ENQUÊTE 2024

Qualité des soins : en hausse mais pas assez en psychiatrie

Par
Publié le 23/12/2024

Dans son évaluation annuelle de la qualité et de la sécurité des soins en établissements, la Haute autorité de santé (HAS) souligne des progrès sur la plupart des indicateurs. Des améliorations sont toutefois toujours attendues en psychiatrie et sur la prévention des infections associées aux soins.

siège de la haute autorité de santé, logo, mur

Siège de la Haute Autorité de Santé (H.A.S.) à Saint-Denis.
Crédit photo : GARO/PHANIE

Depuis la publication des résultats de la dernière évaluation, en février dernier, où en sont la qualité et la sécurité des soins au sein des établissements ? Mercredi 18 décembre, la Haute autorité de santé (HAS) publiait les résultats de ses indicateurs qualité recueillis au cours de l’année écoulée sur Qualiscope*. Dans un contexte de difficultés d’accès aux soins, il est en effet « d’autant plus important pour les professionnels de faire le point sur leurs pratiques, leurs difficultés mais aussi leurs réussites », fait valoir le Professeur Lionel Collet, président de la HAS, en introduction de la présentation des chiffres. Si ceux-ci mettent en lumière une amélioration globale et constante des indicateurs, des progrès sont encore attendus sur certains d'entre eux. Soit une conclusion dans la même ligne que celle de l’année 2023, où elle signalait des points de vigilance.

Une satisfaction patient toujours en hausse

Cette année, comme tous les ans depuis la mise en place de l'évaluation en 2016, le niveau de satisfaction des patients continue d’augmenter sur trois des secteurs ciblés : 79,5 sur 100 en chirurgie ambulatoire (+0,6 points par rapport à 2023), 76,7 sur 100 en soins médicaux et de réadaptation (SMR, +1 point), et 74,8 sur 100 en médecine-chirurgie-obstétrique (MCO) de plus de 48h (+0,5 points). Dans le détail, la HAS souligne les très bons scores en MCO des prises en charge médicales et paramédicales ou encore de l’accueil, où la satisfaction dépasse une note de 70. En revanche, les résultats sur l’organisation de la sortie (65) et les chambres et les repas (68,4) se démarquent encore par une marge d’amélioration possible.

La chirurgie ambulatoire très bien notée et la HAD en progrès

En chirurgie ambulatoire, les indicateurs relatifs à l’hospitalisation (prise en charge médicale, accueil) et sa préparation présentent de très bons scores ; mais c’est moins le cas pour le post-opératoire. Notamment pour tout ce qui touche à la gestion de la douleur, qui demeure une cause de ré-hospitalisations précoces et d’angoisse lorsqu’elle est mal assurée. « Son anticipation par la prescription d’antalgiques avant l’admission représente un enjeu majeur en chirurgie ambulatoire. » Moins de 4 patients sur 10 avaient ainsi reçu une ordonnance d’antalgiques avant l’admission. Enfin, les établissements pèchent encore sur la rédaction de la lettre de liaison en sortie d’hospitalisation : si son indicateur gagne 7 points par rapport à l’année précédente, elle est correctement réalisée pour moins de 7 patients sur 10.

Enfin, côté hospitalisation à domicile (HAD), la tenue du dossier patient et la coordination de la prise en charge s’améliorent toutes les deux : à 89% (+3,5 points par rapport à 2021) et 78% (+8% par rapport à 2021), respectivement.

La mesure de 21 indicateurs
En 2024, la HAS a mesuré 21 indicateurs, dans les secteurs d’activité habituels : la médecine-chirurgie-obstétrique (MCO), dont la chirurgie ambulatoire, les soins médicaux et de réadaptation (SMR), l’hospitalisation à domicile (HAD) et la psychiatrie. Comme chaque année, elle s’est appuyée sur les données issues des questionnaires, patients et établissements, des dossiers patients, et du programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI, qui recueille les données pour l’ensemble des hospitalisations ayant lieu sur le territoire français afin de calculer le financement des établissements et fixer l’organisation des soins). Ainsi, 1,35 millions de patients ont répondu, dont 760 000 avaient été pris en charge en chirurgie ambulatoire, 530 000 en MCO de plus de 48h et 49 000 en SMR.

