Celle-ci peut être saisie pour tout professionnel de ses établissements, qu’il ou elle en soit victime ou témoin. « Concrètement, lorsqu’un professionnel signale une situation, un entretien lui est systématiquement proposé garantissant écoute, impartialité et confidentialité », explique-t-elle. Si faisceau d’indices laissant supposer des faits graves il y a, une enquête interne est mise en place afin de recueillir des « éléments factuels » et analyser la situation, ajoute-t-elle. « À l’issue de ces enquêtes, la gouvernance des groupes hospitalo-universitaires (GHU) de l’AP-HP auquel appartient le professionnel mis en cause décide des mesures concrètes à apporter », en fonction de la gravité des faits : rappel à la règle, suspension, sanction disciplinaire, voire signalement au Procureur de la République…, liste-t-elle. « Dans certaines situations, des mesures de protection immédiates du signalant sont prises. » Quelle que soit l’issue du signalement, tous les professionnels qui se manifestent sont orientés vers des interlocuteurs compétents pour les soutenir et les accompagner.
Depuis le lancement du dispositif, 279 signalements auraient ainsi été traités, dont 5% concernant des situations à caractère sexuel et sexiste, selon l’AP-HP, qui admet qu’existe très probablement un phénomène de sous-déclaration dû à la crainte des victimes. Des campagnes de communication et de prévention sont donc régulièrement effectuées pour sensibiliser tous les personnels de ses structures. « La dernière campagne de prévention, engagée en novembre dernier, a ainsi donné lieu à une augmentation de 29 % du nombre de signalements effectués chaque mois », souligne-t-elle.
#MeToo à l'hôpital
Ce communiqué de l’AP-HP survient alors que la parole des victimes de violences sexistes et sexuelles dans le monde hospitalier se libère, après les accusations pour agression sexuelle lancées par plusieurs femmes contre le médecin urgentiste Patrick Pelloux. Médecins, infirmières, aides-soignantes ou encore membres du personnel administratif dénoncent des pratiques et des ambiances sexistes au sein des établissements, avec une multiplication des témoignages, notamment sur les réseaux sociaux. Le mouvement #MeToo semble avoir désormais touché le monde hospitalier. Selon le baromètre 2023 de l’association Donner des elles à la santé, 78% des femmes médecins ont déclaré avoir été victimes de comportements sexistes, et 30%, d’avoir subi des gestes inappropriés à connotation sexuelle ou des attouchements sans leur consentement. Un an plus tôt, en mai 2022, la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI) relevait dans son enquête sur la santé des ESI qu’un étudiant sur 6 déclarait avoir été victime de violences sexistes ou sexuelles lors de son stage.
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