À l’inverse de la tendance observée dans de nombreux pays occidentaux, « la mortalité infantile », soit le décès d’enfants dans leur première année, « augmente en France depuis 2012 », alerte la Société française de néonatologie (SFN), dans son état des lieux sur la qualité des soins dans les services de soins critiques en néonatologie. Depuis 2015, elle est même supérieure à la moyenne européenne, « avec un excès d’environ 1 200 décès chaque année ». « Cet excès de mortalité infantile est en grande partie due à un excès de mortalité néonatale : le premier mois de vie concentre 74% des décès (et la première semaine de vie 47,8 %) », observe-t-elle. Contre 65% en 2005. S’il est, au vu des données médicales existantes, impossible d’expliquer cette augmentation, plusieurs hypothèses sont toutefois avancées : la hausse de l’âge des mères, l’accroissement des grossesses multiples, les situations de précarité. Mais également « une dégradation du circuit de soins ».
Des effectifs très largement en-dessous des besoins
Le manque de lits et de personnel en service de réanimation néonatale est évidemment pointé du doigt : en moyenne, les fermetures de lits dans ces services représentaient 5% du total des fermetures en soins critiques en juin 2023. Parallèlement, « le recul des limites d’âge gestationnel pour la prise en charge de l’extrême prématurité, et le nombre croissant de grossesses poursuivies alors que le fœtus est atteint d’une malformation grave et incurable » (+200% en 10 ans d’après les données de l’Agence de la Biomédecine) entraînent une augmentation du nombre de nouveau-nés nécessitant des soins critiques. Le taux d’occupation des services oscille ainsi entre 91,3% et 93,8% ; en réanimation, il dépasse les 100% environ 20% du temps. « De plus, 23% des services déclarent refuser régulièrement des entrées critiques faute de place », selon une enquête menée par la SFN en février 2023. Or des taux d’occupation élevés sont associés à une augmentation du risque de morbidité sévère et de mortalité chez les grands prématurés.
Dans 80% des services, un infirmier sur trois a moins de deux ans d’expérience
Quant aux ressources humaines, elles font également défaut. Près de 75% des services témoignent de difficultés à assurer la permanence des soins, du fait du manque de personnel, avec des pédiatres contraints à 80% de travailler plus de 50 heures par semaine. Les effectifs infirmiers sont aussi jugés trop insuffisants par rapport à la charge en soin. Près de 80% des services dénombrent seulement un tiers d’infirmiers ayant au moins deux ans d’expérience, ce qui est pourtant considéré comme la durée nécessaire pour obtenir un niveau de compétences suffisant pour ce type de prise en charge. Et ce d’autant plus que, depuis 2009, pédiatrie et néonatologie ont disparu de la formation initiale des infirmiers. Autre problématique : l’inadéquation des décrets qui encadrent la pratique, devenus obsolètes par rapport aux nouveaux besoins de soins. Selon une enquête menée par la SFN pour évaluer l’adéquation entre charge en soins et effectifs infirmiers, ceux-ci, « recommandés par les décrets de 1998, étaient inadaptés à la charge en soins réelle dans 90% des cas. Le plus souvent, ils sous-estimaient les besoins. » Face à ces constats, la SFN appelle donc instamment à revoir l’organisation des soins critiques en néonatologie.
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