une lettre ouverte écrite par les étudiants en soins infirmiers mais aussi des professionnels en exercice qui a été adressée au Président de la République le 10 mai. Plusieurs organisations-signataires, la Fédération Nationale des Etudiants en Sciences Infirmières (FNESI), la fédération Nationale des Infirmiers (FNI), mais aussi le Sniil, syndicat des libéraux ou encore le Syndicat National Infirmier de Bloc Opératoire (SNIBO), y dénoncent la dégradation continue du système de santé et les réponses des pouvoirs publics qui ne sont pas à la hauteur.
"Conditions de travail dégradées, responsabilités majorées, reconnaissance évincée"
«Nous avons vécu une crise sanitaire où les soignants et les étudiants ont dû compenser, au quotidien, un système déjà défaillant, qui n’a fait qu’exacerber les problématiques existantes. Les mesures proposées ont été constamment en deçà des attentes de la profession. Le constat est sans appel, l'organisation actuelle du système de santé épuise jusqu'à faire fuir les professionnels et les potentiels soignants de demain. Conditions de travail dégradées, responsabilités majorées, reconnaissance évincée, archaïsme médico-administratif, l'attractivité et les potentialités sont tout simplement empêchées par un déficit global d'ambition pour notre discipline», s'insurgent les signataires. Rappelant le problème criant de l'accès aux soins, et la pénurie chronique de personnels, la lettre met en avant la nécessité de «reconnaître les compétences et de favoriser l'autonomie des infirmiers pour sécuriser la qualité et le parcours de santé au quotidien. En effet, une inadéquation persiste entre la responsabilité, les compétences infirmières et leur rémunération».
Pour les signataires, la réponse ne se trouve pas non plus dans une formation bradée des professionnels pour combler les manques. «L’accès aux professions et aux spécialités passe obligatoirement par une véritable formation structurée entre apport théorique et pratique», rappellent-ils. «La mise en place de moyens détournés ou de mesures temporaires comme voie d’accès n’est pas la solution pour fidéliser les professionnels. Il faut sortir de cette politique mortifère du “former plus, coûte que coûte" et investir massivement dans la qualité de vie au travail et dans la formation des professionnels de demain».
Journée noire
Ce vendredi 12 mai, à l'occasion de la Journée Internationale des Infirmières, des actions coup de poing seront organisées sur le territoire par les infirmiers, étudiants et professionnels en exercice, pour porter leurs revendications. «Les infirmiers de toutes filières et de tous secteurs ainsi que les étudiants infirmiers s’unissent aujourd'hui dans l’intérêt de leur profession et des patients. Trop longtemps, nous avons tenu à bout de bras un système qui s’effondre de jour en jour. Trop longtemps nos compétences ont été dévalorisées et non reconnues. Trop longtemps notre santé a été mise en danger», tranchent-ils.
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