L’espérance de vie d’un patient souffrant de pathologie psychiatrique sévère est de 20 % inférieure à celle constatée en population générale

En psychiatrie, des indicateurs encore insuffisants

Reste la psychiatrie, comme les années précédentes, dont les différents indicateurs doivent encore être améliorés. « L’espérance de vie d’un patient souffrant de pathologie psychiatrique sévère est de 20 % inférieure à celle constatée en population générale », souligne ainsi la HAS. La première cause de surmortalité identifiée est le suicide, mais accidents et causes médicales sont également sur-représentés : maladies cardiovasculaires et respiratoires se distinguent ainsi par un taux de morbidité compris entre 30 et 60%. La HAS relève toutefois que les indicateurs qu’elle a imaginés pour évaluer la qualité de la prise en charge en psychiatrie tendent à s’améliorer :

  • L’évaluation cardiovasculaire et métabolique chez les patients adultes progresse de 9 points par rapport à 2021, et est réalisée chez 69% des patients.
  • L’évaluation gastro-intestinale, elle, est faite chez 46% des patients, soit +17,5 points.
  • Et le repérage et la proposition d’aide à l’arrêt des addictions sont « effectifs » chez 65% des patients, (soit +10,6 points).

La consommation de gel hydroalcoolique encore en baisse

La HAS s’est enfin penchée sur les mesures de protection et d’hygiène mises en place par les soignants. Et sur la prévention des infections associées aux soins, elle constate un recul sur l’utilisation des solutions hydroalcooliques, pour la deuxième année consécutive : leur consommation s’élève à 79%, soit -3 points par rapport à l’année précédente, où elle accusait déjà un recul de 11 points. Lors de la présentation de cet indicateur de qualité en 2023, l’Agence avait mis en avant le relâchement des mesures barrières mises en place durant la pandémie de Covid pour expliquer cette baisse. « Le pourcentage d’établissements atteignant un niveau satisfaisant (100 % de leur objectif personnalisé de consommation) régresse de 33 % en 2023 à 28 % en 2024. La baisse de cet indicateur depuis 2021 s’explique certainement par le relâchement des mesures à l’issue de la crise sanitaire », note-t-elle aujourd’hui.

Des progrès attendus sur la vaccination des professionnels de santé

Quant à la vaccination anti-grippale des soignants, indicateur intégré en 2022 dans le cadre de la stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance, les résultats sont encore moins bons : seuls 19% des établissements ont atteint ou dépassé un niveau intermédiaire (fixé par l’Organisation mondiale de la santé à 75% des professionnels de santé). Il faut donc promouvoir plus fortement la vaccination, via notamment des actions d’amélioration organisationnelles, encourage la HAS. Et de rappeler, à toutes fins utiles, ses propres recommandations sur les obligations vaccinales des professionnels.« De nouveaux indicateurs de qualité perçue par le patient seront mesurés en 2025 : l’expérience des patients hospitalisés à temps plein en psychiatrie adulte et l’expérience des patients, hospitalisés en MCO, sur l’hygiène des mains. D’autres indicateurs sont par ailleurs en cours d’élaboration : l’expérience des femmes en maternité et l’expérience des patients aux urgences », annonce enfin la HAS en conclusion.

Le point sur la certification des établissements
Côté certification des établissements, les résultats sont également globalement positifs, avec 70% des établissements publics et privés évalués dans le cadre de la démarche.
- 87% des établissements affichent de bons ou de très bons résultats.
- 23% obtiennent la mention « Haute qualité des soins ». CHU et centres de lutte contre le cancer sont les plus nombreux à l'obtenir.
- 13% ne répondent pas aux exigences de qualité des soins définies par le référentiel.
- et 9% sont certifiés sous conditions (à savoir, faire preuve d'une amélioration rapide dans les 6-12 mois).
- Les 4% des établissements non certifiés feront l’objet d’une visite entre 12 et 24 mois. « La HAS alerte les ARS de la décision de non certification de ces établissements afin qu’elles proposent des solutions d’accompagnement. » Nombre d'établissements situés en Outre-mer (à l'exception de la Réunion) et en Normandie affichent des résultats insuffisants, prévient-elle par ailleurs.

Accéder aux résultats de l'évaluation sur la qualité et la sécurité des soins

*Qualiscope est le service en ligne qui permet à tout un chacun de s’informer sur la qualité et la sécurité des soins dans tous les établissements de santé, publics comme privés.


Source : infirmiers.com