A cinq jours du premier tour, Gabriel Attal, Premier ministre et représentant du camp présidentiel, Jordan Bardella, président du Rassemblement national, et Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise et représentant du Nouveau Front populaire ont débattu pendant deux heures sur TF1. Ils ont notamment abordé les questions de santé, à la toute fin de leurs échanges. Les principaux partis promettent de lutter contre les déserts médicaux, mais divergent sur les mesures à prendre pour permettre un meilleur accès aux soins. Tour d'horizon de leurs propositions en matière de santé.
Ensemble pour la République (majorité présidentielle)
Dans son projet publié le 20 juin 2024, la majorité présidentielle propose de :
- lutter contre les déserts médicaux «en doublant le nombre de médecins en formation chaque année grâce à la suppression du numerus clausus» et permettre «à chaque Français d’avoir dès cet été un médecin de garde à moins de 30 minutes du domicile»,
- simplifier «l’accès à la santé pour reconquérir 20 millions de rendez-vous médicaux par an» notamment en permettant aux pharmaciens, sages-femmes, infirmiers, opticiens et orthophonistes de réaliser une vingtaine d’actes médicaux du quotidien tels que la vaccination en pharmacie ou l’adaptation de la prescription de lunettes par les opticiens,
- créer une offre de mutuelle publique à 1 euro par jour et qui prendra la forme d’un élargissement de la complémentaire santé solidaire*,
- rembourser «le coût intégral des fauteuils roulants, électriques et manuels pour les personnes en situation de handicap moteur»,
- protéger la santé des femmes en développant «les consultations de prévention de la ménopause, de l’infertilité et la prise en charge de l’endométriose»,
- présenter «aux Français une facture informative à partir de 2025» qui «favorisera la transparence pour que chaque Français connaisse le coût des soins et contribuera à mieux repérer les cas de fraude».
Lors du débat, sur la question des déserts médicaux, Gabriel Attal a préconisé, à moyen terme, de « former plus de médecins ». A plus court terme, le premier ministre souhaite « libérer du temps médical pour les médecins » afin qu’ils accueillent davantage de patients. « Comment ? En déléguant un certain nombre d’actes, de tâches à d’autres professionnels de santé », a-t-il confirmé, rappelant avoir autorisé que les pharmaciens « puissent prescrire des antibiotiques, par exemple en cas d’angine ou de cystite ».
« J’avais annoncé également un sas, c’est-à-dire un médecin de garde à moins de trente minutes, qu’on peut appeler par téléphone. Pour tous les Français, on est à 80 % de territoire couvert, on sera à 100 % à la fin de l’été », a-t-il assuré par ailleurs.
Nouveau Front Populaire
Présenté le 14 juin 2024, le projet de l'alliance de gauche fixe plusieurs objectifs sur les questions de santé :
- réguler l’installation des médecins dans les déserts médicaux et exiger des permanences de soin dans les centres de santé,
- conditionner l’ouverture des cliniques privées à la participation à la permanence des soins et à la garantie d’un reste à charge zéro,
- engager un plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social (médecins, infirmiers, aides-soignants, personnels administratifs) et de revalorisation des métiers et des salaires,
- créer un pôle public du médicament avec renforcement des obligations de stocks,
- interdire tous les polluants éternels (PFAS) pour toutes les utilisations, notamment les ustensiles de cuisine,
- lancer un plan Grand âge en rénovant les EHPAD, en augmentant et en formant les professionnels du grand âge.
- garantir l'accès à l'Aide Médicale d'Etat
- augmenter le montant du Pass’Sport à 150 euros et étendre son utilisation au sport scolaire ; développer des maisons sport-santé et rembourser le sport sur ordonnance.
