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A voir – Quand le théâtre rencontre la réa…

Publié le 18/07/2014
scène théâtre lits patients soignants

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scène théâtre hôpital patients

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En mai 2013, l’hôpital Saint-Joseph, à Paris, accueillait la troupe de théâtre de Simone Rist pour une pièce très « hospitalière »… Le cadre : l’hôpital et l’univers mystérieux et fermé que peut être parfois la réanimation. Aujourd'hui, c'est le festival "off" d'Avignon qui accueille les représentations et ce, jusqu'au 27 juillet 2014 !

Montrer ce que les patients vivent durant leur état d’inconscience...

Une ambiance feutrée, une scène lumineuse... La salle de théâtre de l’hôpital Saint-Joseph, à Paris, fait ce soir-là le plein. Le décor est là, fidèle à la réalité d’un service de réanimation : deux lits, des draps, des oreillers, un pied à perfusion, un scope… L’ambiance sonore est également au rendez-vous : bruits de passage dans les couloirs, alarmes de respirateurs... Pas de doute, nous sommes bien « en réa », ou plutôt nous regardons une scène qui se passe en réa...

La pièce « A la vie, à la Mort » est actuellement jouée dans le cadre du Festival d'Avignon "Off" au Théâtre du Rempart, tous les jours à 22h10 et ce jusqu'au 27 juillet...

Retour sur la génèse d’un projet...

Simone Rist, auteure et metteur en scène, a passé un an à observer les services de réanimation de deux grands hôpitaux parisiens. Elle a constaté l’engagement des équipes de soin, la maîtrise des moyens techniques, la volonté de tous de gagner le combat contre la mort qui rôde sans cesse. Très impressionnée par les patients sédatés, intubés, ventilés, elle a questionné les infirmières et les médecins à leur sujet. A quelques exceptions près, de l’avis général, ils ne sentent rien, n’entendent rien et, de toute façon, en sortant ils ne se souviennent de rien... Simone Rist qui a également passé de longs moments auprès des patients, est persuadée du contraire : ils ressentent intensément ce qu’ils vivent. Elle a donc décidé de faire de cette idée l’objet et le thème de sa pièce « A la vie, à la Mort ».

Un regard, perçant, critique et plein d’humour, posé sur ce monde fermé et peu connu qu’est la réanimation. Que se passe-t-il ?

A l’affût des émotions, des souffrances, des peurs...

« A la Vie, à la Mort » porte un regard critique sur les us et coutumes, sur les clichés que véhicule la réanimation - le réanimateur  jusque-boutiste, les soignants qui viennent « techniquer » le patient sans communication… - mais aussi un regard humoristique avec notamment le personnage de la faucheuse (magnifiquement interprétée au passage) et le cynisme qui l’accompagne.

L’histoire raconte donc le destin de deux patients admis en réanimation médicale, plongés dans le coma artificiel et donc intubés et ventilés. Leurs familles sont à leur chevet, impuissantes et tourmentées face à leurs corps que toute conscience semble avoir quittés. Une mise en scène ingénieuse l’illustre : le corps des patients est symbolisé par une grande poupée dans le lit et leur esprit par le jeu des comédiens sur scène qui exprime les ressentis, les émotions, les états d’âme (souffrance, peurs, espoirs…). Il s’agit-là du cœur de la pièce : montrer que personne ne voit ces patients, que personne ne les écoute ni leur parle…

Deux patients sont mis en scène : Monsieur Hache (H), un vieux monsieur paraplégique qui souffre de complications post-opératoire, et Mademoiselle Effe (E), une jeune femme atteinte d’un pathologie dont on ne connaîtra pas tout de suite le nom. Plongés dans un coma artificiel, ils ne sentent rien, ne réagissent pas, n’entendent pas, ne parlent pas. Les familles, très présentes, veulent « tout savoir » de leur état. Les personnages de H et E se mêlent aux conversations du personnel soignant, des médecins et de leur famille… C’est bien là que réside tout l’intérêt de la pièce... mais n’en disons pas plus...

Ébranler le regard du soignant...

Nous sommes pour la plupart très sensibles à tout ce qui se passe au-delà du soin, à tous ces « petits rien du soin » qui en constituent la substantifique moelle. En mettant en lumière les états d’âme des patients hospitalisés et « techniqués » de très nombreuses fois dans la journée comme c’est le cas en réanimation, l’auteur nourrit notre réflexion. Le sujet de soin devient acteur du soin et nous spectateur de cet échange. Comment, par exemple, une aspiration trachéale, si banale pour le soignant, est vécue de façon très douloureuse par Monsieur H qui se demande si elle est bien nécessaire de façon aussi récurrente... Les questions éthiques sont évidemment abordées et notamment le maintien en vie des patients. « Vos bons soins n’ont pu sauvegarder mes lendemains » dira l’un d’eux... Riche de sens, non ?

La pièce « A la vie, à la Mort » est actuellement jouée dans le cadre du Festival d'Avignon "Off" au Théâtre du Rempart, tous les jours à 22h10 et ce jusqu'au 27 juillet... Si vous êtes dans la région, soyeux curieux  et hésitez pas à y assister et en faire ensuite la promotion auprès de toutes structures susceptibles de l’accueillir... Les étudiants en formation paramédicale en tireraient également sans aucun doute de nombreux enseignements... Alors parlez-en !

Regarder un extrait de la pièce

Audrey DEMEILLEZRédactrice Infirmiers.com


Source : infirmiers.com