Lancé le 9 octobre dernier, le mouvement social qui secoue le CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ne semble pas devoir faiblir En cause, un projet de mise en place de nouveaux cycles de travail pour les professionnels non médicaux, soit les infirmiers et les aides-soignants notamment. Pour Christophe Cibert, représentant du syndicat CGT, il n'y a aucun doute, les membres de la direction «ne prennent pas en compte les besoins des soignants, ni des patients».
Le projet s'appuie sur une analyse des cycles de travail menée par la direction de l'établissement en 2023. Dans son communiqué de réponse à la mobilisation, la direction du CHU déclare que moins de 30% des cycles actuels seraient conformes aux réglementations en vigueur, rendant difficile le maintien de la qualité des soins «du lundi au vendredi, alors que sur cette période (hors service des urgences) l'activité est intense». Dans de nombreux services, les trames de travail mettraient même en péril la santé des professionnels : semaines excédant les soixante heures, non-respect des repos hebdomadaires, accumulation de dimanches travaillés… «Ce constat a conduit inévitablement à agir pour réduire, pour certains professionnels, les rythmes de travail élevés et pour évoluer vers une organisation plus collective du travail en équipe pour le patient.»
Inquiétudes autour du quota d'horaires des agents de nuit
Pour les syndicats, cette explication ne résout rien. «Ce communiqué ne reflète pas la réalité», s'insurge Christophe Cibert. Alors que la direction affirme que 90% des professionnels non médicaux (soit 4 258 agents) ont été associés au projet, pour le représentant CGT, il s'agit d'un non-sens. «Comment dire que 90% du personnel a été associé alors que plus de vingt services sont en grève et que d'autres songent à s'y mettre ?» Aujourd'hui, au vu du nombre de services en grève, la mobilisation concernerait «entre 600 et 800 agents». Dans un courrier adressé aux membres de la commission médicale d'établissement, la CGT pointe une conséquence éventuelle liée à cette réorganisation : le quota d'horaires des agents de nuit. Toutes les cinq semaines, ceux-ci seraient amenés à réaliser «90 heures en deux semaines». Un cumul qui entraînerait de l'épuisement professionnel et qui aurait des «conséquences sur la prise en charge des patients».
Pourtant, pour l'établissement, il s'agit de «favoriser l'équité entre les professionnels au sein d'un même service avec un cycle de travail partagé et des règles et principes communs». Pour Christophe Cibert, cette déclaration est incorrecte. «L'équité c'est répondre aux besoins de chacun, l'égalité c'est faire pareil pour tout le monde. La direction générale confond les deux. En quoi imposer les jours de réduction du temps de travail (RTT) est-il équitable», interroge-t-il. Une pétition a été lancée le 3 novembre dernier afin d'exprimer l'opposition du personnel au projet de la direction générale du CHU de Clermont-Ferrand. Les signataires - de l'ordre de 2 600 aujourd'hui - demandent que les rythmes de travail actuels soient maintenus. Contactée par Hospimedia, la direction du CHU de Clermont-Ferrand n'a pas souhaité s'exprimer au-delà de son communiqué.
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