« Aujourd’hui dans notre pays, la prise en charge de la population repose essentiellement sur le dévouement et l’investissement des personnels. Alors que notre système de santé figurait parmi les meilleurs du monde, nous sommes désormais contraints de plus en plus souvent à faire le tri des patient.es faute de place. Des milliers de personnes ou malades subissent des pertes de chance préjudiciables pour leur santé car ils ne bénéficient pas toujours de soins adéquats en raison d’un déficit de prise en charge. » C’est par ces constats que s’ouvre le communiqué commun des organisations syndicales CGT, FO, UNSA et SUD, qui appellent l'ensemble des citoyens (soignants, personnel administratif mais aussi usagers, patients...) à débuter à partir du mardi 29 octobre une grève nationale et une mobilisation dans les établissements. Le calendrier, estiment-elles, le justifie : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025 (PLFSS 2025), déposé lundi 14 octobre pour examen à l’Assemblée nationale, est jugé bien insuffisant par l’ensemble des acteurs de la santé au regard de leurs besoins. Elles réclament un « plan d’envergure et pérenne pour l’hôpital public », et plus largement pour l’ensemble du secteur sanitaire, social et médico-social.
Un appel à augmenter le financement de l'hôpital
Parmi les revendications affichées, la priorité est de résorber le déficit, estimé à 2 milliards d’euros, de l’hôpital public et d’augmenter les financements alloués aux établissements pour 2025. Une demande qu’ont déjà formulé plusieurs fédérations en santé. Actuellement, le PLFSS 2025 prévoit des dépenses de sécurité sociale de 662 milliards, soit une progression contenue de 2,8%, après une hausse de 5,3% en 2024, et un objectif national de dépenses de l’Assurance maladie (ONDAM) de 264 milliards d’euros (+2,8% par rapport à 2024). Insuffisant, ont de fait réagi plusieurs acteurs du secteur, dont la Fédération hospitalière de France (FHF), qui alertait dans un communiqué publié le 8 octobre en amont de la présentation du PLFSS qu’un tel ONDAM « fragiliserait des spécialités médicales comme la cardiologie, la neurologie, la rhumatologie et la médecine digestive, qui sont les plus touchées par un sous-recours en matière de soin et un sous-financement » et mettrait en danger les capacités de financement des hôpitaux, déjà mises à mal. De son côté, le Conseil de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) indiquait le 17 octobre qu'il rejetait le PLFSS 2025 pour ces mêmes raisons. « Un Ondam fixé à 2,8% pour 2025 semble nettement insuffisant pour répondre aux besoins de santé des assurés sociaux et faire face à l'inflation », taclait-il dans son avis, observant que, chaque année, l'ONDAM est systématiquement « sous-évalué ».
Les quatre organisations syndicales réclament une augmentation de l’ONDAM « à minima 6 à 10% » et la fin du système de tarification à l’acte (T2A). Celle-ci faisait partie des promesses affichées par Emmanuel Macron lors de ses vœux aux soignants en janvier 2023.Ces moyens financiers supplémentaires sont indispensables pour sécuriser l’activité des professionnels de santé. « Il y a urgence à former et embaucher des personnels qualifiés pour augmenter les effectifs afin de pourvoir répondre à la demande et à l’offre de soins, d’accompagnement social nécessaire et permettre l’amélioration des conditions de travail des salarié.es », mais aussi à repenser l’organisation de l’hôpital en collaboration avec les acteurs présents sur le terrain, martèlent les syndicats. Aussi indiquent-ils vouloir multiplier les actions à partir du 29 octobre dans les prochaines semaines, soit tout au long des discussions parlementaires autour du PLFSS.
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