RENCONTRE

Perrine Boursin, nouvelle présidente de l'ANFIPA : "Dialoguer, faire connaître les IPA, donner confiance"

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Publié le 09/02/2024

A cinq ans de l'officialisation de l'exercice IPA dans le Code de Santé Publique, Perrine Boursin, la nouvelle présidente de l'Association Nationale Française des Infirmier.e.s en Pratique Avancée (ANFIPA) regarde dans le rétroviseur et se projette sur les dossiers prioritaires. 

Le nouveau rapport de l'IGAS formule 20 recommandations pour l'inscription en pratique avancée des spécialités infirmières.

 L'exercice IPA s'inscrit maintenant depuis près de 5 ans dans notre système de santé. Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru ?

Quand on regarde dans le rétroviseur, l'officialisation de l'exercice IPA dans le Code de Santé Publique en 2018 et les premiers diplômés en 2019, c'est hier. Et il s'est déjà passé beaucoup de choses en 5 ans, on peut tous en être fiers ! Ma présidence débute à un moment très intéressant, elle s’inscrit dans la continuité de tout ce qui a déjà été fait au sein de l’Association par les nombreux IPA et étudiants IPA engagés dans ce bénévolat associatif, et avec nos nombreux partenaires (associatifs, institutionnels, autorités, académiques, scientifiques, industriels, nationaux et internationaux). 5 ans, c'est aussi une date clé pour réaliser un premier bilan très concret, issu des nombreuses expériences d’implantation de la pratique avancée infirmière dans notre système de santé.

Perrine Boursin
Perrine Boursin, nouvelle présidente de l'Anfipa 

Quels sont les principaux chantiers auxquels vous allez vous atteler ?

L'un des chantiers essentiels pour un nouveau métier comme le nôtre est celui de la communication : informer, expliquer, échanger, dialoguer autour de la valeur ajoutée qu’est la pratique avancée infirmière dans les parcours de santé pluriprofessionnels de nos concitoyens. Ces premières années ont été surtout consacrées à communiquer avec notre écosystème le plus proche, nous devons continuer à élargir cette communication : la population générale ne sait pas vraiment ce que c'est qu'une IPA, et c'est de notre rôle de nous faire connaître. Dans nos priorités, il y a aussi toujours le dialogue au sein de notre écosystème le plus proche, notamment avec les sociétés savantes et avec les autorités : en participant activement aux échanges pour construire la pratique avancée, on lève certains freins, on trouve des compromis, et on dessine l’Avenir. La pratique avancée infirmière étant un nouveau métier, il faut aussi pouvoir la décliner dans le quotidien de chacun, très concrètement. En cela, l'Association a aussi un rôle-ressource, en fournissant des outils, en livrant des réflexions autour du métier, en permettant les communautés de pairs. Enfin, en 2024, et en synthèse de ces 5 ans, l’ANFIPA, c’est un logo qui évolue, et un site internet tout neuf !   

La loi Rist du 19 mai 2023 permet désormais aux patients d'accéder directement, à l'hôpital ou en ville, sans passer par un médecin, aux infirmiers en pratique avancée (IPA). Que pensez-vous de cette avancée ? 

La question de l'accès direct aux IPA se joue désormais au niveau de sa mise en application. L'accès direct est forcément corrélé à d’autres éléments révolutionnaires, notamment la primo-prescription et l'introduction possible de nouveaux traitements médicamenteux par les IPA... Toute la question sous-jacente est de définir les types d'organisation, de filières dans lesquelles vont s'inscrire les IPA. On innove dans l'organisation des soins coordonnés, donc cela implique de mener des réflexions pour que cette organisation soit la plus fluide possible dans le nouveau système de santé.  

Qu'attendez-vous aujourd'hui, concrètement ? 

On attend tous avec impatience que les choses avancent. Concrètement, on attend la publication des textes qui permettent d'introduire les nouveaux traitements que les IPA seront autorisés à prescrire en primo-prescription : des textes qu'on espère les plus pragmatiques et les mieux adaptés à notre pratique quotidienne. Sur cette question, c'est aussi à nous de rassurer, de montrer qu'on est responsables, qu'on peut nous faire confiance. Et cela vient aussi, bien entendu, questionner notre formation.  

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Quels grands enjeux pour la profession infirmière en 2024 ?

Perrine Boursin : une carrière très riche, tournée vers le patient 

Infirmière depuis 2003, Perrine Boursin a 42 ans. Elle a fait ses études à Lille, obtenu une licence en Sciences de l'Education et exercé en néonatalogie quelques mois avant de partir travailler à l'étranger. Burkina Faso, Liban, Canada... Une période qu’elle juge fondatrice. « Ces expériences m'ont offert, jeune infirmière, l'opportunité de vivre dans des pays très différents, avec des niveaux de développement économique extrêmes, et des systèmes de santé très variés. » A 25 ans, elle commence à travailler à Paris, aux Urgences et au SMUR de l’Hôtel-Dieu (Ap-Hp).

En 2010, elle passe le master1 de Sciences Cliniques Infirmières, qui lui ouvre « des perspectives fantastiques tant dans le quotidien de sa clinique soignante que pour les horizons de la profession infirmière et une future pratique avancée : on pouvait intégrer une démarche plus transversale qui permette d'approfondir, d'améliorer les soins... avec la formation, la recherche... », explique-t-elle.

Depuis fin 2012, elle exerce en neurologie vasculaire et en neuroradiologie interventionnelle, auprès des victimes d’AVC et leurs proches, de l’urgence absolue des premières heures au parcours post-AVC. En plus des soins, son travail consiste en de nombreuses missions transversales pour faciliter les meilleurs soins possibles d'aujourd'hui et de demain, grâce à la démarche qualité, la formation, la recherche clinique… 

Depuis 2016, elle est aussi détachée de l'AP-HP à l'hôpital Fondation Rothschild (Paris), où elle coordonne un centre de recherche et de formation sur les AVC au sein des services cliniques avec le Pr M. Mazighi. « En 2018, c'est le début de la pratique avancée infirmière. Avec le M1 de Sciences Cliniques Infirmières, j'ai intégré directement la 2e année et j'ai été diplômée IPA en 2021. » En parallèle de ses activités quotidiennes, elle fait partie de nombreux groupes de travail locaux, régionaux ou nationaux notamment avec les sociétés savantes (SFNV, SFMU), elle fait aussi partie de l'équipe pédagogique de la mention IPA Urgences de Sorbonne Université. 

En synthèse, ce sont un parcours et un exercice professionnels «très riches avec toujours le même objectif : le patient et ses proches, et des fils rouges depuis 20 ans, des fils conducteurs tout au long de mon parcours personnel : la collaboration interprofessionnelle, respectueuse, inventive, constructive... et le raisonnement clinique infirmier, avec un profil de plus en plus scientifique», s'enthousiasme-t-elle.

A l'ANFIPA, elle est membre du Conseil d'administration depuis 2021. Ancienne trésorière, elle a été élue présidente en décembre dernier, à la suite du mandat de Ludivine Videloup. 

 

IPA

Source : infirmiers.com