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Témoignage - « Ça valait le coup d’être là-bas... »

Publié le 25/07/2013

Deux infirmiers et une sage-femme alsaciens ont exercé quelques mois en Syrie avec « Médecins sans frontières ». Ils ont témoigné du travail réalisé dans ce pays en guerre lors d’un « café expat » à Strasbourg. Merci à L’Alsace.fr pour le partage de ces témoignages chargés d’émotions.

Les deux infirmiers, Thomas Luthringer et Isabelle Misslin, et la sage-femme Claudine Bronner.

L’organisation non gouvernementale Médecins sans frontières (MSF) est présente en Syrie depuis juin 2012 pour soigner la population en proie à la guerre civile qui dure maintenant depuis plus de deux ans. Trois Alsaciens en sont revenus il y a quelques semaines.

Brûlés en raffinant du pétrole

Originaire de Thann, Thomas Luthringer est infirmier. Il a passé trois mois dans un des six hôpitaux de MSF en Syrie avec Isabelle Mislin, une autre infirmière qui réside à Kingersheim. J’avais un poste d’infirmier de bloc opératoire où je régulais l’activité. On était loin du front, à 60-70 km, et on ne recevait plus des combattants ou des blessés de guerre mais des gens qui souffraient de la dégradation de la vie quotidienne.

Ainsi, beaucoup de patients étaient des brûlés parce que les gens sont obligés de raffiner leur pétrole eux-mêmes et les accidents nombreux. Ces gens ont du mal à être traités ailleurs car cela demande des compétences et du matériel spécifique que nous avions, relate le jeune homme, dont c’était la troisième mission avec MSF. Chaque patient brûlé était un défi en soins, cela m’a touché et plu de faire ça, explique Thomas. Mais heureusement que les missions sont courtes car avec dix patients par jour, plus les gardes de nuit, au bout de trois mois, on n’est plus aussi efficace, c’est dur, il faut passer la main. Au-delà du soin des brûlures, l’hôpital, dans lequel travaillaient les deux infirmiers, comptait une équipe de psychologues et de kinésithérapeutes pour la rééducation.

« Le système de santé syrien s’est dégradé »

Quand vous voyez un gamin qui n’a plus ses rétractations, hurler lors de ses premières rééducations puis, petit à petit, réussir à ouvrir ses mains, on se dit que ça vaut le coup d’être là, constate Isabelle Mislin qui a, depuis 1991, effectué neuf missions avec MSF. Les pathologies chroniques sont également prises en compte par MSF. Le système de santé syrien s’étant dégradé, les enfants ne sont plus vaccinés, les personnes souffrant d’asthme ou d’hypertension n’ont plus de médicaments.

Mais la vie continue , souligne Claudine Bronner, sage-femme d’origine alsacienne, vétérante partie seize fois pour MSF, dont deux mois en Syrie. On avait beaucoup de prématurés car les femmes sont stressées mais il y a toujours des naissances.

Travailler en relative sécurité

La vie d’expatriés est également riche en rencontres : On est une équipe cosmopolite avec des Français, des Colombiens, beaucoup de Japonais , explique Thomas. On est plutôt bien installés, certains hôpitaux ont été créés dans des anciennes écoles délaissées puisque MSF est officiellement clandestine. Tout comme les autres ONG, elle n’a pas l’autorisation des autorités syriennes mais négocie sa présence. Nous sommes à l’abri avec MSF, nous travaillons en sécurité. Au quotidien, nos trajets se résument à hôpital-maison, on ne sort pas insiste Thomas. Moi, lorsque j’y étais, ça bombardait dans tous les sens. La sécurité, c’est aléatoire mais nous sommes évacués si ça chauffe, ajoute Claudine. Néanmoins, on arrive à travailler, ce sont surtout des combats aériens, pas des combats de rue.

Ces trois humanitaires repartiront ou non en Syrie : La Syrie n’est pas un pays sous-développé. Avant la guerre, les Syriens n’avaient pas besoin de nous , explique Claudine. Il existe de nombreuses personnes bien formées dans ce pays et le but est de passer la main, conclut Thomas.

Cet article a été publié le 17 juillet 2013 sur le site de L’Alsace.fr que nous remercions de cet échange

Fabienne DELAUNOY lalsace.fr


Source : infirmiers.com