AU COEUR DU METIER

Universitarisation, pratique avancée : où sont les spécialités infirmières ?

Publié le 22/03/2018

Les trois spécialités de la profession infirmière - IADE, IBODE et IPDE - demandent "à faire partie des groupes de travail mis en place dans le cadre du comité de suivi de l'universitarisation" suite au rendu, le 14 mars dernier, du rapport de Stéphane Le Bouler "Mission Universitarisation des formations paramédicales et de maïeutique".

Sur la question récurrente de la réingénierie des formations des spécialités infirmières, c'est comme dans la chanson : "un pas en avant, deux pas en arrière", selon les signataires d'un communiqué commun.

Les infirmiers anesthésistes (IADE) , les infirmiers de bloc opératoire (IBODE) et les infirmiers puériculteurs (IPDE) , s'interrogent de ne pas avoir été invités à faire partie des groupes de travail mis en place dans le cadre du comité de suivi de l'universitarisation . C'est dans un communiqué commun* que les trois spécialités de la profession infirmière regrettent de ne pas avoir été associées aux débats sur l'avenir de leur exercice. Quel est l'avenir des infirmiers de bloc opératoire, des infirmiers anesthésistes et des infirmières puéricultrices ? Auront-ils une place et un rôle au regard de la pratique avancée ? Comment va s'orchestrer leur intégration à l'université ? Les associations professionnelles et les représentants des écoles déplorent un manque de vision pour les trois spécialités. Une vision que le Ministère des Solidarités et de la Santé semble ne pas vouloir considérer depuis plusieurs années déjà. En effet, de réunions en réunions, de rapports en rapports, les questions portées par les spécialités restent sans réponses, déplorent-elles.

Les trois spécialités rappellent qu'un gros travail avait été accompli il y a un an vers la réingénierie des formations IBODE et IPDE, avec le rapport réalisé par l'IGAS et l'IGAENR finalisé au mois de juin 2017 qui préconisait en recommandation n°18 de réingénier les deux dernières spécialités infirmières (puéricultrices et IBODE) en 2 ans (comme les IADE ) et les reconnaître au grade de master. Elles ne cachent pas leur déception alors même que le dernier rapport rendu sur la question (confié à Stéphane Le Bouler en septembre 2017), reste flou sur le sujet : en ce qui concerne les spécialités infirmières et les formations de cadres, il convient d'évaluer globalement le modèle de formation (en école professionnelle, avec des durées d'exercices préalables - disparates - ou pas, avec accès par concours), de stimuler les initiatives territoriales concourant à une pleine intégration universitaire et de conduire de façon prioritaire un travail sur les fonctions d'encadrement et l'organisation des écoles de cadres. Les spécialités ne peuvent s'empêcher d'y voir un recul, faisant appel à la chanson : un pas en avant, deux pas en arrière

Chacune des spécialités de la profession infirmière offre une réponse aux problématiques de santé publique. Ces réponses et solutions ont déjà été exprimées et paraissent pour autant éloignées du futur décret sur la pratique avancée.

Le point sur les attentes de chaque spécialité

L'IPDE, déjà formée à prendre en soin et à accompagner les enfants et leur famille, avec un transfert encadré de l'analyse et des conclusions cliniques du médecin, peut en poste avancé apporter une réponse à leurs besoins et contribuer à la résolution de la problématique des déserts médicaux. Au sein des services hospitaliers, son expertise appuyée par un élargissement de ses compétences peut favoriser le travail en collaboration avec l'équipe médicale. La réingénierie actuelle doit s'accompagner d'une réflexion sur l'évolution des pratiques professionnelles pour mobiliser les nouvelles compétences acquises en formation.

L'IBODE dans le cadre d'une équipe de soins en établissement de santé, peut seconder les médecins opérateurs en pratiquant certains actes mais également des actes d'évaluation et de conclusion cliniques et paracliniques ou encore des prescriptions d'examens complémentaires et des renouvellements ou adapter des prescriptions médicales. Elles garantissent une plus-value en pré et post opératoire.

Après la réforme des études IADE en 2012, après la reconnaissance en 2014 du grade master du diplôme , après la réforme du décret de mission mettant en avant le raisonnement clinique de l'IADE et qu'il pratique l'anesthésie en autonomie (2017), il est à déplorer de ne pas voir poindre la reconnaissance de la pratique avancée IADE pourtant déjà effective et reconnue par la communauté médicale en anesthésie. Les IADE répondent aux exigences indispensables pour travailler dans une autonomie professionnelle caractérisée par une garantie de la qualité et de la sécurité des soins. De plus, la formation prépare ces futurs professionnels à se profiler comme professionnels intermédiaires dans la prise en charge pluri-professionnelle du parcours du patient en particulier dans la prise en charge ambulatoire interventionnelle, ainsi que la prise en charge de l'analgésie à domicile et lors des transports interhospitaliers.

Il s'agit à travers cette vision de la pratique avancée , d'orchestrer une collaboration efficiente entre le médecin et l'infirmier, rappellent, conjointement, les spécialités de la profession infirmière, soulignant que seconder le corps médical dans certains actes permettrait de libérer du temps médical et opératoire. Les trois spécialités demandent donc à ce que la réflexion sur les nouveaux métiers prenne en compte l'ensemble des professionnels concernés, afin notamment de mettre en œuvre une réflexion globale sur le futur de l'exercice professionnel des spécialités infirmières.

* Signataires du communiqué de presse : ANPDE, CEEPAME, SNIA, UNEBODE, AEEIBO, SNIBO, SNIPUERLIB, CEEIADE.

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com