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Cancer : crainte d'une pénurie de soignants

Publié le 06/10/2003

S'exprimant à l'occasion d'une table ronde sur la démographie médicale et paramédicale qui s'est tenue jeudi dans le cadre des 3èmes Assises nationales des centres régionaux de lutte contre le cancer, "on ne forme actuellement que 15 oncologues radiothérapeutes et 15 oncologues médicaux par an", alors qu'"en 2010, il faudrait en former entre 30 et 35".

"L'essentiel est d'anticiper les pénuries futures, sinon la situation risque de devenir ingérable".

Plusieurs propositions ont été détaillées dans le plan cancer : la formation initiale en cancérologie sera réformée afin de la rendre plus attractive et de former davantage de spécialistes compétents, la capacité d'encadrement des services formateurs en cancérologie sera accrue, une meilleure organisation de la formation médicale continue en cancérologie sera mise en place et la formation à la prise en charge du cancer sera également renforcée pour les professions paramédicales.

"Ces mesures sont nécessaires, toutefois elles se mettent en place lentement", indique à Reuters Santé, le Pr Pierre Bey. "Il faut rapidement initier plus d'étudiants et d'internes à la cancérologie, car quand ils se retrouvent dans cette branche, en général ils y restent".

A propos de la démographie médicale globale, le Pr Yvon Berland, doyen de la Faculté de médecine de Marseille et président de la mission sur la démographie des professions de santé, a tenu à préciser que "la densité des médecins est actuellement de 332 pour 100.000 habitants et quel que soit le numerus clausus appliqué dans les Facultés de médecine, cette densité tombera à 305 médecins pour 100.000 habitants en 2012".

Afin d'éviter la pénurie, il préconise notamment la mise en place de passerelles entre les métiers médicaux, une nécessaire adéquation entre la formation et la démographie, une augmentation du nombre d'étudiants en médecine par augmentation du numerus clausus, une redéfinition des métiers et une délégation de tâches aux infirmières.

PÉNURIE AVÉRÉE OU FUTURE DANS LES DOMAINES PARAMÉDICAUX

"Les Centres de lutte contre le cancer (CLCC), relativement épargnés jusqu'alors par le manque de personnel paramédical, n'échappent plus à ces difficultés ", souligne Roselyne Vasseur, directrice des soins infirmiers à l'Institut Curie à Paris.

En France la pénurie concerne plus particulièrement les infirmières et infirmières spécialisées, les aides-soignantes, les auxiliaires de puériculture et les manipulateurs de radiologie (radiodiagnostic, radiothérapie et médecine nucléaire).

Les chiffres officiels font état d'un déficit de 20.000 infirmières, et dans les hôpitaux 10 à 15% des postes sont vacants.

Roselyne Vasseur rappelle que, parmi les paramètres à l'origine de cette situation, se retrouvent notamment la fermeture d'instituts de formation, la baisse des quotas d'étudiants, la croissance de la demande de soins, le passage aux 35 heures, la montée du consumérisme médical et de la pression exercée par le malade et par ses proches, les alternatives à l'hospitalisation traditionnelle consommatrices de temps et le déficit d'image, de reconnaissance et de valorisation des professions paramédicales.

"Dans les CLCC, 1.291 soignants paramédicaux, soit 11% des effectifs, vont partir d'ici 5 ans et 27% d'ici 10 ans", prédit-elle.

Afin de rendre la fonction du personnel paramédical plus attractive et d'augmenter le recrutement, elle souhaite promouvoir et valoriser l'exercice paramédical en cancérologie en mettant l'accent sur l'intérêt d'exercer dans des structures à taille humaine et en entretenant des liens étroits avec les instituts de formation, ce dont ne bénéficient pas actuellement les CLCC.

Un autre point important est d'éviter le "burn out" inhérent à la charge mentale liée à la mortalité en cancérologie. Pour ce faire, les CLCC doivent "conduire un management par projet garantissant la reconnaissance et l'implication des professionnels concernés, favoriser le développement professionnel via une politique volontariste de formation initiale et continue, et préserver le sens, l'éthique et la dimension relationnelle malgré la pression générée par la technicité des traitements innovants".

Au plan national, elle ajoute qu'il faudrait promouvoir les professions de santé grâce à une campagne de communication grand public.

Par ailleurs il serait souhaitable d'élargir l'exercice paramédical, en développant le droit à la prescription, le transfert d'actes et le suivi des malades.

Afin de fidéliser les professionnels formés, elle préconise également la revalorisation des métiers paramédicaux à la valeur de leur niveau de responsabilité et de contrainte en augmentant par exemple les salaires et en améliorant les conditions matérielles.

"Les acteurs paramédicaux sont des collaborateurs compétents et indispensables sans le concours desquels l'innovation, la recherche et les thérapeutiques ne sauraient être opérantes dans la lutte contre le cancer", conclut-elle./cb


Source : infirmiers.com