Lors du débat, Manuel Bompard a insisté sur la nécessité de « faire en sorte que tous les services publics essentiels soient à moins de trente minutes de son lieu de vie ». Ce dernier a également appelé à « réguler l’installation des médecins», sans précision sur la manière de les contraindre et à «sauver notre système d’urgence qui est dans une très grande situation de fragilité ». Le député des Bouches-du-Rhône sortant souhaite par ailleurs « revaloriser » le salaire des infirmières et mettre un terme à la suppression des lits dans les hôpitaux. « L’hôpital en France est à bout de souffle, donc il faut un plan d’urgence », a-t-il plaidé.
Retrouvez ici le programme complet.
Rassemblement National
- réduire le poids des services administratifs dans les hôpitaux et transférer une partie des emplois vers les services opérationnels (plafond de 10% de postes administratifs)
- supprimer les Agences Régionales de Santé (ARS)
- augmenter le nombre d'étudiants en médecine (fin du numerus apertus)
- lancer un plan d'autonomie stratégique pour les médicaments et mettre en place, à l'horizon 2026, la vente de médicaments à l'unité pour lutter contre les pénuries et le gaspillage.
- renforcer le soutien aux proches-aidants
- donner plus de place à la prévention, notamment grâce aux visites médicales scolaires qui redeviendront systématiques
- reconnaître l'endométriose comme affection longue durée,
- remplacer l'Aide Médicale d'Etat pour les étrangers en situation irrégulière par une Aide d'Urgence Vitale.
Lors du débat, Jordan Bardella a réaffirmé son souhait de supprimer l’aide médicale d’Etat (AME), couverture maladie destinée aux étrangers sans papiers (dont bénéficiaient près de 466 000 personnes fin 2023). Le candidat RN a dénoncé le fait que l’AME donne accès à la gratuité de « toute la palette de soins ».
En réalité, exception faite des mineurs, dont les frais médicaux restent pris en charge à 100 %, certaines prestations sont exclues du dispositif AME, c’est-à-dire qu’elles ne font l’objet d’aucune prise en charge :
- Acte technique, examen, médicament et produit nécessaires à la réalisation d'une aide médicale à la procréation
- Médicament à service médical rendu faible remboursé à 15 %
- Cure thermale
Enfin, les personnes éligibles à l'AME doivent résider en France depuis plus de trois mois, ne pas disposer de titre de séjour depuis plus de trois mois et doivent percevoir des ressources ne dépassant pas certains plafonds.
Retrouvez ici le programme complet.
Les Républicains
Le Conseil d'Etat a rejeté mardi 25 juin la demande de LR de participer au débat télévisé sur TF1. Le juge des référés du Conseil d'Etat a rejeté la requête du parti de droite, demeuré hostile à l'alliance passée par son président Eric Ciotti avec le RN, qui estimait «hautement préjudiciable» son absence à ce débat télévisé, et n'avait pas obtenu gain de cause auprès de l'Arcom vendredi dernier.
Malgré l’alliance de leur président Éric Ciotti avec le Rassemblement national, la majorité des élus Les Républicains ont choisi de défendre une ligne et un programme indépendants dans la campagne des législatives.
Pour l'heure, aucun programme n'a encore été publié mais le groupe LR avait présenté des mesures « électrochocs » pour « sauver » l'offre de soins au travers d'un projet de loi en septembre dernier. Des propositions toujours valables. Ils réclament, entre autres :
- le doublement du nombre de médecins à travers des mesures incitatives et une meilleure valorisation des métiers paramédicaux (sages-femmes, kinés, infirmiers…) / Favoriser l’installation de médecins dans les déserts médicaux.
- des mesures financées par la lutte contre la fraude sociale, les prescriptions indues ou l'inefficience de certains traitements pourtant remboursés.
- restreindre l'Aide Médicale d'Etat à une aide d'urgence.
*La Complémentaire santé solidaire est une aide pour payer les dépenses de santé en cas de ressources modestes. Selon les ressources du bénéficiaire, elle ne coûte rien ou coûte moins d’un euro par jour et par personne. Le droit à la Complémentaire santé solidaire dépend de la situation du particulier et de ses ressources.
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