Une partie des infirmières, aides-soignants, brancardiers et agents d’accueil sont en grève depuis jeudi 2 janvier pour dénoncer les graves dysfonctionnements du service des urgences adultes de l'hôpital Villeneuve-Saint-Georges, situé dans le Val-de-Marne (94). «L'hôpital souffre d'un sous-effectif que ce soit en IDE, AS et agent d'accueil depuis environ un an», explique un membre du syndicat Sud Santé de l'établissement. Depuis plusieurs mois, l’attente se rallonge pour que les malades parviennent à voir l’infirmière d’accueil et d’orientation (IAO), les sapeurs-pompiers patientent régulièrement une, voire deux heures juste pour que les patients soient pris en charge, les brancards manquent face à l’afflux de malades etc. Une situation dégradée de façon chronique que sont venues aggraver les épidémies hivernales. «Vingt-huit patients des urgences ont passé toute la nuit sur un brancard dans la nuit de mercredi à jeudi», confie le syndicaliste, «des patients qui nécessitaient des soins et qui ont été pris en charge en mode dégradé, un mode qui s'est généralisé pendant le Covid et qui est aujourd'hui devenu la norme». Les personnels sont à bout : «aujourd'hui ont a des infirmiers, des aides-soignants qui quittent leurs services en pleurs en fin de journée parce qu'ils ont l'impression de ne pas avoir pu travailler correctement, de n'avoir pas signé pour ça», tranche le syndicaliste. « Cette situation dure depuis plus d'un an et s'accompagne de beaucoup de souffrance pour le personnel. Aujourd'hui, on a un ras-le-bol général parce que les réponses données par la direction ne sont pas à la hauteur ».
Renforcer les équipes en infirmiers, aides-soignants et agent d'accueil
Les équipes demandent des renforts dans toutes les catégories de personnel, infirmiers, aides-soignants, agents d'accueil ainsi que les brancardiers. «Concrètement, il a été demandé de rajouter systématiquement une IDE et une AS de jour comme de nuit, ainsi qu'un agent d'accueil de jour et de nuit sur des effectifs de 8 IDE, 5 AS et 2 agents d'accueil en journée. Pour la nuit, les effectifs théoriques sont de 4/5 IDE, 3 AS et 1 agent d'accueil, théoriques car les arrêts maladies dus aux conditions de travail intenables font que les effectifs sont rarement atteints». Lors de pics d'activité ou de situations extrêmement dégradées, il est arrivé que la direction fasse appel à des renforts dans les autres services, raconte encore notre interlocuteur, «mais on ne s'improvise pas infirmier aux urgences, donc ça peut dépanner de façon ponctuelle mais cette solution ne fonctionne pas sur le long terme. Par ailleurs, cette réponse implique de déshabiller d'autres services, ce qui n'est pas non plus possible, à long terme», souligne-t-il. Les équipes ont également demandé, en cas de situation critique, de pouvoir faire une demande de délestage, afin d'envoyer les patients vers d'autres établissements.
La direction avance des renforts ciblés...
Contactée par la rédaction, la Direction du CHIV assure s’être montrée «attentive aux revendications de ses personnels», détaillant plusieurs mesures dans un communiqué transmis le 3 janvier : «la présence d’une Infirmière Diplômée d’Etat (IDE) de nuit supplémentaire a été validée tous les dimanches soirs, et systématiquement pour répondre aux besoins de renforts ponctuels des équipes soignantes en cas de risque de saturation des urgences. En complément, pour anticiper une situation de tension durant les vacances scolaires (manque de médecins de ville, diminution des lits d’aval sur le territoire et épidémie grippale), la Direction a décidé de renforcer les équipes soignantes de jour et de nuit du jeudi 19 décembre au lundi 13 janvier inclus. Ainsi, 70% des demandes de missions postées ont été pourvues au 30 décembre 2024, soit un renfort de 29 missions IDE», assure-t-elle.
«A noter également, la reconduction du Dispositif d’accueil de décharges des urgences (ADU), mis en place depuis 2022 sur les périodes de vacances scolaires : il permet l’orientation des patients qui ne sont pas en urgence vitale vers une consultation auprès d’un médecin généraliste présent sur place à l’hôpital». La direction avance encore, pour la régulation des flux aux urgences, «la présence d'un gestionnaire de lits (ou « bed manager ») depuis 2022, en complément de l’action de l’Infirmière d’accueil et d’orientation (IAO) présente aux Urgences». Enfin, à plus long terme, l’établissement fait savoir qu'il «a répondu à un appel à projet de l’Agence Régionale de Santé d’Ile-de-France afin d’obtenir le financement d’un poste de Coordonnateur des parcours patients (fiche de poste publiée, profil Infirmière de coordination, recrutement en cours) afin de mieux appréhender la gestion des lits au sein de l’hôpital, de faciliter les hospitalisations dans les services, les sorties et les retours à domicile en fonction de la situation, et ainsi libérer des places et des lits aux urgences pour les patients en attente de prise en charge».
Face à l'augmentation de l'activité et devant les mesures prises par la direction, les agents se sentent méprisés et ont l'impression d'avoir été roulés dans la farine.
... mais le personnel demande des postes immédiats et pérennes
Des mesures utiles, qui arrivent pourtant très tard, et qui restent insuffisantes répond le membre du syndicat Sud Santé de l'hôpital. «Cette réponse arrive alors que les gens sont épuisés d'avoir beaucoup donné, d'être beaucoup revenus travailler, à cause d'arrêts maladie à répétition. Il y a pourtant eu des coups de semonce de la part des agents : y a quelques semaines, sur les 5 infirmières de nuit, 4 se sont mises en arrêt maladie, après une nuit terrible. On a donc toujours l'impression que la direction répond dans l'urgence à des situations devenues invivables». Pour l'heure, le syndicaliste regrette «que les postes annoncés ne soient pas pérennes : face à l'augmentation de l'activité et devant les mesures prises par la direction, les agents se sentent méprisés et ont l'impression d'avoir été roulés dans la farine. Peut-être va-t-il falloir frapper plus fort à la porte de l'Agence Régionale de Santé et demander une enveloppe d'urgence».
Suite au préavis de grève déposé le 26 décembre 2024, la Direction du CHIV a ouvert des négociations mardi 31 décembre 2024, en présence des organisations syndicales et des représentants du personnel. A-t-elle finalement pris la mesure de l'urgence ? «Dans ce cadre, un renfort permanent d’une aide-soignante de jour et d’une infirmière de nuit, pour application immédiate et de manière pérenne en période hivernale, a été proposé», note-t-elle.
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