Les femmes sont « davantage exposées à des risques invisibles et silencieux » au travail. C’est la conclusion que présente le rapport de la délégation aux droits des femmes du Sénat, rédigé par Laurence Rossignol (Parti socialiste), Laurence Cohen (Parti communiste), Annick Jacquemet (Union centriste), Marie-Pierre Richer (rattachée Les Républicains) et présenté le 28 juin dernier. « Usure physique et psychique, troubles musculo-squelettiques, cancers : les répercussions du travail sur la santé des femmes sont encore largement méconnues et minimisées », synthétise-t-il.
Des risques peu ou pas pris en compte
Fruit de 6 mois d’auditions et de déplacements sur le terrain, le document pointe notamment un manque et une sous-exploitation des données genrées, qui entraîne une invisibilisation des risques spécifiques auxquels les femmes sont confrontées. En découle des politiques de santé au travail définies sur le modèle de "l’homme moyen" : « Les politiques publiques de prévention et de réparation des risques professionnels ont d’abord été pensées pour des travailleurs masculins et les risques liés aux métiers masculins », relève-t-il.
Or les femmes sont « davantage affectées à des tâches dites plus fines mais qui, par leur répétition, leur rythme, ou les contraintes professionnelles dans lesquelles elles sont effectuées, peuvent être très usantes. » Sont ainsi professions du nettoyage et du soin (infirmières, aides-soignantes, aides à domicile…), ce dernier étant composé à 80% de femmes et qui induit des ports répétitifs de charges « dépassant la norme autorisée de 25 kg » ou des horaires atypiques et du travail de nuit – ce dernier augmentant de 26% les risques de cancer du sein. Autre problématique : celle des postes de travail et des équipements, y compris les équipements de protection individuelle (EPI), qui ne leur sont pas adaptés puisque « basés sur les références anthropométriques d’un « homme moyen » », alors même que les femmes sont exposées à des produits cancérogènes. S’ajoute enfin la non prise en compte de l’endométriose et des pathologies liées à la variation des cycles hormonaux, qui peuvent être incapacitantes.
Pour une approche genrée de la question
Conséquence, les femmes représentent 60% des personnes atteintes de troubles musculo-squelettiques (TMS) et sont trois fois plus l’objet de signalements de souffrance psychique.
Parmi les 23 recommandations soumises pour améliorer la santé des femmes au travail, les quatre sénatrices préconisent donc de « faire de l’approche genrée un axe stratégique du prochain plan de santé au travail » et de développer l’exploitation des données sexuées, défendant que « différencier n’est pas discriminer ». Le document met également l’accent sur les actions de prévention, recommandant l’adaptation des postes et équipements ou la définition d’un nombre minimum de soignants par patient dans le secteur du soin. Il plaide enfin pour une meilleure reconnaissance des cancers du sein et des ovaires comme maladies professionnelles, et pour l’ajout de l’endométriose dans la liste des affections de longue durée (ALD), sa prise en charge constituant un véritable « enjeu d’égalité professionnelle ».
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